L’Assemblée nationale continue de vibrer au rythme du marathon budgétaire pour l’année 2026. Hier, le ministre Serigne Guèye Diop, qui est en charge de l’industrie et du commerce, a écouté plus d’une cinquantaine de députés plaider quasiment la même chose : le développement et la multiplication des zones industrielles pour booster le développement du Sénégal, mais aussi régler l’épineux problème du chômage des jeunes et la situation des marchands ambulants.
La plénière de la première heure d’hier était axée essentiellement sur des plaidoyers des députés, majorité comme opposition. Le ministre de l’Industrie et du Commerce, dont tout le monde a été unanime sur ses performances, a été invité par les parlementaires à réveiller son génie qui lui a permis de transformer Sandiara en tant que maire seulement.
Maguette Sène a démarré son intervention par des félicitations à l’endroit du Président Macky Sall pour la création de la Zone industrielle de Diamniadio. «De 1960 à l’arrivée du Président Macky Sall au pouvoir, le Sénégal ne comptait que la Sodida comme zone industrielle. Par une politique volontariste, la Zone de Diamniadio a été créée avec des centaines d’usines qui fonctionnent», déclare le député-maire de Malicounda.
M. Sène fait noter cependant que si l’on compare les coûts et les résultats de la Zone industrielle de Diamniadio et celle de Sandiara créée par l’actuel ministre du Commerce Serigne Guèye Diop, on se rend compte que la zone industrielle municipale de Sandiara est de loin la plus intéressante et beaucoup plus productive. «Si vous voulez une politique industrielle performante, il faut dupliquer le modèle de Sandiara partout au Sénégal», conseille-t-il avant de s’attaquer à la question de la réduction des prix.
Cheikh Oumar Bamba Diop attire l’attention du ministre du Commerce sur la concurrence déloyale des Chinois et Indiens face aux commerçants sénégalais. «Il faut assainir le secteur du commerce si l’on veut supporter nos champions nationaux. Il faut poser des actes pour la préférence nationale en corsant la douane ou les taxes pour les étrangers qui apportent leurs produit sur le marché sénégalais», affirme-t-il.
M. Diop évoque ensuite la situation des marchands ambulants et des recycleurs : «ces derniers ont joué un rôle très important dans la marche de Pastef vers la révolution», déclare le député.
Seynabou Yacine Sarr pense pareil. «La jeunesse doit être soutenue et protégée par le régime Pastef, parce qu’elle s’est dressée devant tous les dangers pour protéger notre leader Ousmane Sonko et le projet, jusqu’à ce que nous arrivions au pouvoir», rappelle-t-elle.
Thérèse Faye Diouf s’est intéressée au prix arrêté pour la vente de l’arachide. «Avant, on organisait un conseil interministériel présidé par le Premier ministre avec la présence des acteurs, avant de décider du prix de vente de l’arachide ; mais cette année, le ministre s’est levé un bon jour pour fixer le prix de vente à 305 F», fustige-t-elle.
Adama Diallo déplore le manque de coordination pour les points de stockage et la vente de l’arachide. «Les points de collecte ne sont pas fonctionnels et les paysans bradent leurs arachides dans les marchés hebdomadaires à vil prix», assure M. Diallo.
Insa Danfa fait la même remarque. «Le prix de l’arachide est certes fixé à 305 F, mais les acteurs sont en train de vendre à 250 F et 225 F dans les marchés hebdomadaires, parce qu’ils ne savent pas à qui vendre à 305 F. Pourquoi on ne peut pas encadrer la vente d’arachide pour faire respecter le prix fixé ?», demande-t-il.
Tahirou Sarr : «les étrangers nous font une concurrence déloyale et mettent en danger la vie des Sénégalais»
Papa Tahirou Sarr invite le ministre du Commerce à être plus regardant par rapport aux activités commerciales des étrangers. «Ils créent des boulangeries, des usines d’eau de fortune et beaucoup d’autres activités qui ne respectent aucune norme d’hygiène. Non seulement ils nous font une concurrence déloyale, mais ils mettent en danger la vie des Sénégalais que nous sommes», fulmine le député nationaliste.
Marième Mbacké, elle, plaide pour les femmes. «Cela fait 10 ans que j’exporte 22 produits made in Sénégal labellisés en Europe qui se vendent dans les supermarchés, je sais donc de quoi je parle. Appuyez les femmes avec les moyens qu’il leur faut pour développer le secteur», dit-elle tout en abondant dans le même sens que Tahirou Sarr. Marième Mbacké pense que l’Etat doit faire preuve de protectionnisme pour préserver nos filières et nos champions nationaux.
Anta Babacar Ngom : «l’Etat étrangle son propre secteur privé»
Selon Anta Babacar Ngom, aucune économie au monde ne s’est développée sans un secteur privé national respecté, impliqué et soutenu. « (…) des champions nationaux existent déjà et certains depuis plus de 50 ans», dit-elle, avant d’ajouter : «ces champions anciens, comme nouveaux, n’attendent qu’une seule chose : qu’on les respecte, qu’on les écoute et qu’on les considère comme des alliés stratégiques et non comme un supplétif qu’on consulte tard, qu’on paie tard et qu’on écoute très rarement».
A l’en croire, la dette intérieure strangule les entreprises : plus de 300 milliards d’arriérés rien que dans le Btp, «toutes les entreprises souffrent d’impôts et de taxes indigestes. On note une asphyxie historique pour la presse. L’Etat étrangle son propre secteur privé».
Nd. Kh. D. F












