Autrefois symbole de rigueur sous Aliou Cissé, la Tanière des Lions du Sénégal est aujourd’hui méconnaissable. Les règles strictes imposées aux visiteurs et journalistes – rendez-vous obligatoires, zones délimitées, contrôle permanent – semblent appartenir au passé. Aujourd’hui, allées et venues sont incontrôlées, et des personnes étrangères au groupe circulent librement, semant le désordre.
La Tanière des Lions du Sénégal, jadis forteresse de discipline sous Aliou Cissé, est aujourd’hui en totale débandade. Ce qui était un sanctuaire organisé – zones strictes, visiteurs contrôlés, rendez-vous obligatoires – ressemble désormais à un hall de gare : allées et venues anarchiques, intrus qui circulent librement, journalistes et influenceurs qui filment et publient à tout-va.
Après la rencontre face au Brésil, Pape Thiaw a évoqué un hôtel éloigné du stade et les embouteillages comme excuse. Pourtant, moins de deux heures avant le coup d’envoi, des influenceurs étaient déjà présents, tournant des vidéos et sollicitant autographes et photos auprès des joueurs et du staff. Le relâchement est total et ne concerne pas seulement les joueurs, mais des tiers circulant sans aucune restriction.
Sécurité défaillante autour des Lions
Le problème n’est pas nouveau. En mars dernier, à l’annexe du Stade Abdoulaye Wade de Diamniadio, les Lions avaient déjà été assaillis par caméramen, photographes et influenceurs lors d’une séance ouverte au public. Des supporters avaient même suivi des joueurs jusqu’à leur véhicule, avec un seul agent de sécurité pour encadrer Cheikh Niasse et Lamine Camara. Malgré ses efforts, l’agent était dépassé par la situation. Les faits ont été dénoncées par le journal « Les Echos » à l’époque suscitant une remobilisation mais de très courte durée.
À Londres, toute la semaine, seuls deux gardes rapprochés ont été aperçus pour assurer la sécurité des Lions. Une vigilance qui laisse clairement à désirer.
Les réseaux sociaux, piège pour la concentration : le faux ami
Les joueurs sénégalais multiplient les lives, vidéos et interactions avec les influenceurs. Si certains bizutages ou démonstrations d’ambiance peuvent se comprendre, d’autres abusent, y compris à deux jours et la veille du match. Certains restent connectés jusque tard dans la nuit pour des parties en ligne ou concours virtuels, montrant un manque de concentration et de respect pour la Tanière. Résultat : concentration en berne et image de la Tanière ternie.
Il est temps de bunkeriser la Tanière
Si la Fédération n’intervient pas rapidement, Pape Thiaw devra reprendre les choses en main pour restaurer discipline et sécurité les jours de match. Le relâchement actuel met en danger les joueurs et fragilise l’image de l’équipe nationale. La Tanière doit retrouver sa rigueur d’antan : contrôle strict des visiteurs, zones sécurisées et discipline sans compromis. La Tanière doit redevenir ce qu’elle était : un lieu sûr, strict, discipliné. Contrôle des visiteurs, zones sécurisées, règles respectées. Laisser le chaos s’installer, c’est mettre en danger les joueurs et l’image de l’équipe nationale. Il est temps d’agir, avant qu’il ne soit trop tard.
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SENEGAL–BRESIL
Des statistiques flatteuses, mais une maîtrise qui a échappé aux Lions
Sur le papier, tout laisse penser que le Sénégal a livré un match solide, voire supérieur à celui du Brésil. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 53% de possession pour les Lions contre 47% pour les Brésiliens, 12 tirs contre 13, 4 tirs cadrés contre 3, et un taux de passes réussies oscillant autour de 85%, comparable à celui du Brésil. À la lecture de ces statistiques, l’idée d’un duel équilibré, où le Sénégal aurait tenu tête dans tous les compartiments du jeu, semble évidente. Pourtant, la réalité du terrain raconte une histoire bien différente, faite de contraintes, de résistance et d’adaptation permanente.
Car, malgré ces statistiques avantageuses, le Sénégal n’a jamais donné l’impression de dominer réellement son adversaire. Les Lions ont été constamment gênés par le pressing agressif et coordonné des Brésiliens, qui ont imposé un rythme soutenu dès les premières minutes. Chaque relance sénégalaise était immédiatement pressée, chaque prise de balle contestée, poussant les Lions à jouer plus vite qu’ils ne l’auraient voulu. Cette possession à 53%, pourtant flatteuse, fut souvent stérile, éloignée des zones dangereuses et rarement structurée en séquences longues capables de déséquilibrer le bloc adverse.
Le Brésil, lui, n’a pas eu besoin d’avoir le ballon pour donner l’impression de diriger le match. Ses transitions étaient plus rapides, ses projections mieux synchronisées, et son pressing donnait le sentiment d’un contrôle permanent sur le tempo. Même lorsque le Sénégal tenait la balle, c’est le Brésil qui orientait les espaces et forçait les décisions. Les Lions ont certes cadré quatre frappes, mais rarement dans des situations où ils semblaient maîtriser la construction. L’impression générale était celle d’une équipe qui se bat, qui s’adapte, mais qui subit par moments la vitesse d’exécution adverse.
Pourtant, il faut reconnaître la solidité sénégalaise. Le bloc est resté compact, les duels ont été disputés avec intensité, et le Sénégal n’a jamais été complètement dépassé. La défense a concédé peu d’occasions nettes malgré la pression constante, preuve d’une résilience tactique et mentale. Mais entre résister et dominer, il y a une nuance importante : les Lions n’ont pas contrôlé le match, même si les chiffres semblent leur donner raison.
Ce contraste entre statistiques favorables et sensation de fragilité intermittente donne à ce match sa véritable lecture. Le Sénégal a affiché des chiffres de grande équipe, mais n’a pas fonctionné comme une équipe en pleine maîtrise. Le Brésil, lui, a montré que l’intensité et le pressing peuvent parfois peser plus lourd que la possession.
Samba THIAM
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Plus de 540 millions F Cfa pariés et perdus par des Sénégalais pour le match Brésil – Sénégal
Un montant colossal a été perdu par des parieurs sénégalais à l’issue de la rencontre internationale ayant opposé le Brésil au Sénégal, selon une publication de Zone Sénégal. Plus de 540.457.000 F Cfa avaient été misés sur ce match, largement suivi et perçu comme une opportunité de gain pour de nombreux amateurs de paris sportifs.
La défaite des pronostics a entraîné la perte totale des mises, plongeant des milliers de parieurs dans la déception et relançant le débat sur l’ampleur des paris sportifs dans le pays. Ces dernières années, cette pratique connaît une croissance impressionnante au Sénégal, particulièrement chez les jeunes, souvent attirés par l’espoir de gains rapides.
Certains d’entre eux auraient misé jusqu’à 1 million de F Cfa ou plus, convaincus de la victoire du Sénégal. Si le résultat avait été favorable, les gains auraient été multipliés par neuf, ce qui explique l’enthousiasme et la prise de risque observés avant la rencontre.
Au-delà de l’aspect financier, cet épisode ravive les inquiétudes autour du risque d’addiction, de l’endettement et de l’impact social du pari sportif, devenu un véritable phénomène national. Plusieurs spécialistes appellent à des campagnes de sensibilisation et à une encadrement renforcé afin de limiter les dérives.
Pour l’heure, aucun bilan officiel n’a été communiqué par les sociétés de paris, mais les réactions sur les réseaux sociaux témoignent de l’ampleur de la déception au sein de la communauté des parieurs.
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CONTRIBUTION
Brésil vs Sénégal : Orange - Yas, l’autre match
Le match amical entre le Brésil et le Sénégal, un événement sportif de prestige, a involontairement soulevé une question complexe de droit du sport et de marketing télévisuel. L'apparition des logos de marques locales, dont Yas, sur les panneaux publicitaires virtuels de la diffusion Rts, en l'absence du partenaire exclusif de la Fsf, Orange, révèle les zones d'ombre contractuelles inhérentes aux compétitions internationales.
Le contrat exclusif face à la réalité du terrain
Le partenariat solide qui lie Orange à la Fsf (Fédération sénégalaise de football) est le point de départ de cette analyse. Renouvelé en 2022, ce contrat de quatre ans garantit à Orange l'exclusivité de sa catégorie, un droit fondamental acquis en échange d'un investissement substantiel.
Aujourd’hui, le Sénégal jouant à l'extérieur, les panneaux physiques du stade affichaient naturellement les sponsors de la CBF. C'est ici qu'intervient le Virtual Signage. Cette technologie permet au diffuseur (la Rts) de substituer numériquement les publicités vues par le téléspectateur. L'intention, souvent commerciale, est de monétiser l'audience locale en insérant des marques pertinentes pour le marché sénégalais.
Cependant, l'introduction de Yas, un concurrent direct d'Orange, pose une question de fond : dans quelle mesure l'exclusivité contractuelle est-elle protégée lorsque la réalité visuelle est modifiée par le diffuseur ?
Les zones d'ombre des accords internationaux
Le problème n'est pas seulement technique ; il est surtout contractuel. Pour un match amical international, la négociation des droits de retransmission est un processus complexe. L'opacité autour des arrangements entre les deux fédérations (Fsf et CBF) et le diffuseur (Rts) rend l'analyse difficile.
Il serait essentiel de connaître les réponses aux questions suivantes pour déterminer les responsabilités :
Partage des droits : La Fsf avait-elle conservé une part des droits de retransmission pour le territoire sénégalais, ou la CBF a-t-elle géré l'intégralité de la cession ?
Connaissance et validation : La Fsf était-elle informée et avait-elle validé l'intention de la Rts d'utiliser le Virtual Signage pour insérer des marques locales, compte tenu des obligations d'exclusivité envers Orange ?
Clauses contractuelles : Le contrat Fsf-Orange incluait-il des clauses spécifiques concernant la manipulation de l'image par la diffusion TV (anti-Virtual Signage) pour les matchs joués à l'étranger ?
Si la Fsf a manqué à son obligation de contrôler l'environnement médiatique de son partenaire, elle pourrait se retrouver en situation de non-respect de contrat, qu'il y ait eu intention commerciale ou simple négligence.
Un défi pour l'écosystème sportif
Cette situation met en lumière le décalage qui existe entre l'évolution rapide des technologies de diffusion et la nécessité d'adapter le cadre juridique du sponsoring. Le Virtual Signage est une épée à double tranchant : il permet de maximiser les revenus, mais il peut aussi facilement détruire la valeur de l'exclusivité sur laquelle reposent les partenariats majeurs.
L'enjeu va au-delà du seul cas d'Orange et Yas. Si les diffuseurs peuvent s'affranchir des contraintes contractuelles des fédérations, la confiance des investisseurs dans le sport s'en trouve fragilisée. Cela pose des questions sur la protection non seulement des partenaires locaux, mais aussi des sponsors de la CBF, dont la visibilité physique a été masquée.
On assiste à un cas d'école qui devrait inciter la Fsf et l'ensemble de l'écosystème sportif à clarifier et renforcer les clauses contractuelles relatives aux droits de diffusion . La survie à long terme des partenariats sportifs dépend de la capacité des organisations à garantir l'intégrité des droits qu'elles vendent.
Malick DIOUF, organisateur du Dakar Sport Summit












