Invité de l’émission ‘’Objection’’ de ce dimanche sur Sud Fm, l’ancien secrétaire général de la Ligue démocratique (Ld) Mamadou Ndoye a analysé les premiers actes posés par le nouveau régime dirigé par le tandem Diomaye-Sonko. Des actes qui, selon lui, sont des signes à lire au même titre que la méthode et l’agenda.
A cet effet, dit-il, « il y a des signes qui sont encourageants comme la volonté d’éviter un certain nombre d’incidents de parcours, par exemple : la distribution des semences, le coût de la vie ». Cependant, constate ‘’Mendoza’’ pour le déplorer, « pour le moment ils ne vont pas au-delà de l’instant, de l’immédiat ».
Inversement, Ndoye liste un certain nombre de signes qui, de son avis, « sont plutôt inquiétants ». « Le premier, c’est la faible sensibilité à l’égalité Homme-Femme à travers les nominations », confie-t-il.
L’autre reproche concerne les conditions dans lesquelles l’Assemblée nationale a été dissoute et qui entrent en contradiction avec la rupture systémique prônée. « Ce théâtre qu’il y a eu à l’Assemblée nationale qui ressemble d’une part à un jeu de dupe et d’autre part à un Poker menteur. Dans l’un c’est la ruse qui est mise en avant dans l’autre c’est le bluff. Nous sommes à l’ancienne politique dans cette pièce de théâtre », dénonce-t-il. Avant d’ajouter : « on n’avait pas besoin de tout ce jeu parce que la dissolution était dans l’ordre normal des choses et était attendue par les uns et les autres. On n’avait pas besoin de justificatif parce que tous les gens normaux savent que lorsqu’on a une nouvelle légitimité présidentielle elle a besoin de majorité parlementaire ».
En outre, abordant les législatives anticipées du 17 novembre prochain dont le ‘’Projet’’ devait être l’enjeu principal, cette figure emblématique de la gauche sénégalaise signale que le régime est proche de rater un rendez-vous crucial avec le peuple. « Ce que je reproche au nouveau pouvoir c’est qu’il savait qu’il allait de toute façon dissoudre, donc de mars à maintenant il devait consacrer ce temps à l’évaluation de la situation et l’élaboration de ce qu’ils appellent le Projet de transformation systémique », estime l’ancien ministre de l’éducation nationale.
Convaincu qu’on ne peut pas faire une politique nouvelle sans une approche méthodologique nouvelle, Ndoye pense que le ‘’Projet’’-qui devait être présenté en septembre-, « devait être élaboré avec le peuple et non dans la discrétion du pouvoir comme cela se faisait dans l’ancien système qui a été combattu ». « L’avenir du peuple, insiste-t-il, doit être discuté avec les parties prenantes de chaque secteur. C’est ce dialogue inclusif qui a été raté dans cette période ».
L’autre raté, selon ‘’Mendoza’’ c’est la méthodologie qui a été mise en avant aux assises de la justice. Il s’agit selon lui, « d’une approche insulaire ». « Comment peut-on isoler la justice et vouloir traiter de la réforme de la justice dans une refondation qui se veut systémique ? », s’interroge-t-il sachant que le système institutionnel est par nature imbriqué, fortement enchevêtré. « Quand on touche une composante, ça a des répercussions sur l’autre », souligne Ndoye qui exprime, dans la foulée, son opposition à la décision du Chef de l’État de continuer à siéger au Conseil supérieur de la magistrature.