Présidant les 48 heures de la Jeunesse patriotique du Sénégal (Jps) à Mbacké, El Malick Ndiaye a livré un discours dense, mêlant réflexion politique, analyse sociétale et mise en garde sur les dérives du numérique. Devant une assistance conquise, le président de l’Assemblée nationale a insisté sur la nécessité impérieuse d’encadrer l’espace public numérique, devenu, selon lui, «un enjeu politique majeur, un défi de souveraineté et une condition de stabilité».
Un numérique à la fois force et fragilité du projet Pastef
Rappelant que Pastef doit beaucoup aux réseaux sociaux, «qui ont porté la résistance et la mobilisation populaire», El Malick Ndiaye a reconnu que cet outil, jadis levier de victoire, représente aujourd’hui une vulnérabilité. «Nos forces sont aussi nos faiblesses, car nous avons suivi nos adversaires dans la confrontation au lieu de rester dans le débat d’idées», a-t-il admis. Même au pouvoir, souligne-t-il, «nous continuons la bataille comme si nous étions encore dans l’opposition», au détriment de la valorisation des actions gouvernementales. Il appelle ainsi les militants à réorienter leur usage du numérique vers la vulgarisation des politiques publiques, notamment celles menées durant les dix-huit mois de gouvernance. «Nous avons arrêté l’hémorragie et maintenu le pays à flot malgré le tumulte», dit-il, saluant la mise en œuvre du Plan de redressement porté par le Premier ministre.
Dérives, manipulations et violences verbales : un risque national
Pour le président de l’Assemblée nationale, l’espace numérique n’est pas seulement une opportunité, il est devenu un terrain de désinformation, de manipulation émotionnelle, d’endoctrinement idéologique et de violences verbales. «C’est une difficulté mondiale, mais elle nous concerne directement, car l’incivisme numérique peut être la source de multiples conflits», prévient-il. Il cite notamment la prolifération de faux comptes qui ciblent le Pastef. «Nous sommes toujours victimes de fausses identités. C’est pourquoi nous devons élever notre niveau de sécurité», dit-il.
Identité numérique, coopération internationale, sanctions
Le président de l’Assemblée nationale a plaidé pour une stratégie de régulation ferme, mais respectueuse des libertés fondamentales. «Il ne s’agit pas de censurer, mais de protéger. Parmi les solutions proposées : instaurer une identité numérique obligatoire pour enrayer les faux comptes ; renforcer la coopération directe entre l’État et les entreprises mères des plateformes ; mettre en place des sanctions sévères contre les dérives ; protéger les mineurs via un contrôle renforcé ; défendre la frontière numérique nationale comme on protège un territoire». Selon lui, l’État doit être le moteur de cette souveraineté numérique. «La régulation doit démarrer par le contrôle, pas par la censure. Il faut lutter contre la désinformation, la haine, la manipulation de l’opinion», invite-t-il.
Former les militants, structurer le débat et élever le niveau
Pour Ndiaye, la bataille du numérique ne se gagnera pas seulement par la loi. Elle doit aussi être culturelle et politique. «L’espace numérique doit devenir une agora moderne, un lieu d’échanges d’idées, pas de destruction». Il appelle les partis à créer des écoles de formation pour leurs militants, à réintroduire la discipline numérique et à refuser «le nivellement vers le bas». Les institutions, dit-il, doivent organiser, réguler et encadrer les citoyens, exercer vigilance et esprit critique.
El Malick Ndiaye a terminé en appelant au sursaut patriotique. «Construisons un espace numérique responsable, un pacte qui protège, élève et consolide notre projet national». Pour El Malick Ndiaye, la bataille du numérique est désormais une bataille d’État, de souveraineté et de civilisation démocratique.
BMS













