Le ministre de l’Intérieur a entendu des vertes et des pas mûres lors de l’ouverture du dialogue politique. Même si une bonne partie de l’opposition a préféré adopter la politique de la chaise vide, les opposants qui ont accepté de participer à la rencontre de l’opposition n’ont pas été tendres avec Aly Ngouille Ndiaye.
C’est d’abord Fatou Gassama Fall, chargée de communication du Fsd/Bj qui se signale la première. Juste après que Bernard Casimir Cissé (chargé de communication de la Direction générale des Elections et maître de cérémonie pour l’occasion) a fini d’exposer le chronogramme de travail, en indiquant que le ministre allait lire un discours d’ouverture et qu’après cela, de retour de la pause café, les gens pouvaient dire ce qu’ils pensent du discours du ministre, Fatou Gassama Fall va demander la parole.Fatou Gassama Fall apostrophe le ministre, crache ses vérités et quitte la salle
Et c’est pour faire comprendre que si le Fsd/Bj a accepté de prendre part à ces rencontres, ce n’était pas pour commenter le discours de Aly Ngouille Ndiaye, mais pour exposer leurs préoccupations. Avant d’expliquer : «en recevant nos convocations, c’est à des concertations sur le processus électoral et sur la refonte du fichier électoral que nous avions été conviés. Maintenant, par rapport à ça, nous ne sommes pas là pour discuter de votre discours, M. le ministre. Nous avons des préoccupations que nous voulons que vous preniez en compte», a dit Fatou Gassama Fall, qui va ensuite quitter la salle, en accusant le ministre et son staff de «faire du dirigisme».Ahmed Khalifa Niasse : «Le dialogue que le Président de a convoqué a été nul, non avenu et de nul effet»
Ahmed Khalifa Niasse ne dit pas autre chose. Pour lui, la rencontre initiée par le ministre de l’Intérieur ne connaîtra pas plus de succès que celle organisée, il y a 18 mois, par le président de la République, sur le même thème du dialogue politique. «Cela fait longtemps qu’on parle de dialogue au Sénégal. Nous avons déjà été convoqués par le président de la République au Palais, sans qu’il y ait véritablement un dialogue. Sans qu’on aille plus loin que le fourmillement d’une fourmi dans son trou. Le dialogue que le président de la République a convoqué a été nul, non avenu et de nul effet. Si l’on a enterré un dialogue qui n’en a pas été un, pourquoi convoquerait-on un nouveau dialogue ?», se demande Ahmed Khalifa Niasse. Qui s’empresse d’ajouter : «la raison doit être claire, nette et précise. Avec ça, on est en train de jouer avec la paix sociale».Le député Ibrahima Sall, secrétaire général du PUR ne dit pas autre chose. Ce dernier, qui est revenu sur les innombrables manquements dans l’organisation des élections législatives passées, de dire qu’avec ce qui s’est passé le 30 juillet dernier, si c’était dans d’autres pays, comme le Kenya par exemple, il y a de cela longtemps qu’on aurait réorganisé les élections. «C’est juste que nous sommes des légalistes, que nous ne disons rien. Je continue de penser que les données ont été mélangées. Il nous faut donc revoir le fichier électoral», propose-t-il.
Aly Ngouille Ndiaye : «Je ne me suis pas proposé comme ministre de l’Intérieur»
D’autres griefs comme celui de la récupération et de la confection des cartes d’identité biométriques ont aussi été évoqués. De même que la désignation d’une personnalité neutre pour conduire l’organisation des prochaines élections. Mais, à toutes ces questions ou attaques, Aly Ngouille Ndiaye n’a pas donné suite. Sans doute, pour ne pas alimenter la polémique.Tout ce qu’il donne comme réponse aux personnes qui réclament une personnalité neutre pour l’organisation des élections, c’est qu’il ne s’est pas proposé comme ministre de l’Intérieur. En attendant que Macky veuille désigner un autre, il fera le travail pour lequel il a été nommé.
Madou MBODJ