Alors que Dakar n’a pas réussi à conclure un accord avec le Fonds monétaire international (FMI), le député français Aurélien Taché, membre du groupe la France insoumise – Nouveau front populaire et président du groupe d’amitié France-Sénégal à l’assemblée nationale, a déposé un amendement visant à annuler la dette du Sénégal envers la France. Cette initiative, hautement symbolique, soutenue dans les rangs de La France insoumise, s’inscrit dans la proximité politique entre Jean-Luc Mélenchon et Ousmane Sonko, dont les partis défendent une même vision de la souveraineté et de la justice économique.
Le 6 novembre 2025, au lendemain de l’échec des négociations entre le Sénégal et le Fonds monétaire international (FMI), le député Aurélien Taché, membre du groupe La France insoumise – Nouveau Front Populaire, a annoncé avoir déposé un amendement pour annuler la dette sénégalaise envers la France.
Dans un message publié sur X, il a déclaré : «Macky Sall a laissé au Sénégal une dette écrasante tout en accusant le PASTEF. Coupures d’eau et d’électricité à craindre. Le FMI abandonne les Sénégalais. La France doit assumer : j’ai déposé un amendement pour annuler la dette sénégalaise envers nous.» Une déclaration forte, qui intervient alors que Dakar peine à obtenir le soutien du FMI et que la situation économique du pays se détériore dangereusement.
Une initiative à portée politique et morale
L’amendement d’Aurélien Taché s’inscrit dans une logique de solidarité internationale et de responsabilité historique. Pour le député insoumis, la France ne peut rester indifférente face à l’effondrement économique d’un pays dont elle est le premier partenaire bilatéral et avec lequel elle entretient des liens historiques et humains profonds.
Son geste s’aligne avec la ligne défendue par La France insoumise – Nouveau Front Populaire, favorable à une refonte du système financier mondial et à un moratoire sur les dettes souveraines des pays africains. Il relance aussi un débat sensible sur le rôle de la France dans le soutien à ses anciens territoires, à l’heure où les institutions financières internationales sont accusées de maintenir un rapport de dépendance structurel.
L’axe Mélenchon–Sonko
Ce geste ne saurait être interprété hors du contexte politique qui unit Jean-Luc Mélenchon et Ousmane Sonko. Les deux hommes partagent depuis plusieurs années une proximité idéologique assumée, nourrie par une même critique du néolibéralisme global et des institutions financières internationales. La France insoumise est aujourd’hui considérée comme le principal partenaire politique international du Pastef.
Mélenchon avait publiquement salué, après la victoire de Sonko, «le triomphe d’un peuple qui a choisi la souveraineté contre la soumission». Les échanges entre les deux formations se sont intensifiés : des cadres du Pastef ont été invités à plusieurs colloques de LFI sur la coopération Nord-Sud, tandis que des députés insoumis participent activement aux campagnes internationales de soutien au Sénégal face aux institutions financières.
L’amendement d’Aurélien Taché s’inscrit donc dans une dynamique politique assumée, traduisant l’alignement idéologique entre la gauche française radicale et la nouvelle génération souverainiste africaine.
Répercussions et débats attendus
Sur le plan institutionnel, l’annulation d’une dette bilatérale nécessite un accord gouvernemental et budgétaire et ne peut être décidée par simple amendement parlementaire. Mais politiquement, la démarche de Taché ouvre un débat de fond : celui de la responsabilité morale des nations développées face à la spirale d’endettement des pays du Sud.
Sidy Djimby NDAO
(Correspondant permanent en France)













