Malgré le décret interdisant la coupe de bois en Casamance, les contrevenants utilisent d’autres méthodes pour pouvoir commettre leur forfait.
Le maire de Kataba 1, Abdoulaye Badji, confirme la thèse de l’Union des menuisiers de Ziguinchor, quant à la persistance de la coupe de bois en Casamance, malgré la décision présidentielle l’interdisant. Onze mois après, dans la commune de Kataba, dans l’arrondissement de Diouloulou, la coupe est plus qu’accélérée. «Jusqu’à présent, nous n’avons pas pu maîtriser cette situation. Malheureusement, c’est souvent avec la complicité des populations elles-mêmes que les délinquants viennent envahir nos forêts. Nous avons essayé de monter des brigades un peu partout dans les villages de la commune, pour éviter la déforestation», nous confie-t-il.
Le premier magistrat de Kataba est formel. «Des coupes, il y en a. Même les villages désenclavés ne sont pas épargnés. La coupe y est très observée», dit-il. Maintenant, pour lutter contre cette déforestation, la commune de Kataba 1 a signé avec une association mise en place pour lutter contre «ces bandits». «L’association s’appelle Asapid, qui signifie Association d’appui aux initiatives de paix et de développement. Cette association fait un important travail dans le domaine de la protection de l’environnement. Des comités de surveillance des forêts sont créés dans les villages pour lutter contre la déforestation»
On évite le syndrome de Boffa Bayotte
«Nous avons demandé aux jeunes de ne pas se faire justice. Il y a des lois qui sont votées. Ils n’ont qu’à informer le maire, qui à son tour informe les autorités compétentes, qui doivent appliquer la loi dans toute sa rigueur. Ce qu’on veut éviter, c’est que chacun fasse justice soi-même», ont-ils donné comme maître-mot à la jeunesse. Une manière pour que le syndrome de Boffa Bayotte ne se reproduise pas dans cette commune.
Pour éviter le piège des comités de vigilance des villageois, les délinquants utilisent d’autres stratégies qui leur sont propres. «Ces délinquants ont pris des dispositions telles que, comme ils savent qu’ils sont guettés dans les villages, ils s’organisent en bandes et cherchent à avoir des familles d’accueil qui le plus souvent les protègent et leur facilitent la fuite. Un jour, les habitants du village de Kataba 1 ont surpris des coupeurs en brousse. Mais ces derniers se sont enfuis, laissant tout le matériel et les troncs coupés. Les villageois ont tout réquisitionné et remis aux autorités des Eaux et forêts. Un jour, un camionneur est venu pour récupérer les troncs. Les populations qui surveillaient ont réussi à maîtriser le camionneur, qu’elles ont laissé à la disposition des agents des Eaux et forêts, qui à leur tour l’ont remis à la gendarmerie de Diouloulou», explique Abdoulaye Badji.
Baye Modou SARR