En l’espace de trois ans, le Sénégal est rétrogradé à la 94e place du classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières. Cette rétrogradation est causée, selon Anne Bocandé, directrice éditoriale de l'Ong, par plusieurs facteurs, dont les agressions, les arrestations et les poursuites judiciaires contre les journalistes. Le classement 2024 RSF de la liberté de presse montre que le Sénégal a perdu 57 places en l’espace de trois ans. Au niveau mondial, la Norvège conserve sa première place pour la 8e année consécutive.
Le constat est clair. À l’échelle mondiale, «la liberté de la presse est menacée par celles-là mêmes qui devraient en être les garants : les autorités politiques», affirme l’organisation Reporters sans frontières (RSF), dans son 22e rapport annuel, qui observe une "détérioration préoccupante du soutien et du respect de l’autonomie des médias", et une hausse des "pressions exercées par l’Etat ou d’autres acteurs politiques".
Au total, 180 pays ont été classés selon cinq critères, calculés sur la base du nombre d’exactions et d’avis d’experts : la sécurité, le cadre légal, le contexte économique, socioculturel et politique. C’est ce dernier indicateur qui a le plus baissé : – 7,6 points.
De 2021 à 2024, plus de 60 journalistes arrêtés, agressés
Pour le Sénégal, le rapport renseigne qu'entre 2021 et 2024, le pays a chuté de la 49e à la 94e place du Classement mondial de la liberté de la presse établi par l’organisation. Selon le rapport publié ce jeudi par RSF, au cours de cette période, de nombreux journalistes ont été agressés, arrêtés, poursuivis judiciairement ou emprisonnés. Les autorités ont également intensifié la polarisation politique des médias, entraînant des interventions troublantes, allant jusqu’à des coupures abusives des réseaux sociaux et des suspensions de licence de certains médias. D’après Anne Bocandé, directrice éditoriale de l'Ong Reporters sans frontières, il est essentiel de mettre en place des réformes urgentes afin de rétablir la liberté de la presse au Sénégal.
Le rapport note qu’en trois ans, de 2021 à 2024, plus de 60 journalistes ont été « arrêtés, agressés ». En 2023 au Sénégal, les journalistes ont été brutalisés sur le terrain dans l’exercice de leur métier. Un média comme Walfadjri a vu son signal coupé et sa licence retirée. Internet a été également coupé plusieurs fois.
"Lors des séquences électorales, les acteurs politiques tentent également d’utiliser les médias comme instruments d’influence et de pouvoir. Une méthode observée au Sénégal (94e), en RDC et au Nigéria, où des personnalités politiques ont parfois même créé leurs propres médias", note le classement 2024 RSF de la liberté de presse qui montre que "le Sénégal a perdu plusieurs dizaines de places en l’espace de trois ans." En effet, classé à la 47e place du classement mondial 2020, le Sénégal, même s'il a réussi a fait son retour dans le top 100 par rapport à 2023 où il occupait la 104e place, reste loin de son classement habituel qui le situait toujours dans le top 50e au pire des cas. Par exemple entre 2020 et 2023, le Sénégal a perdu 57 places.
Sidy Djimby NDAO












