Face à une salve d’interpellations sur les pénuries urbaines, la salinité rurale, les pannes de forages et les retards de projets, le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Cheikh Tidiane Dièye, a défendu un budget 2026 en forte hausse et affirmé qu’une réforme structurelle du secteur est imminente. Nouveau Code de l’eau, création d’une autorité de régulation, programme d’urgence, relance des financements chinois, le ministre dit vouloir « rassurer le pays » et « corriger durablement les inégalités d’accès ».
« Le nouveau Code de l’eau est fin prêt »
Interpellé sur l’absence d’un cadre juridique adapté, le ministre a annoncé que le nouveau Code de l’eau, qui remplace celui de 1985, est désormais finalisé. « Tous les documents structurants sont prêts. Dès la semaine prochaine, le Code passera en Conseil des ministres avant d’être transmis à l’Assemblée nationale », a-t-il affirmé. Ce nouveau texte, accompagné des décrets portant création de l’Autorité de régulation de l’eau, doit, selon lui, « régler beaucoup de problèmes restés pendants depuis des années » et mettre fin aux zones d’ombre dans la gestion de l’offre, des tarifs, des ressources et des concessions.
Pénuries urbaines, l’usine de dessalement entre en service
Les coupures récurrentes à Dakar et dans sa périphérie ont également retenu l’attention. Le ministre a annoncé une avancée majeure. « L’usine de dessalement des Mamelles est prête. Elle injectera 50.000 m³ par jour dans le réseau, ce qui permettra de soulager durablement la capitale ». Il a par ailleurs rappelé la poursuite des travaux sur les « autoroutes de l’eau », en précisant que les 58 localités traversées seront désormais automatiquement desservies. « Aucune eau ne sera prélevée d’un territoire sans qu’il soit desservi », a-t-il insisté, promettant la fin des « injustices hydrauliques ».
Touba et Dakar au cœur des investissements de l’assainissement
Plusieurs députés ont interpellé le ministre sur l’état de l’assainissement dans les grandes villes. Cheikh Tidiane Dièye a évoqué des chantiers en cours, réhabilitation des réseaux, bassins de rétention à Keur Massar et Sangalkam, stations de traitement financées par la Banque mondiale. Et à propos de Touba, souvent citée par les élus, a-t-il assuré. « Les travaux d’assainissement avancent. Le budget 2026 prévoit 6 milliards F Cfa pour poursuivre les extensions ». Le Plan décennal de lutte contre les inondations (Pdli), objet d’un audit, est désormais piloté par la Primature.
Rupture annoncée dans la gestion de l’hydraulique rurale
La question de la gouvernance rurale a suscité de longues discussions. Le ministre a reconnu les limites du modèle actuel, dominé par le secteur privé. « Ce ne sera plus le privé seul qui gère l’hydraulique rurale. L’État sera partie prenante, et les collectivités territoriales joueront un rôle déterminant. Le monde rural doit avoir la même qualité d’eau que les zones urbaines ». Le nouveau modèle reposera sur des sociétés mixtes, inspirées de Sen’Eau, et sur une réorganisation institutionnelle du ministère. « Nous opérons des regroupements de services pour plus de cohérence. Notre objectif est de réduire la fracture urbain-rural, aujourd’hui beaucoup trop marquée » précise-t-il. Il a confirmé que des instructions ont été données à l’Ofor pour engager la procédure de résiliation du contrat d’affermage de la Soges, jugé défaillant.
Un programme d’urgence et des investissements ciblés
Pour répondre aux pannes et aux déficiences constatées, Cheikh Tidiane Dièye a annoncé un programme d’urgence de 10 milliards F Cfa pour la réparation et la sécurisation des forages, avec un accent particulier sur Koumpentoum.
Le budget 2026 inclut également 50 milliards F Cfa pour le Grand transfert d’eau ; 10 milliards pour le renforcement des réseaux de distribution ; 2,385 milliards pour le drainage des eaux pluviales ; des usines de potabilisation à Touba et dans plusieurs villes. Le ministre a insisté sur la cohérence de la stratégie. « Nous voulons rassurer. Les réformes sont prêtes, les financements sont sécurisés, et la mise en œuvre démarre dès 2026. Nous nous dirigeons vers un secteur modernisé, transparent et équitable pour tous. »
Baye Modou SARR












