L’examen du budget 2026 des Forces armées a rassemblé des positions convergentes sur la nécessité d’un soutien accru à l’armée sénégalaise, dans un contexte sous-régional instable. Hommages, inquiétudes et interpellations, les députés de tous bords ont multiplié les alertes sur les défis sécuritaires, la gestion des frontières, les conditions de vie des soldats et les menaces transfrontalières.
«Soutenir l’armée sans polémique», Abdou Mbow appelle à sanctuariser l’institution
Le député Abdou Mbow a ouvert la série de prises de parole en plaidant pour un soutien total et sans ambiguïté aux Forces armées. Pour lui, le budget 2026 incarne davantage qu’une décision financière. «Il symbolise la reconnaissance envers les hommes et femmes qui assurent la sécurité du pays.» Le parlementaire a insisté sur la nécessité de préserver l’armée des débats politiciens. «Si aujourd’hui on a un État, une nation, c’est parce qu’on a des Forces armées responsables et républicaines. Travaillons à laisser ces hommes et ces femmes en dehors de nos débats politiques», dit-il devant ses collègues. «Nous sommes entourés par une ceinture de feu. Nous devons tous faire bloc», plaide le parlementaire de l’opposition.
«La frontière Est est en danger»
Adama Tandjigora, député de Bakel, a ramené le débat à la frontière orientale, l’un des points les plus vulnérables du pays. «Le banditisme transfrontalier reprend du poil de la bête. Chaque semaine, on entend des attaques à main armée, parfois avec des fusils».
Le député Tafsir Thioye a rappelé les défis proches : instabilité au Mali, tensions en Guinée-Bissau, menace terroriste régionale. Il a également évoqué des préoccupations intérieures «vol de bétail, insécurité rurale, difficultés d’accès à l’eau et à l’électricité».
Frontières poreuses, Papa Tahirou Sarr tire la sonnette d’alarme
Papa Tahirou Sarr, lui, a dressé un tableau inquiétant de la gestion des frontières terrestres. «Des femmes enceintes, des enfants, des maîtres coraniques traversent illégalement nos frontières. Ils ouvrent des écoles pour exploiter des enfants étrangers, transformés en mendiants.» Selon lui, l’absence de contrôle favorise également l’essor du trafic de motos, un marché qui pénalise les jeunes Sénégalais du transport. Il a raconté un épisode révélateur pour étayer ses propos. «Récemment, des étrangers sont morts dans un accident. Ne sachant pas leur origine, on a été obligés de les enterrer sur place». Pour lui, une réforme du système frontalier est urgente. «Il est temps de revoir la gestion de nos frontières pour le bien de la population.»
Thierno Sall dénonce l’omerta autour du Mali et les conditions des soldats
Thierno Alassane Sall a livré une intervention marquée par la gravité. «L’histoire se souviendra de ce que nous avons fait pour nos frères maliens. Trop peu de choses ont été rendues publiques.» Il a accusé l’État «de manque de transparence concernant l’engagement sénégalais face à la crise malienne». Surtout, il a dénoncé des conditions de travail qu’il juge indignes pour les soldats. «Prime globale d’alimentation versée tardivement ; Montant dérisoire (1200 F Cfa par mois, soit moins que la dotation journalière d’un détenu qui est de 1300 F Cfa) ; Manque de carburant ; Difficultés pour les entraînements et les rotations en mer. C’est inadmissible pour des soldats en opération.»
Baye Modou SARR
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