Bougane Guèye Dany, leader du mouvement Gueum Sa Bopp, a été arrêté avant-hier 19 octobre 2024 près de Bakel par la gendarmerie nationale. Ce dernier, accompagné de deux membres de la coalition Sàmm Sa Kàddu, tentait de se rendre sur place « pour apporter son soutien aux sinistrés des inondations » qui ont ravagé la région à cause de la crue du fleuve Sénégal. Cependant, leur chemin a été bloqué par les forces de l’ordre, qui leur ont demandé de modifier leur itinéraire, invoquant la présence du président de la République sur les lieux. Bougane Guèye, refusant d’obtempérer, a alors été arrêté, provoquant des tensions sur place. Son arrestation a suscité de nombreuses réactions au sein de la classe politique et des personnalités publiques au Sénégal. Selon Thierno Bocoum, également présent lors de l’incident, la délégation souhaitait uniquement exprimer sa solidarité avec les populations touchées par la catastrophe naturelle, dénonçant ce qu’il a qualifié de « dictature » face à l’interdiction de leur déplacement.
Perçue par ses partisans comme une tentative d’empêcher une opposition critique à l’égard du pouvoir en place, l’arrestation de Bougane Guèye Dany, leader du mouvement Gueum Sa Bopp, dans un climat politique tendu à l’approche des élections législatives, continue de faire réagir. En effet, alors que les membres de l’opposition expriment leur solidarité en dénonçant une « instrumentalisation de la gendarmerie » pour restreindre les actions des figures critiques du régime, les pro-gouvernementaux ont estimé que Bougane aurait dû respecter les ordres des forces de l’ordre, surtout en présence du président de la République à Bakel, disant que « personne n’est au-dessus de la loi, et cette arrestation est justifiée ».
Barthélemy Dias : « un peu de lucidité, un peu de sérénité… Les choses sérieuses commenceront bientôt »
La tête de liste de la coalition Samm Sa Kaddu, Barthélemy Dias, s’est montrée très remontée contre l'arrestation du leader du mouvement Gueum Sa Bopp, membre de leur coalition. « Je dénonce vigoureusement cette volonté de refuser à des candidats validés par le Conseil constitutionnel de circuler librement sur le territoire national en vue de pouvoir apporter leur soutien aux populations de Bakel et de s'enquérir de la situation de catastrophe naturelle », a indiqué le maire de Dakar, Barth, sur sa page Facebook. Ainsi, ajoute-t-il, « un peu de lucidité, un peu de sérénité… Un peu de tenue, un peu de retenue… Les choses sérieuses commenceront bientôt. »
Abdou Mbow : « nous dénonçons la violence physique exercée sur nos camarades »
Dans un communiqué publié hier, Abdou Mbow, porte-parole adjoint de l’Apr et membre de la Coalition Takku Wallu Sénégal, regrette qu’« au moment où Ousmane Sonko et sa bande organisent le meeting de la honte à Dakar Arena, des membres de la coalition Samm Sa Kaddu, en route pour Bakel, afin de rendre visite aux sinistres pour les accompagner, sont honteusement bloqués par la Gendarmerie nationale à 12 kilomètres de Bakel ». « Nous appelons les autorités à libérer immédiatement et sans délais notre camarade Bougane Guèye Dany, candidat sur la liste de Samm Sa Kaddu. Enfin nous dénonçons avec la dernière énergie la violence physique exercée sur nos camarades de la coalition, en particulier notre sœur Anta Babacar Ngom », a écrit l’ancien député.
Anta Babacar Ngom (Arc) : « il est inacceptable que ce régime répète les erreurs du passé »
L’Alternative pour la relève citoyenne (Arc), parti de Anta Babacar Ngom, a également exprimé « sa profonde indignation face à l’agissement, d’un autre âge, des forces de l’ordre sur la route qui mène à Bakel, conduisant au blocage musclé du cortège de la coalition Samm Sa Kaddu, la brutalisation de Anta Babacar Ngom et de Thierno Bocoum et à l’arrestation injustifiée du leader politique Bougane Guèye Dani ». « Face à la tragédie que vivent actuellement les populations de cette localité envahie par les eaux du fleuve, la coalition Samm sa Kaddu a choisi d’être du côté des victimes pour leur apporter assistance, affection, solidarité, au lieu de masquer cette tragédie par un ‘’giga meeting’’ politique dont le contexte et les finalités tranchent avec la réalité, tellement affligeante, des impactés. Nous voulons témoigner, devant l’opinion nationale et internationale, que cette tentative d’intimidation n’aura aucun effet. Sauf, si c’est pour encore une fois doper le moral des Sénégalaises et Sénégalais qui expriment, au quotidien, leur désenchantement face à ce nouveau régime », espèrent les camarades de la candidate malheureuse à la dernière présidentielle. Qui a ajouté hier sur un post : « il est inacceptable que ce régime répète les erreurs du passé. Un gouvernement qui respecte ses engagements est essentiel pour le peuple sénégalais, pas un pouvoir qui trahit ses aspirations par la répression et la violence ».
Bougane Guèye : « Je suis prêt à l’ultime sacrifice… Le Sénégal ne sera jamais le titre foncier de Sonko ou de Diomaye »
Autre réaction à l’interpellation du patron de D-Média, Bougane Guèye Dany lui-même. Dans une déclaration, le leader du Mouvement Gueum Sa Bopp « les Jambaars » assure que « pour le Sénégal, je suis prêt à tous les sacrifices ». Disant à qui veut l’entendre que le combat continue, Bougane Guèye Dany renouvelle son appel à la résistance « face à l’oppression que Pastef a fini d’installer dans ce pays ».
« Empêcher une mission humanitaire de l’opposition, conformément à son devoir d’assistance pour exprimer sa solidarité aux sinistrés, est la dernière des forfaitures qu’on veut nous imposer. Nous avons constaté l’indifférence de Pastef, enivré dans une jouissance festive entre le Grand Théâtre, le Cicad et Dakar Arena depuis le 26 septembre, sans aucune compassion à l’égard des milliers de sinistrés privés de tout moyen de survie et abandonnés à eux-mêmes. Je condamne ce gouvernement incompétent et insouciant, qui, ayant pleine et claire conscience de la montée des eaux du fleuve, n’a pris aucune mesure de précaution pour anticiper cette catastrophe pourtant prévisible… À tous les Sénégalais d’ici et ceux de la diaspora, je demande de rester debout pour combattre la dictature rampante de Pastef, qui n’épargnera personne si l’on y prend garde. Le Sénégal ne sera jamais le titre foncier de Sonko ou de Diomaye. Et nous ne comptons pas renoncer ou céder devant l’arbitraire, encore moins négocier l’exercice des libertés qui nous sont conférées par la Constitution et le Pacte de 1966 sur les droits civils et politiques. », dit-il, ajoutant : « je suis prêt à l’ultime sacrifice pour la préservation des libertés publiques et la dignité de notre nation. »
Coalition Takku Wallu Sénégal : « Le comique et le grotesque sont les marques distinctives de ce régime Sonko-Diomaye »
La Coalition Takku Wallu Sénégal a aussi exprimé sa solidarité à Bougane Guèye. Pour Macky Sall, Karim Wade et les autres, « encore une fois, le comique et le grotesque sont les marques distinctives de ce régime Sonko-Diomaye ». Ainsi, dénonçant avec vigueur cette nouvelle agression contre la libre circulation des candidats de l'opposition, Takku Wallu Sénégal cela s’explique par la désaffection massive de sa base politique qui affole le régime pastefien. Ce dernier, dit-elle, espère s'emparer d'une majorité parlementaire en empêchant par la force l'opposition de faire campagne.
« Mais il aura en face de lui une opposition déterminée à exercer pleinement ses droits, quel que soit le prix à payer. Au moment où l'opposition est ainsi empêchée de se rendre au chevet des populations sinistrées, qui se plaignent d'être abandonnées par le gouvernement, Pastef et Sonko procèdent à l'ouverture festive de leur campagne électorale, en foutant du pied l'interdiction légale des meetings électoraux durant le mois précédant l'ouverture officielle de la campagne. Ce fut pour Sonko une nouvelle occasion de donner libre cours à son discours de haine dirigé contre la personne du Président Macky Sall, le même président qu’il couvrait pourtant de louanges en février dernier, après le vote de la loi d'amnistie. Nos juristes devraient faire comprendre à Sonko que la mise en place de la Haute-Cour de Justice ne saurait être une promesse de campagne puisqu'elle a été prévue par notre Constitution avant même sa propre naissance », tacle Takku Wallu Sénégal. Qui exige la libération immédiate du candidat Bougane Guèye Dany et la garantie du droit des candidats de l'opposition de mener librement campagne sur toute l'étendue du territoire national. Avant d’annoncer qu’elle enverra dans les prochains jours de fortes délégations dans les régions de Kédougou, Tambacounda, Matam et Saint-Louis, pour manifester sa solidarité active avec nos compatriotes sinistrés et abandonnés.
Amadou Ba : « j’appelle les autorités à respecter les libertés démocratiques… Il est urgent d’organiser les secours »
Dans un tweet publié après l’arrestation de Bougane Guèye, la tête de liste de la coalition Jamm Ak Njarin apporté son soutien au patron du Mouvement Gueum Sa Bopp. Amadou Ba qui appelle les autorités au respect des libertés démocratiques estime qu’il est urgent d’organiser les secours. « Je soutiens Bougane Guèye Dany et Samm Sa Kaddu. J’appelle les autorités à respecter les libertés démocratiques, en particulier la liberté de circuler. Mes pensées vont aux sinistrés de l’est et du nord. Il est urgent d’organiser les secours. », a noté l’ancien Premier ministre du Sénégal.
Me Patrick Kabou : « l'arrestation de Bougane Gueye n'a pas de sens aussi bien juridique que politique »
Souteneur de Ousmane Sonko alors opposant persécuté, l’avocat sénégalais basé en France, Me Patrick Kabou, a dénoncé l’arrestation de Bougane Guèye Dany. « Être honnête est le propre de l'homme qui craint son Dieu. L'arrestation de Monsieur Bougane Guèye Dany que je ne connais ni d'Adam ni d'Ève, n'a pas de sens aussi bien juridique que politique. Le Sénégal est une démocratie vivante et majeure, arrêtons de vouloir être plus royaliste que le roi. Il a bel et bien le droit de se rendre à Bakel et sur tout le territoire sénégalais. C'est un homme libre. Il revient aux Sénégalais d'apprécier ou non ses actes. J'ai dénoncé cela quand il s'agissait de Monsieur Ousmane Sonko, je le dénonce aussi pour tout compatriote », a plaidé Me Kabou.
Sidy Djimby NDAO
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