Accusé d'avoir participé au cambriolage dans lequel est mort Albertina Dapina, Cheikh Tidiane Thiam, après avoir été jugé et condamné en première instance en 2018 à 20 ans de réclusion criminelle, a interjeté appel. Mais le Procureur général devant qui il a comparu pour des faits de vol aggravé a souligné que ce jugement qui l'avait condamné est discutable. Il sera édifié sur son sort le 25 septembre prochain.
Albertina Dapina, 74 ans, a eu une mort tragique. Cette septuagénaire, qui vivait seule, a trouvé la mort le 3 juin 2019. Mais avant qu'elle ne meure, la vieille dame avait dit au magistrat instructeur que le jour où ces cambrioleurs ont visité sa maison vers 22h, elle était seule. C'est ainsi qu'un individu y a fait irruption, dit-elle, criant qu'il allait la tuer, avant qu'un autre ne saute sur elle en l'étranglant. Mais, précisait-elle, elle ne s'est pas laissée faire, car elle s'est agrippée aux parties intimes de son agresseur qui l'étouffait. Et au moment où la vieille se faisait malmener par les cambrioleurs, son voisin Abdou Karim Diouf est venu s'enquérir de la situation, puisqu'elle poussait des cris de détresse. Les assaillants ont malheureusement menacé de tuer Abdou Karim Diouf avant de le déposséder de son sac qui contenait la somme de 25.000 F Cfa, divers documents et son chapelet. Paniqué, le sieur Diouf, qui avait réussi à identifier Cheikh Tidiane Thiam comme étant l'un des agresseurs, a pris la tangente. Par ailleurs, la victime Albertina Dapina, soutenait que la femme de Cheikh Tidiane Thiam est venue lui proposer la somme de 300.000 F Cfa pour qu'elle abandonne la procédure, ce qu'elle avait catégoriquement refusé. La dame avait révélé qu'elle avait reconnu son agresseur qui n'est autre que Cheikh Tidiane Thiam. Sur ce, disait-elle, elle se constituait partie civile et allait réclamer des dommages et intérêts. Mais malheureusement, elle a rendu l'âme avant même que cette procédure ne soit bouclée. Par ailleurs, le témoin Alioune Badara Diallo, entendu dans cette affaire, a dit qu'il était le premier à voir les deux malfaiteurs courir en tenant des objets. Lorsqu'il les a poursuivis, il a essuyé des menaces avec une arme à feu. L'un des assaillants ayant réussi à s'enfuir, c'est Cheikh Tidiane Thiam qui a été interpellé, jugé puis condamné à 20 ans de réclusion en 2018 devant la chambre criminelle de Dakar pour des faits de vol aggravé. Cet accusé, interrogé, a passé aux aveux. Cependant, l'enquête a montré que les agents, après une opération de ratissage, ont retrouvé le lendemain l'arme à feu enveloppée avec un tee-shirt bleu que portait Cheikh Tidiane Thiam. Face à cette constance, l'accusé revient sur ces déclarations pour dire qu'il n'a jamais eu à tenir cette arme et encore moins l'utiliser. Mais ses contestations n'ont pas tenu face aux investigations des agents enquêteurs. Car, après vérification, ces derniers ont découvert que l'arme incriminée appartient à un certain Lee, un ressortissant chinois. Ce dernier avait brandi un document qui prouvait la paternité de l'arme à feu. Il soutenait l'avoir perdue au cours d'un cambriolage qu'il a subi et au cours duquel il avait perdu quelques objets et la somme de 100.000 F Cfa. Pour plus de preuves, il brandit la mention de la plainte. Mais Cheikh Tidiane Thiam, après avoir interjeté appel, a encore contesté les faits devant la Cour d'appel. Puisque la défense est la partie appelante, les avocats constitués pour Cheikh Tidiane Thiam ont affirmé qu'il s'agit de "faits contestables". Hormis ces constatations, les conseils ont demandé au tribunal de faire preuve de clémence à l'endroit de leur client. Le Procureur général a pour sa part déclaré que le premier jugement qui condamnait Cheikh Tidiane Thiam à 20 ans de réclusion criminelle est "discutable". "Les premiers juges ont voulu éviter la perpétuité en procédant à la disqualification pour ce délinquant bien connu du temple de Thémis. L'accusé a fait appel dans les normes du délai, mais celui du ministère public n'est pas fait dans les délais. Et il faut prendre acte de la décision qui a été rendue par les premiers juges", a fait remarquer le Parquet général, avant que le délibéré ne soit fixé pour le 25 septembre prochain.
Fatou D. DIONE