Abdourahmane Ndiaye «Adidas» vide son sac. Face à la presse hier, l’ex-sélectionneur des Lions du basketball est revenu sur l’épisode de sa non-reconduction, le contrat que la Fédération lui avait proposé après cinq mois d’attente. Lucide, mais amer, Adidas a taclé subtilement son successeur Tapha Gaye, avant de faire un «dunk» sur la tête de Me Babacar Ndiaye.
«Ce n’est pas la vérité. Je donne ma version, car la vérité absolue, Dieu seul la connait. Les Sénégalais doivent savoir ce qui s’est passé». C’est ainsi que Adidas a démarré sa conférence de presse, hier après sa non-reconduction à la tête de l’équipe nationale masculine de basketball du Sénégal. «J’aurai préféré aller à la Coupe du monde et continuer le travail», a poursuivi Abdourahmane Ndiaye Adidas qui, après avoir retracé le film de son retour au Sénégal en tant que coach, affirme qu’il a proposé ses services à Me Babacar Ndiaye, président de la Fédération sénégalaise de basketball (fsbb), qui avait accepté. Ils se sont mis d’accord, sur un salaire de 18 millions qu’il devait percevoir en trois tranches de 6 millions. Mais, cette entente a volé en éclats, suite à la sortie du technicien dénonçant les conditions de l’équipe nationale avant leur départ pour la dernière fenêtre qualificative à la Coupe du monde. «Depuis cette sortie, le président (Babacar Ndiaye) ne m’adresse plus la parole», assure-t-il.
«C’est ma femme qui m’a annoncé mon départ. Jusqu'à présent, je n’ai pas reçu de notification»
Pire, poursuit Adidas, «depuis lors, je suis resté huit mois sans percevoir mes émoluments. Ils ont cessé de me payer mes indemnités, sous prétexte qu’ils me sanctionnent». La goutte qui a fait déborder le vase est que, depuis 5 mois, le coach attend l’appel des dirigeants, mais le déroulement sur la supposée négociation d'un contrat a surpris le coach. «Lundi dernier, le jour du tirage de l’Afrobasket féminin, on m’envoie un mail pour me signifier un contrat d’une durée de 2 ans 3 mois. Et je pense que j’ai le droit de le soumettre à mon conseiller juridique», regrette-t-il. Concernant sa non-reconduction, Abdourahmane Ndiaye Adidas révèle que c’est sa femme qui lui a annoncé la nouvelle. «C’est le matin pendant que je faisais mes ablutions que ma femme m’a annoncé la nouvelle. Jusqu’à aujourd’hui, je n’ai pas reçu de notification. Alors que, la veille, j’ai parlé avec le Directeur technique sur ma liste et un peu plus tôt, avec Me Babacar Ndiaye, pour lui dire mon engagement pour conduire l’équipe en Chine», souligne Ndiaye.
«Il y a des aspects du contrat qui ont heurté ma conscience»
En outre, Abdourahmane Ndiaye confie avoir entendu, lu beaucoup de choses qui étaient loin de la réalité. «Il y avait des confusions, des paradoxes et des contrevérités par rapport au contrat. Il fallait à tout prix que j’élucide les Sénégalais, que je rétablisse la vérité pour que les gens sachent ce qui s’est passé réellement», déclare-t-il. Il n’a jamais été aussi question d’argent. «Il y a des aspects du contrat qui ont heurté ma conscience. Ce n’était pas un problème financier. J’ai dit au président Babacar Ndiaye et au ministre Matar Ba que j’étais prêt à travailler pour mon pays avec un franc symbolique», jure-t-il. Cela est d’autant plus vrai qu’il souligne qu’il n’est pas un philanthrope, mais un professionnel du sport. En contrepartie de ses services qu’il propose, c’est normal qu’il soit payé.
«J’avais un contrat où on parle de l’équipe nationale féminine, alors que je suis entraineur des messieurs»
Parlant du contrat, Adidas s’est dit choqué par quatre clauses. «Ce qui m’a heurté dans le contrat, c’est en premier cette phrase : ‘’l’entraineur s’abstiendra de faire des déclarations publiques dans la presse qui pourraient ternir l’image de l’Etat du Sénégal, de la Fsbb et de toute autre entité en charge du basket sénégalais’’, mon sang n’a fait qu’un tour quand j’ai lu ça», martèle-t-il. Et de poursuivre : «quand j’entends ça, ça heurte ma conscience. Ma conscience dépasse ça. Que j’ai des obligations de réserve, je comprends, mais on aurait pu le formuler d’une autre façon. Pour moi, ce n’était pas républicain». Pour le second point, Adidas révèle tout en exhibant le document : «j’avais un contrat où on parle de l’équipe nationale féminine, des joueuses sélectionnées alors que je suis entraineur de l’équipe nationale masculine, je ne comprenais pas». Pour le troisième, il souligne que s’il doit être responsable de l’équipe jusqu’en 2021, la Fsbb doit lui faire un programme de supervision pour aller voir les joueurs. «La règle de toute morale, c’est que mon professionnalisme n’a jamais été mis en cause partout où je suis allé. Je ne suis pas calculateur ; je dis simplement qu’il faut me donner les moyens d’exercer mon métier, c’est tout», assure Abdourahmane Ndiaye. Et pour le quatrième aspect, il souligne qu’il ne pense pas évoluer sous un système de pigiste. «Je ne suis pas un marchand de tapis. Le contrat tel qu’il est stipulé sous forme de pigiste ne me convenait pas», glisse-t-il.
Sur les relations qu’il entretenait avec les joueurs, Adidas parle de relation basée sur le respect. «Avec mes joueurs, c’est une relation basée sur la confiance et le respect», affirme Adidas, qui souhaite un bon tournoi aux Lions en Chine. Concernant les absences de Gorgui Sy Dieng et Tacko Fall, Abourahmane Ndiaye Adidas refuse qu’on fasse des spéculations sur ça. «Je pense que les joueurs sont sincères et responsables. Tacko Fall, je l’avais appelé, mais je savais qu’il ne pouvait pas venir, c’était juste pour préparer 2021. Sur l’absence de Gorgui par contre, je n’ai pas eu d’information», dit-il.
«Tacko Fall, je savais qu’il ne pouvait pas venir»
Evoquant son successeur, Abdourahmane Ndiaye n’a pas fait dans la dentelle et refuse d’être un traitre. «Quand on m’avait proposé l’équipe féminine après Tapha Gaye, j’ai refusé. Moi je ne trahis personne. Que Dieu m’en garde», fulmine-t-il. Affirmant que c’est la chance à Tapha Gaye d’être le coach des Lions, car il est compétent, Abdourahmane Ndiaye assure qu’il ignore les raisons qui l’ont poussé à accepter d’être son successeur. «Ou bien demandez à ceux qui lui ont proposé un contrat tard dans la nuit (rire) pour qu’il soit d’accord», se marre-t-il. Pour la liste des Lions dévoilée par son successeur, Adidas refuse de la commenter mais demande des réponses sur les sorties et la réintégration de certains joueurs.
Marieme NDIAYE