Les candidats battus à la présidentielle sont très méritants, car ayant combattu à armes inégales, devant un président sortant qui, pour lui, a triomphé par «le non-respect des règles, l’absence d’éthique et la corruption massive». C’est la conviction d’Abdoul Mbaye, pour qui, si le Sénégal est resté en paix à l’issue du scrutin du 24 février dernier, le mérite revient plus aux opposants, qui ont pris sur eux de subir la violence électorale, exercée sur eux par le pouvoir qui aurait préféré le chaos à une non-réélection de Macky Sall.
Le président de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail (Act) dénonce la manière dont les résultats de la présidentielle sont commentés dans certains milieux. «Vingt mandats ne procurent guère que cent ans de pouvoir au Sénégal. Celui de Pharaon dura des milliers d’années. Il a suffi d’un ordre de Dieu (SWT) aux eaux ; Pharaon périt et Moussa fut sauvé, avec lui ceux qui croyaient», soutient-il d’emblée. Considérant que Dieu «Lui Seul sait pourquoi, quand et comment», Abdoul Mbaye invite les uns et les autres à éviter de prendre à leur compte «les futurs qui se réalisent lorsque leurs issues pourraient nous surprendre».
Par contre, soutient-il, on doit soigner nos relations, entre nous Sénégalais, de quelque bord que puissent être les uns et les autres. «Laissons au moins leur honneur à ceux qui perdent, en particulier lorsque le combat a été inégal par l’usage de la force, par le non-respect des règles, l’absence d’éthique et la corruption massive», dit-il. Non sans ajouter que «la paix n’est pas à mettre au crédit de ceux qui ont créé les conditions d’une explosion qu’ils auraient préférée à une non réélection». Au contraire, pense-t-il, cette paix que le Sénégal vit après une présidentielle qui a nourri beaucoup de craintes «est largement due à ceux qui ont préféré subir une violence électorale dans la durée plutôt que de la remettre en cause». C’est pourquoi, sans le citer nommément, il a magnifié les propos de Serigne Mountakha Mbacké à Idrissa Seck, qui lui a rendu visite après la présidentielle, lors de laquelle il a été classé 2ème. «Certaines grandes figures ont magnifié cette attitude (pacifiste) comme la plus illustre des victoires». Le Khalife général des Mourides avait dit au leader de «Idy 2019», qu’avec leur attitude pacifiste après le scrutin du 24 février dernier, ils avaient «très grande victoire».
En définitive, pour Abdoul Mbaye. Ce qui est le plus important, ce n’est pas de chanter victoire, mais de se mettre au travail et satisfaire les préoccupations des Sénégalais. C’est avoir réussi cette mission durant le mandat à venir, que Macky Sall et Cie pourront crier victoire. «Évitons aussi de chanter trop tôt victoire, surtout lorsque sans gloire. Souvenons-nous également que celle politique ne vient pas avec l’élection. Elle s’apprécie à la fin du mandat, par son exécution conforme et l’amélioration des conditions de vie de ses concitoyens.
Prions plutôt pour le mieux-être des Sénégalais à bâtir sur les cinq prochaines années», soutient-il.
Mbaye THIANDOUM