A Teungueth Football Club, on aime la perfection. Avec un matelas confortable à mi-saison de la Ligue Pro, l’équipe où les hommes qui sont derrière ses performances véhiculent un management digne des clubs européens. Pour en parler, Babacar Ndiaye, le président de Teungueth Football Club, s’ouvre sur les secrets de la réussite actuelle du club.
Structuration
«Déjà il nous fallait un siège fonctionnel de trois étages afin de sortir du cadre du club traditionnel, avec des regroupements pour aller jouer des matchs, prendre des joueurs. Nous avons 4 sièges à Rufisque, sans compter ceux qui travaillent en virtuel, comme le directeur financier qui est au Port, le directeur marketing, Alassane Dia, qui est le directeur technique et sportif, il y a des auditeurs internes, sans compter la petite catégorie gérée par Doudou Sow qui est un ancien professionnel. Il y a aussi des auditeurs, des agents marketing. Rien qu’en termes d’employés, on en est à 120 et nous faisons 120 chèques par mois. Le football, ce n’est pas encore un business au Sénégal, mais il faut le structurer en tant que tel. Même pour acheter des ballons, il faut un bon de commande, il faut de la qualité. Celui qui achète, ce n’est pas celui qui reçoit ; donc il faut un gestionnaire de stock, en gros il faut toute une logistique. Il faut que tout le monde soit là au service des joueurs, pas seulement les seniors; en attestent les résultats des cadets qui ont gagné la semaine passée 2 buts à 0 de même que les juniors (3-0). Cela démontre l’état d’esprit. Peut-être les résultats suivent, mais on n’envie rien aux académies, à part Diambars et Génération Foot qui ont leur propre centre. Quand vous allez en France, le match de Marseille ne se joue pas à la Commanderie, mais au Vélodrome. A Paris, on ne se joue pas au Camp des Loges, mais au Parc des Princes. Donc, il faut qu’on arrive à se départir de cela. Nous voulons aussi stabiliser la petite catégorie. On a beaucoup insisté dessus avec l’académie qui est fonctionnelle. A ce titre, il y a 45 joueurs qui sont internés entre les seniors, les juniors et les cadets. On parle de Babacar Ndiaye et de Youssouph Dabo, mais il y a beaucoup de gens derrière à qui il faut rendre un vibrant hommage. C’est une machine qui travaille et ma satisfaction, c’est que c’est la saison où je suis moins présent dans l’équipe et que ça marche le plus. Cela montre que les gens font leur travail. Avant, je devais voyager et revenir deux semaines, parce que ça n’allait pas. Maintenant, les choses marchent et cela me permet d’aller faire autre chose. Des défaites vont arriver, il y en aura toujours, mais ça ne va rien chambouler. Dia et Dabo font du bon boulot avec leurs staffs. Nous avons deux docteurs qui sont là à temps plein et nous sommes en partenariat avec la clinique Pasteur. Nous travaillons aussi avec deux kinés. Chaque département à sa méthode de travail ; déjà, ils ont tous déposé leurs rapports de la première partie de saison. En gros, ce sont des principes de management et ce n’est pas diable, il faut avoir les gens qui peuvent le faire.»
Investissements
«Nous avons différents partenaires aussi bien en Russie qu’en Europe, qui nous aident aussi en matière de structuration. Les gens pensent que le président finance tout de sa poche, alors que nous avons beaucoup d’activités annexes qui ramènent des revenus. En effet, le foot ne se nourrit pas. On dépense entre 600.000 à 1.000.000 F Cfa. Pour organiser un match à domicile avec une victoire, il vous faut deux (2) millions. Forcément, il faut mettre en place une stratégie pour financer cela. Si vous jouez quatre matchs dans le mois, ça vous fait facilement 6 à 8 millions, vous y rajoutez les juniors et les cadets, vous atteignez facilement 10 millions de frais variables mensuels, sans compter les salaires des joueurs, des administratifs et des kinés. Un bon club tourne entre 10 et 15 millions par mois minimum. Je ne vais pas dire 20 millions, tout le monde va se demander ce que l’on fait. Quand vous respectez cela en dix mois vous êtes à 150 millions. Maintenant, il y a le sponsoring, les recettes des billets avec des activités qui génèrent de revenus. TFC est dans le pétrole, les mines et autres. Par exemple, au lieu de mettre 100 millions dans le club, vous les mettez dans une station d’essence qui appartient à TFC et les revenus sont encaissés par le club.»
Recrutement des joueurs
«Beaucoup de joueurs sont venus parce que le projet sportif les a convaincus. Il y a beaucoup de joueurs que nous n’avons pas retenus parce que c’est l’argent qu’ils mettent en avant. Je lis dans les journaux des joueurs soutenir que TFC les a contactés alors que c’est faux. Si un joueur nous intéresse, on y va à fond. Par exemple, avec Mame Saër Thioune (Ndlr : l’axe central de l’équipe) les discussions n’ont pas duré plus deux jours. Il a visité le siège et vu le challenge et il a signé. Les salaires sont capés et le plus gros salaire ne peut pas être sur les tribunes, alors qu’il y a un jeune qui a 100.000 francs de salaire qui joue. Si vous restez cinq matchs dans les tribunes et que vous ne jouez jamais, vous avez votre partie variable. La ligue Pro fixe à 75.000 francs le salaire réglementaire, on peut payer jusqu’à 250.000 F ou 300.000 francs. Maintenant, si avec 300.000 F Cfa vous ne jouez jamais, il y a une clause qui vous permet de renégocier à la baisse. Par contre, si vous avez 75.000 francs et que vous surperformez, vous avez le droit de venir taper à la porte. Nous l’avons fait pour plusieurs joueurs qui se sont retrouvés avec une bonne augmentation ; de la même façon, on avait des ‘’sénateurs’’ qu’on a laissé partir. Le dernier exemple en date, c’est Roger Gomis, qui a accepté d’être en test pendant un mois pour voir son niveau physique. Il a accepté ce challenge pour gagner sa place. Donc, ce n’est pas un joueur mercenaire que l’on paie 300 à 400.000 et qui va nous dire qu’il veut partir au mois de juin. Alassane Dia nous a concocté un bon plan sur dix ans qui part des U13 jusqu’aux U20.»
Objectifs du club
«Nos objectifs, c’est d’abord faire mieux que l’année dernière (6e). Vu les moyens qu’on avait mis en place, c’était très mauvais, parce qu’entre la 6e et la 9e place, il y avait juste 3 ou 4 buts de différence. Nous voulons être beaucoup plus constants cette année parce que nous avons perdu 6 à 7 matchs sur les dix dernières minutes la saison passée. Nous voulons surtout faire une saison correcte parce que ce n’était pas évident de se séparer d’un coach et d’en avoir un nouveau avec 90% des joueurs qui sont nouveaux ; aussi donc ce n’était pas évident que la mayonnaise prenne. On voit que dans beaucoup d’équipes, quand il y a de nouveaux joueurs, il faut du temps. C’est pourquoi on a démarré notre période hivernale très tôt et Dieu merci, ça fonctionne. Actuellement, la trêve arrive à bon point, vu le dernier match contre Cneps les joueurs étaient fatigués et nous avons beaucoup de blessés. On va profiter de cette période pour tous les requinquer.»
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