Pour un émigré qui a passé 19 ans en Italie, Khassim Sarr est rentré au Sénégal les mains vides. C'est la grande-sœur de son épouse, Arame Guèye, qui l’aurait escroqué de la somme de 40 millions F Cfa. C'est pour des faits d'abus de confiance qu'il l'a traduite, hier lundi, devant le juge correctionnel de Dakar et lui réclame 70 millions F Cfa de dommages et intérêts.
C'est avec un exemplaire du Coran et des larmes aux yeux que Khassim Sarr s'est présenté, hier lundi, devant le tribunal correctionnel de Dakar. Cet émigré qui a séjourné longtemps en Italie a vu sa fortune dilapidée par son épouse et la grande-sœur de celle-ci, Arame Guèye. 19 années de sa vie passée en Italie sont réduites en cendres à cause de ces deux dames qui l’auraient grugé du montant de 40 millions F Cfa. Très touché par cette escroquerie présumée, l'homme marié est rentré au pays bredouille. Mais il a eu seulement à traduire en justice Arame Guèye pour des faits d'abus de confiance. C'est à cette dernière que le plaignant envoyait son argent depuis l'Italie durant tout le temps qu'il a séjourné là-bas.
En effet, lorsque Khassim Sarr s'est marié avec Ndatté Guèye, avec qui il a eu trois enfants, la confiance s'est installée avec les relations qu'il a tissées avec la famille de son épouse. Et quand il a décidé de tenter l'aventure, il a commencé à confier de l'argent à la grande-sœur, Arame Guèye. A en croire l’émigré, il envoyait ses sous à Arame Guèye par le biais d'autres compatriotes qui rentraient au pays. Et quand est venu le moment d'acheter une parcelle, Khassim Sarr s'est rapproché de Arame Guèye pour lui demander son dû. Celle-ci lui aurait clairement dit que l’argent appartient à sa petite-sœur, Ndatté Guèye. Pis, Arame Guèye lui aurait dit avoir acheté une parcelle avec cet argent.
À la barre du tribunal correctionnel, Arame Guèye a réitéré les mêmes aveux. La commerçante a dit au juge que c'est à sa petite-sœur qu'elle a acheté un terrain auprès du notaire Moussa Ndiaye. "Ce titre foncier, qui se trouve à Liberté 6 Extension porte le nom de Ndatté Guèye, ma petite sœur. Son époux, Khassim Sarr, n'avait rien lorsqu'il rentrait d'Italie. Pire, il était venu malade et c'est moi qui l'ai soigné avec mes sous. C'est ma sœur qui m'envoyait cet argent depuis 2000. Et c'est avec ça que j'ai acquis cette parcelle à son nom", a livré cette dame.
Son beau-frère Khassim Sarr, pour essayer de faire comprendre au tribunal les contours de cette affaire, a commencé par la genèse. " C'est en 2002 que mon épouse Ndatté Guèye m'a appelé et dit qu'elle avait obtenu un visa pour l'Italie. Je lui ai envoyé de l'argent pour le billet d'avion. Elle est venue et a accouché en 2003. Elle n'a jamais travaillé de sa vie depuis qu'elle est en Italie. Chaque fin du mois, c'est moi qui lui remettais 2000 euros. Je faisais tout pour elle", a-t-il expliqué. La partie civile qui allègue un préjudice de 40 millions poursuit : "lorsque j'étais en Autriche, c'est à Arame Guèye que je confiais mon argent. Je donnais ça à un Baol-Baol qui lui remettait les sommes, mais je n'effectuais pas de transfert d'argent".
Son avocat, Me Mamadou Ciss, est revenu sur les remises. La robe noire a expliqué qu'il n'y a pas eu d’écrits entre les parties parce qu'à l'époque, il n'y avait pas ce système efficace d'envoi ; et que c'est pour cela qu'il avait remis l'argent à de tierces personnes qui l'ont donné à la prévenue. Me Ciss a réclamé 70 millions de dommages et intérêts à Arame Guèye et des frais de mutation qui s'élèvent à 2 millions. Le conseil a souligné que ce montant se justifie parce que le terrain a été acheté depuis des années.
Constitué pour la défense, Me Nohine Mbodji a fustigé le fait que Khassim Sarr revendique avoir versé la somme de 40 millions F Cfa de 2003 jusqu'en 2022 à Arame Guèye alors qu'il n'a aucun écrit qui le prouve. D'après Me Mbodji, il y a des reçus de notaire versés dans la procédure et qui attestent que c'est Arame Guèye qui a reçu des sommes de sa sœur Ndatté pour l'acquisition de ce terrain. "Il n'y a pas de remise. Arame Guèye a exécuté un mandat qui lui a été donné par sa sœur", a-t-il plaidé en demandant à ce que sa cliente Arame Guèye soit purement et simplement relaxée. Délibéré au 25 septembre prochain.
Fatou D. DIONE