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TROIS ÉCOLES DE FORMATION EN SANTÉ TRAÎNENT EN JUSTICE ISMAÏLA MBAYE ET LUI RÉCLAMENT 100.000.000 F CFA DE DÉDOMMAGEMENT



TROIS ÉCOLES DE FORMATION EN SANTÉ TRAÎNENT EN JUSTICE ISMAÏLA MBAYE ET LUI RÉCLAMENT 100.000.000 F CFA DE DÉDOMMAGEMENT

Il est reproché au président de l'Association des infirmiers du Sénégal d'avoir traité de "criminels" les diplômés de ces instituts
 
 
 
Ismaïla Mbaye, président de l'Association des infirmiers du Sénégal et Khady Ndama Sow, la directrice de publication de «Infomed magazine» ont été attraits la semaine dernière devant le tribunal correctionnel de Dakar pour diffamation et complicité. Les trois écoles de formation constituées parties civiles dans cette affaire leur réclament solidairement 100 millions en guise de réparation, puisqu'elles estiment que le fait qu'on traite leur diplômés de "criminels" dans un article de presse porte atteinte à la réputation de leurs instituts.
 
 
Ismaïla Mbaye, chef du service des soins infirmiers de l'Hôpital Cheikh Ahmadou Bamba Khadim Rassoul de Touba et président de l'Association nationale des infirmiers et infirmières diplômés du Sénégal a été traîné en justice la semaine dernière. Il est poursuivi pour des faits de complicité de diffamation. Son acolyte, Khady Ndama Sow, en sa qualité de directrice de publication de «Infomed magazine», et prévenue de diffamation, a fait défaut lors du procès. Ils sont traînés en justice par le sieur Ibrahima Coulibaly, Directeur général de l'institut universitaire professionnel en santé (Iup Santé), Babacar Guèye, Directeur général de l'Institut supérieur des sciences de la santé, (Sup de Santé) et Mme Kowry Sow, Directrice générale de l'Institut Santé Service. Cette procédure initiée contre les prévenus fait suite à la publication d'un article de presse de Ismaïla Mbaye sur «Infomed magazine» le 15 octobre 2023.
 
Les reproches
 
 En effet, dans cet article intitulé "Problématique de la formation des infirmiers au Sénégal", Ismaïla Mbaye a traité de "criminels" les diplômés de ces écoles de santé. "Il nous a été donné de constater que des écoles de formation en santé (pour avoir été accréditées et certifiées) continuent à délivrer des attestations de licences en sciences infirmières et obstétricales à des étudiants qui les font valoir comme diplômes à l'exercice professionnel. Cette pratique crée un profond bouleversement et un désordre sans précédent dans le milieu professionnel et, mieux, un risque potentiel à l'encontre de la qualité des soins et la sécurité des usagers. Vu que plus de 80% des populations reçoivent des soins délivrés par les infirmiers, il serait évident que personne ne serait à l'abri. Car, il serait produit des personnels hétérogènes non qualifiés, des "criminels" en puissance autorisés à exercer des soins infirmiers dangereux pour les patients en sursis. Cette situation laisse entrevoir des conséquences néfastes sur la population exposée aux risques incommensurables des prestations de "bourreaux légitimes" diplômés et légaux parce que engagés dans une relation contractuelle avec l'Etat ou ses démembrements ou du secteur privé. Aussi, elle constitue une limite à la mobilité des infirmiers professionnels au niveau international", avait-il dit dans ses écrits.
Ce sont ces allégations qui ont valu à Khady Ndama Sow et Ismaïla Mbaye une citation directe. Parce que ces trois écoles de formation en santé qui se sont constituées parties civiles ont estimé que ces accusations formulées contre elles "sont attentatoires à l'honneur et diffamatoires" à leur encontre, puisqu'elles sont des instituts agréés et habilités par l'organisme étatique l'Anaq-Sup, d'autant que ce sont les agents de santé (infirmiers ou sage-femmes) issus de leur formation qui sont indexés et visés dans l'article en cause comme étant "des criminels en puissance" et des "bourreaux légitimes". Ceci, selon les parties civiles, est un préjudice qui leur a été causé et doit être intégralement réparé. De ce fait, ces écoles de formation, pour leur constitution de partie civile, réclament solidairement la somme de 100.000.000 F Cfa à Ismaïla Mbaye et Khady Ndama Sow.
 
Ismaïla Mbaye se défend
 
Cette dernière n'est pas venue se défendre lorsque l'affaire a été plaidée à la barre. Seul Ismaïla Mbaye a comparu en contestant tout. Marié et père de 2 enfants, le quinquagénaire a déclaré avoir agi en sa qualité de personne morale de l'Association des infirmiers du Sénégal dont il le président. "Nous sommes pour la promotion de nos qualités de soins au Sénégal. Je reconnais avoir écrit et publié ces écrits. Mais je ne les ai pas visés ni cités dans mes écrits. J'ai juste parlé dans le cadre général", soutient-il. L'une des parties civiles, présente à la barre, Ibrahima Coulibaly, Directeur général de l'Institut universitaire professionnel en santé, a soutenu que le fait que le prévenu Ismaïla Mbaye traite leurs diplômés de criminels met en péril leur qualité de formateur. "Dans ses propos, il y a deux niveaux de diffamation. Il a dit que nos diplômes ne sont pas reconnus. Tenir des propos en disant que ces établissements accrédités forment des criminels et font entrave à la mobilité des étudiants est de trop. C'est totalement erroné. Alors que nous délivrons des diplômes qui sont contresignés par le ministre de l'Enseignement supérieur", a-t-il attesté.
L'avocat du plaignant a soutenu que Ismaïla Mbaye dans son article devait dire : "à part ces instituts, tous les autres sont dans l'informel". La robe noire de poursuivre : "ces trois écoles qui vous ont saisi sont sous la tutelle du ministère de la Santé. Aucune bonne foi ne peut être retenue en sa faveur. Le site de ses collègues a produit une lettre d'excuses que je vous dépose. Ils ont dit que s'ils savaient que c'était ça, ils n'allaient pas publier l'article dans leur site de santé Infomed". Le procureur ayant requis l'application de la loi, l'un des avocats de la défense, en l'occurrence Me Seyba Danfakha, a précisé que dans le cadre de ses propos, la partie civile n’a pas été citée nommément. "Mon client est le président de l'Association des infirmiers du Sénégal, ce qui fait qu'il a un rôle avant-gardiste et d'alerte. Il dénonce. C'est là qu'il s'est posé la question de savoir comment des gens qui n'ont pas de diplômes peuvent exercer. Il n'a pas été rapporté que ces faits portent atteinte à un corps. Cette procédure n’a pas sa raison d'être", a plaidé le conseil qui demande la relaxe afin que son client, qui est en détention depuis 8 mois puisse recouvrer la liberté. Son confrère Me Abdourahmane Diallo dira que l'article de son client n'a jamais visé l'école de Ibrahima Coulibaly, puisqu'il a parlé de la problématique de la formation des infirmiers du Sénégal. Délibéré au 8 janvier 2025.
 
Fatou D. DIONE
 
 
 
 
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