C’est à travers une «lettre ouverte» et des «conseils à un jeune politicien nouvellement promu à un haut poste de responsabilité» que l’Abbé André Latyr Ndiaye a énergiquement répondu à la volonté du Premier ministre Ousmane Sonko de mettre fin à l’interdiction du port du voile dans les établissements scolaires catholiques. Le religieux, sans le citer, s’attaque violement au Premier ministre, l’invite à «discipliner son langage» et à être poli. Le curé de la paroisse de Gorée dira à l’endroit de Ousmane Sonko que «le combat politique n´est pas le combat de dieu ni le combat pour dieu !». Allant jusqu’à entrer dans la vie privée du Premier ministre, l’Abbé André Latyr Ndiaye écrit : «certaines langues, certaines mains et certains pantalons sont disqualifiés pour mener les combats de Dieu, les combats pour les symboles religieux».
L’Abbé André Latyr Ndiaye a peu goûtté la sortie du Premier ministre sur l’interdiction du port du voile dans certains établissements. Avant-hier, le curé de la paroisse de Gorée a publié une lettre ouverte qu’il titre «conseils à un jeune politicien nouvellement promu à un haut poste de responsabilité». Rappelant le célèbre proverbe latin «qui aime bien, châtie bien», le religieux connu pour ses prises de position politiques, invite son interlocuteur, le Premier ministre Ousmane Sonko, à la politesse qui, dit-il, est «l´apanage, le langage des rois et des princes». Citant la déclaration de Ousmane Sonko : «on n´acceptera plus l’interdiction du voile dans les établissements scolaires !», l’Abbé André Latyr Ndiaye note : «à l´évidence, nous n’avons pas besoin d´être des ‘’saltigués’’ pour savoir et décoder qu’un orage se prépare à l´horizon, dans le ciel de la rentrée scolaire prochaine 2024-2025.» Après avoir demandé si ces propos sont des menaces ou une déclaration de guerre, l’Abbé déclare ne pas pouvoir répondre. «Seul vous qui êtes l´auteur de ces propos pouvez répondre. J´ose seulement espérer pour ma part que ce n´est pas là le résumé ou la synthèse du Projet ou de la Déclaration de politique générale que tout le monde attend comme le retour de Godot…», clashe-t-il. Avant de sermonner : «quand on s´adresse à une institution ou à une minorité, fut-elle négligeable, insignifiante, dérisoire pour certains religieux pharisiens, la politesse et le respect doivent être de mise. Un langage contient non seulement une forme d´éducation, de culture, mais aussi des éléments constitutifs d´une société : gestion des émotions et code de politesse».
Assurant que l’école privée catholique est polie, le curé tacle Sonko : «on ne tance pas une institution en public ; on ne parle pas à une institution sur le ton de la menace ! Allez apprendre ce que signifie dialoguer avec les institutions !».
«La politique est une affaire aussi de politesse et non d´arrogance ni d´inélégance, de précipitation»
Abbé Latyr Ndiaye dira ensuite qu’un jour et un lieu de célébration de l´Excellence et du Savoir tel que le Concours général, ne devrait pas servir de prétexte pour faire une pareille déclaration, ‘’comme si on voulait déverser une bile longtemps accumulée dans son ventre’’. La politique, dit-il, est une affaire aussi de politesse, de sagesse de courage, de prudence et d´audace, d´élégance et non d´arrogance ni d´inélégance, de précipitation.
Mais il dit à qui veut l’entendre que l’Eglise n´a pas peur du voile qui, dit-il, fait partie de son patrimoine, de sa liturgie, de sa paramentique (de son habillement). «Je fais partie des 2 milliards et quelques disciples de Jésus Christ crucifié sur une croix, mort et ressuscité et non un disciple d’un Jésus Christ qu´on aurait échangé avant la crucifixion avec un autre. Ce Jésus Christ n´est pas le mien. Je ne crois pas en un fuyard qui aurait échappé à la souffrance et à la mort. Jésus Christ nous a vaccinés contre la peur», a-t-il fait savoir.
«Sortez de votre bulle d´opposant, sortez maintenant du "Gatsa-Gatsa", riez…»
André Latyr Ndiaye de prodiguer des conseils : «sortez de votre bulle d´opposant, sortez maintenant du "Gatsa-Gatsa", riez, détendez-vous, éclatez-vous, libérez-vous de votre scaphandre d´opposant. Marchez librement comme le jeune David et non en "Dandy", en guerrier comme Goliath suffocant et étouffant dans son armure de guerre en bronze !» tout en lui rappelant que «la guerre est finie, une autre commence : la bataille contre la vie chère, contre le chômage, la pauvreté etc.».
«Certaines langues, certaines mains et certains pantalons sont disqualifiés pour mener les combats de Dieu»
Avant de finir, l’abbé portera un coup, sans le citer, à Ousmane Sonko. «Certaines langues, certaines mains et certains pantalons sont disqualifiés pour mener les combats de Dieu, les combats pour les symboles religieux. Que d´autres mènent ce combat du voile et Dieu qui voit tout saura reconnaitre les siens», attaque-t-il, invitant à éviter la vitesse et la précipitation, les déclarations va-t’en guerre. «C´est encore un conseil. Changez votre rhétorique de guerre, sinon elle risque de vous perdre. Le roi de Babylone, Nabuchodonosor, a vu en plein festin un doigt géant écrire sur le mur : ‘’Méné Téké Ou Pharsi !’’ Allez comprendre ce que ces mots signifient», invite-t-il pour finir.
Sidy Djimby NDAO