A quelques jours du Grand Magal de Touba, les délégations d’hommes politiques et autres personnalités continuent d’affluer vers la ville sainte de Touba. Le porte-parole du Khalife des Mourides a profité de l’une de ses audiences pour sermonner les hommes politiques, mais aussi demander aux Sénégalais de tirer des leçons du passé. Serigne Bassirou Abdou Khadre ne comprend pas pourquoi les hommes politiques changent complètement de discours dès qu’ils arrivent au pouvoir et pourquoi les Sénégalais tirent sur chaque président en exercice et adulent les opposants, qui subissent le même sort dès que la situation se renverse.
Serigne Bassirou Mbacké Abdou Khadre a reçu hier le député Tahirou Sarr qui est passé faire son ziar d’avant Magal. Une occasion saisie par le porte-parole du Khalife des Mourides pour partager quelques inquiétudes qui le troublent. «Ce qui m’étonne dans le comportement des Sénégalais, c’est qu’ils sont prompts à critiquer tous les Présidents en exercice, et à aduler les opposants», a-t-il laissé entendre. Pour les politiciens, c’est la versatilité avec laquelle ils évoluent qui choque le porte-parole du Khalife des Mourides. «Les discours qu’ils tiennent quand ils cherchent le pouvoir, ils ne veulent plus les entendre une fois élus».
Evoquant 2011, Serigne Bassirou Abdou Khadre Mbacké rappelle : «De nombreux politiciens exigeaient à cette époque des chefs religieux qu’ils se tiennent à l’écart de la politique. Pourtant, une fois au pouvoir, ce sont les mêmes qui reviennent leur demander de s’exprimer».
«Les Sénégalais ne semblent pas tirer des leçons du passé»
A en croire Serigne Bassirou Mbacké Abdou Khadre, les Sénégalais qui ont combattu Abdoulaye Wade pour acclamer Macky Sall ont été aussi les tombeurs du leader de l’Apr. «Les Sénégalais ne semblent pas tirer des leçons du passé : les choses se répètent, seuls les acteurs changent. En 2009, ceux qui sont venus se plaindre de Wade, parce qu’ils roulaient pour Macky Sall, étaient les mêmes qui se sont plaints de Macky pour dérouler le tapis rouge à ce nouveau régime. Et maintenant, ils commencent à venir se plaindre d’eux ; finalement on ne sait à quoi s’en tenir».
Pour lui, la meilleure attitude, la seule pour un chef religieux, reste celle adoptée par Serigne Saliou Mbacké : «quand on l’interpellait, il répondait simplement que seule sa religion l’intéressait et qu’il n’éprouvait aucun intérêt pour rien d’autre».
«Lors des événements de 2021, Serigne Mountakha m’a confié…»
En 2021, lors des troubles qui ont traversé le Sénégal, renseigne le porte-parole du Khalife des Mourides, Serigne Mountakha lui avait confié : «tout le monde m’interpelle pour que je me prononce sur ce qui se passe, mais dès que j’essaie de calmer l’opposition, elle aussi va penser qu’elle devra venir me voir à chaque fois qu’elle se sentira frustrée, alors que je n’ai pas le temps pour cela», dit-il.
Serigne Bassirou Mbacké Abdou Khadre invite donc tous les hommes politiques à revoir leur posture. «Que chaque politicien qui arrive au pouvoir essaye au maximum de matérialiser les promesses pour lesquelles les Sénégalais ont porté leur choix sur lui. ; il faut aussi que vous mettiez l’intérêt du Sénégal au-dessus de tout et c’est la stabilité qui prime sur tout», les exhorte-t-il.
«Quand ils sont dans l’opposition, ils souhaitent que le pays brûle pour avoir de la matière à débattre»
A en croire Serigne Bass Abdou Khadre, quand ils sont dans l’opposition, ils souhaitent que le pays brûle pour avoir de la matière à débattre. «On peut penser différemment sans être des ennemis. En politique, chacun est libre de militer et défendre les idées qu’il veut, mais cela ne doit pas menacer la stabilité et la cohésion sociale. Quand les Sénégalais sont déçus d’un régime, ils cherchent coûte que coûte à le remplacer sans penser à la suite».
Nd. Kh. D. F












