Le Bureau national du Syndicat unitaire et démocratique des enseignants du Sénégal - Enseignement supérieur et Recherche (Sudes-Esr) réagit vivement à l’annonce du recrutement exceptionnel de 500 enseignants-chercheurs. Une avancée qu’il juge largement insuffisante face à l’ampleur des défis qui se dressent devant.
L’annonce du recrutement exceptionnel de 500 enseignants-chercheurs ne satisfait ps totalement le Syndicat unitaire et démocratique des enseignants du Sénégal – Enseignement supérieur et Recherche (Sudes-Esr). Dans un communiqué, le syndicat salue certes l’initiative, mais n’en marque pas moins ses réserves sur ce qu’il considère comme une mesure symbolique, loin de répondre aux besoins réels des universités publiques sénégalaises. Selon le syndicat, ces 500 recrues constituent la partie visible de l’iceberg par rapport au besoin réel exprimé. «C’est une avancée certes, mais une goutte d’eau dans l’océan», martèle le Bureau national du Sudes-Esr, qui rappelle que cette revendication figure parmi ses doléances constantes depuis plusieurs années.
Des ratios alarmants et un encadrement déficient
Pour le Sudes-Esr, les universités sénégalaises affichent des ratios enseignants-étudiants souvent supérieurs à 1 pour 100, loin du seuil recommandé par l’Unesco, fixé à 1 enseignant pour 25 étudiants. La conséquence, souligne le syndicat : «c’est un encadrement pédagogique qui se détériore, un allongement des délais de soutenance, une baisse de la qualité de la recherche et une surcharge chronique pour les enseignants-chercheurs en poste».
Dans ce contexte, le recrutement de 500 Per (personnels d’enseignement et de recherche) ne saurait constituer une solution de fond. Pire encore, estime le syndicat, cette décision pourrait se réduire à un effet d’annonce si elle n’est pas intégrée dans une vision à long terme du développement du secteur. «Nous ne pouvons pas nous satisfaire de mesures ponctuelles. Ce recrutement doit être le point de départ d’une réforme ambitieuse et durable», prévient le Sudes-Esr.
Un Plan Marshall pour le supérieur
Face à la gravité de la situation, le Sudes-Esr appelle à l’adoption d’un Plan Marshall pour l’enseignement supérieur sénégalais. Ce plan, déjà proposé par le syndicat depuis plusieurs années, prévoit le recrutement immédiat de 1500 enseignants-chercheurs, pour ramener le ratio à 1/50, seuil jugé acceptable à court terme. À cela s’ajouterait un engagement de l’État à procéder chaque année au recrutement d’au moins 500 enseignants sur une période de cinq ans, soit un total de 4000 nouveaux Per d’ici 2030. «Le déficit actuel est tel qu’un rattrapage massif s’impose. On ne pourra pas inverser la courbe du délabrement universitaire avec des rustines. Il faut une volonté politique forte et des moyens conséquents», insiste le Bureau national.
Équité académique et territoriale exigée
Au-delà des chiffres, le syndicat attire également l’attention sur la répartition des nouveaux recrutements. Il exhorte les autorités «à garantir une équité disciplinaire et territoriale dans l’affectation des futurs Per, afin d’éviter les déséquilibres déjà observés entre disciplines (sciences exactes, lettres, médecine, ingénierie, etc.) et entre établissements (grandes universités urbaines vs universités de l’intérieur)».
Le Sudes-Esr se dit particulièrement attentif à ce que «ce processus ne devienne pas une opération politisée ou biaisée, au détriment des principes de justice académique». Le syndicat demande aussi que «les critères de sélection soient transparents, rigoureux et fondés sur les besoins pédagogiques avérés des institutions».
Le recrutement de 500 enseignants-chercheurs, précisent-ils, s’il est un début, ne doit pas être une fin. L’avenir de l’université publique, conclut le syndicat, ne peut reposer sur des réponses conjoncturelles. Il faut une stratégie nationale claire, chiffrée et suivie dans le temps. « L’Université a besoin de souffle, d’ambition et de respect. C’est à ce prix qu’elle pourra remplir pleinement ses missions de formation, de recherche et de service à la communauté », conclut le communiqué.
BMS
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