En réalité, le budget du Sénégal en 2024 s’élève à 5755 milliards. En effet, les 7003 milliards évoqués dans le projet de loi de finances prennent en compte l’amortissement de la dette d’un montant de 1248 milliards. Or, ce calcul obéit à l’ancienne méthode comptable qui n’est plus en vigueur, selon des experts. En d’autres termes, le budget équivaut au montant total des dépenses qui est de 5755 milliards.
Dans le cadre du projet pour le renforcement de la justice fiscale au Sénégal du Forum civil, un atelier de renforcement de capacités des journalistes sur l’examen de la loi de finances de l’année 2024 : dépenses et recettes, a été organisé, ce samedi, en partenariat avec la Convention des jeunes reporters du Sénégal (Cjrs). Deux experts du secteur, en l’occurrence Abdou Karim Sock, planificateur expert en Gestion des Finances publiques et Mady Cissé, économiste en analyse financière ont, à cet effet, retracé le processus budgétaire, avant de revenir sur les axes essentiels de la loi de finances 2024, notamment en son volet dépenses. Un exposé qui a permis de faire la différence sur le montant annoncé du budget 2024 qui s’élèverait à 7003 milliards et le chiffre réel du budget 2024 de la loi de finances. En effet, le calcul pour arriver à ce chiffre a été fait sur la base de l’ancienne méthode comptable qui n’est plus en vigueur et en violation de la loi qui régit la loi de finances. Comme énoncé dans le projet de loi de finances 2024 du ministère des Finances et du Budget : « en comparaison de l’ancienne méthode comptable, les chiffres de la loi de finances de 2024 seraient de l’ordre de 7003,6 milliards si on y ajoute l’amortissement de la dette d’un montant de 1248,21 milliards ». En réalité, le budget réel du Sénégal en 2024 est de 5755 milliards si on enlève l’amortissement de la dette. Et, ce montant représente les dépenses totales du budget qui sont projetées à 5755,4 milliards en 2024 contre 5141,9 milliards en 2023, soit une hausse de 613,5 milliards et 11,9% en valeur relative. Ces dépenses sont ainsi réparties : les dépenses sur ressources internes représentent 4832,3 milliards ; les dépenses sur ressources extérieures 701,6 milliards et les dépenses des comptes spéciaux du Trésor (Cst) 221,5 milliards.
L’intérêt sur la dette jugé trop élevé
S’agissant de l’intérêt sur la dette qui culmine à 578 milliards, soit (154 milliards), après (74 milliards) en 2023, les experts ne sont pas convaincus des justificatifs apportés par les autorités qui expliquent ce montant élevé par une dépréciation du franc Cfa par rapport au dollar et une hausse du taux d'intérêt sur le marché régional de la dette. A en croire Abdou Karim Sock et Mady Cissé, le dollar représente 39% du stock de la dette extérieure et 27% stock de la dette totale et les taux variables représentent 15%. En effet, ils sont persuadés qu’avec cette variation, l’intérêt sur la dette ne peut atteindre le montant indiqué. Mieux, ils expliquent, par rapport à ce qu’ils perçoivent comme une seconde incohérence, que la forte hausse est liée aux intérêts sur la dette extérieure ; ce qui leur fait dire que la hausse des taux sur le marché n’a aucun impact. « Est-ce que ce n’est pas à cause des intérêts antérieurs que l’Etat n’aurait pas payé qui justifient ce montant de 578 milliards ?», s’interrogent les deux experts.
M. CISS










