En complicité avec la marraine de sa victime, Marie Audu Umoru avait, depuis le Nigeria, fait voyager sa compatriote Givt Orobosa pour l'obliger à se prostituer. Pour des faits de traite de personnes, de proxénétisme, de complicité de faux et d'usage de faux dans un document administratif, cette commerçante a été jugée devant le tribunal correctionnel de Dakar, hier, mardi 30 décembre 2025. Finalement elle a été reconnue coupable puis condamnée à 6 mois de prison ferme et à payer une amende de 1 million de F Cfa pour les deux premières infractions après avoir été relaxée pour l'autre.
Placée sous mandat de dépôt le 14 mars 2025 pour des faits de traite de personnes, proxénétisme, complicité de faux et d'usage de faux dans un document administratif, Marie Audu Umoru a été jugée hier, devant le tribunal correctionnel de Dakar qui l'a d'ailleurs condamnée à 2 ans de prison dont 6 mois ferme et à payer une amende de 1 million de F Cfa. Ce, après avoir été relaxée des faits de complicité de faux dans un document administratif. Il ressort de la procédure qu'à la date du 11 mars 2025, les autorités de l'ambassade du Nigeria ont accompagné sa compatriote Givt Orobosa pour déposer une plainte contre elle. Entendue, la plaignante révélait aux enquêteurs avoir été convoyée courant 2024 depuis le Nigeria, en passant par le Bénin, pour venir au Sénégal où elle a été hébergée par Marie Audu. Pour les frais de son voyage, elle précisait que la mise en cause, après s'être entendue avec sa marraine établie au Nigeria pour organiser son voyage, avait déboursé 250.000 F Cfa pour la convoyer au Sénégal. Mais, elle devait par la suite rembourser ladite somme à sa logeuse grâce au fruit de sa prostitution. Toujours dans sa déposition, Givt Orobosa révélait qu’une fois au Sénégal, Marie Audu a confisqué son portable avant de l'obliger à se prostituer, pour ensuite lui reverser une partie de l'argent issue de la prostitution.
À son tour, la mise en cause, auditionnée par les agents, confirmait effectivement avoir payé les 250.000 F Cfa pour le voyage de la victime vers le Sénégal ; et disait que celle-ci devait les lui rembourser. Elle ajoutait que sa compatriote devait payer son loyer et se prendre en charge elle-même, même s'il l'a hébergée chez elle.
À la barre du tribunal, Marie Audu a nié ces incriminations contrairement aux aveux qu'elle avait faites à l'enquête. Quand le juge lui a demandé si elle se prostituait à ses heures perdues, elle déclare : "je m'adonnais à cette activité il y a longtemps, mais plus maintenant». Marie Audu a aussi nié les faits de proxénétisme, tout en soutenant que la victime Givt Orobosa n'a fait que 2 mois chez elle, où elle participait au paiement du loyer avant d'envoyer le reste de son argent à sa marraine établie au Nigeria. Elle confiait que la plaignante ne lui a pas remboursé les frais de voyage qu'elle lui a payé gratuitement parce qu'elle lui avait demandé de l'aider à venir au Sénégal.
Dans ses réquisitions, le procureur a requis 2 ans ferme et une amende de 5 millions de F Cfa.
Le Parquet, au cours de ses observations, a laissé entendre que ces faits relèvent de la "criminalité organisée". C'est un réseau avec la complicité de gens qui sont ailleurs et ici dans le pays, soutient-il toujours. Pour la défense, Me Khady Sèye Diallo a affirmé que Givt Orobosa savait qu'elle venait au Sénégal pour s'adonner à la prostitution. «On ne l’a pas forcée», dit-elle. Finalement, sa cliente a été reconnue coupable puis condamnée.
Fatou D. DIONE











