Le député Abdou Mbow, vice-président du groupe parlementaire Wallu-Sénégal, n’a pas mâché ses mots après la présentation du «Plan de redressement économique» par le Premier ministre Ousmane Sonko, hier au Grand Théâtre de Dakar. Entre ironie cinglante et accusations de matraquage fiscal, il fustige une stratégie qu’il juge irréaliste, inefficace et dangereuse pour les ménages sénégalais.
Une mise en scène au lieu d’une relance
Dans une note transmise à la presse aux accents critiques appuyés, Abdou Mbow s’est indigné du contraste entre l’attente des Sénégalais et le « spectacle » livré au Grand Théâtre. « On attendait un plan de redressement, on a eu droit à un plan de raidissement », ironise-t-il, dénonçant une mise en scène plus qu’une stratégie économique. Selon lui, le gouvernement Diomaye-Sonko, en mal de résultats, s’est contenté de slogans et de déclarations d’intention creuses. « Il est venu déclamer, non exposer. Il s’est livré à une récitation idéologique plutôt qu’à un exposé technique de sortie de crise », martèle-t-il, pointant du doigt un exercice de communication politique éloigné des réalités vécues par les Sénégalais.
« Adu Kalpé » et le règne de la taxe
Pour Abdou Mbow, le fond du plan gouvernemental ne laisse aucun doute : il s’agirait d’un programme de pression fiscale camouflée. Il en résume l’esprit en un mot : « Adu Kalpé », littéralement « donne l’argent » en wolof, pour illustrer ce qu’il décrit comme une obsession fiscale maladive. Selon lui, « imaginer que l’on peut redresser une économie à bout de souffle par la pression fiscale est une faute professionnelle grave ». Taxer sans stimuler la création de richesse ne ferait, selon lui, qu’enfoncer davantage les ménages et les entreprises déjà fragilisés. « Cette fiscalisation généralisée va appauvrir les couches vulnérables. Les gens vivent au jour le jour. Toutes ces taxes seront répercutées sur des consommateurs déjà en mode survie. Même les abonnés à Netflix en riront jaune », lance-t-il, moqueur.
Des priorités absentes
Le député de Wallu-Sénégal regrette l’absence de propositions concrètes sur les véritables leviers de relance : soutien au secteur privé, réforme du train de vie de l’État, abandon des caisses noires, rationalisation des agences, investissements productifs, politique de l’emploi tournée vers les jeunes, ou encore développement des infrastructures. « Le discours du Premier ministre n’a apporté aucune réponse aux urgences du moment : croissance, formation, marché libre, compétitivité », déplore-t-il. À ses yeux, le plan présenté n’a ni cohérence stratégique, ni ambition réelle.
Un enchaînement de chimères ?
Dans une formule lapidaire, Abdou Mbow résume la séquence politique du pouvoir actuel : « on a commencé avec Solutions, continué avec Le Projet, bifurqué avec Vision 2050, pour finir avec un plan de redressement sans boussole ». Pour lui, ces concepts successifs ne sont que des « chimères PowerPoint » visant à masquer l’impuissance du gouvernement à remettre le pays sur les rails. Et de prévenir avec sarcasme : « le prochain rendez-vous au Grand Théâtre dans six mois s’appellera sans doute Le Grand Réveil. »
Mais, conclut-il, « le problème, c’est que les Sénégalais n’ont pas fermé l’œil depuis longtemps, tant la précarité les empêche de dormir ».
Baye Modou SARR













