Ancien international sénégalais, passé par l’Italie et l’Angleterre, Pape Waigo Ndiaye revient sur son parcours de footballeur, son expérience en équipe nationale et son engagement pour le développement du football à Saint-Louis et au Sénégal.
Pouvez-vous revenir sur votre parcours de footballeur ?
Bien sûr. J’ai commencé à Saint-Louis, comme beaucoup de jeunes, avec des entraîneurs comme Sarfaké et Grand-Père, au niveau de Diamaguène. En parallèle, je faisais un peu de bêtises (rires), mais le football a vite pris le dessus.
Formé à Aldo Gentina, j’ai eu l’opportunité de partir en Turquie puis en Italie grâce à la collaboration avec Génération Foot. À 17 ans, j’ai intégré l’Hellas Vérone. Deux ans après, j’étais déjà dans l’équipe première et j’ai signé mon premier contrat professionnel.
Par la suite, j’ai joué à Genoa, Fiorentina, Southampton en Angleterre, puis dans plusieurs clubs italiens comme Grosseto ou Ascoli. Après 12 ans en Italie, j’ai poursuivi ma carrière dans le Golfe, à Dubaï, en Arabie Saoudite et à Abu Dhabi. Au total, j’ai évolué dans plus de 16 clubs.
Quels souvenirs gardez-vous de votre passage en Italie ?
En Italie, j’ai tout vécu : les espoirs, les réussites, mais aussi le racisme. J’ai joué dans un club considéré comme l’un des plus racistes du pays. Ce n’était pas facile. Heureusement, mon mental m’a permis de tenir.
Beaucoup de joueurs auraient pu craquer, mais j’ai préféré montrer que nous sommes des hommes respectables, venant d’un grand pays, le Sénégal. Le football, au-delà de la technique et de la tactique, demande un mental solide. C’est ce mental qui m’a permis de franchir les obstacles.
Comment êtes-vous arrivé en équipe nationale ?
C’est grâce à Fede Blanco, un autre joueur sénégalais en Italie. Il a parlé de moi au sélectionneur Henry Kasperczak, qui est venu me voir jouer. Ensuite, il m’a convoqué.
Porter le maillot national est le rêve de tout jeune footballeur sénégalais. J’ai eu plus d’une vingtaine de sélections, dont la Can 2008 au Ghana. C’était un moment fort, même si nous avons vécu des épisodes difficiles.
Pourquoi votre aventure avec les Lions s’est-elle arrêtée après votre départ dans le Golfe ?
À l’époque, les entraîneurs ne regardaient pas les championnats du Golfe. Ils pensaient que les joueurs y allaient seulement pour l’argent. Pourtant, le talent reste le talent, peu importe le championnat.
Aujourd’hui, la Ligue saoudienne est devenue l’une des plus compétitives et les sélections africaines y recrutent. Cela prouve que nous avions raison : le championnat ne détermine pas le niveau d’un joueur.
Comment s’est faite votre reconversion ?
Dès 2005, j’avais créé une école de football à Saint-Louis. Puis, avec l’ASC Ndar Guedj, nous avons progressé jusqu’à la National 2. Beaucoup de jeunes que nous avons formés sont aujourd’hui devenus professionnels, amateurs en Europe ou bien ont trouvé un métier grâce aux valeurs inculquées par le club.
Ensuite, j’ai obtenu mes diplômes d’entraîneur en Italie (Uefa B) et lancé le projet WaigoGo, qui vise à détecter et former les jeunes talents pour leur offrir des opportunités à l’étranger.
Vous êtes aussi proche de la Linguère de Saint-Louis…
Effectivement. La Linguère est l’équipe phare de Saint-Louis. J’ai répondu à l’appel de son président pour apporter mon expertise.
Il n’y a pas de conflit d’intérêts avec Ndar Guedj. Je suis la personne morale du club, mais il est géré par un staff solide depuis plus de quinze ans. Aujourd’hui, si on fait appel à moi pour aider le football saint-louisien, je le fais avec plaisir.
Quel regard portez-vous sur le football sénégalais actuel ?
Le Sénégal a beaucoup progressé, notamment avec la victoire à la Can. Mais il reste des défis. Les anciens internationaux doivent être davantage impliqués dans la réflexion et la gestion du football.
Il faut aussi régler le problème des infrastructures : il est anormal que les enfants n’aient pas de terrains de proximité pour jouer. Le gouvernement et la fédération doivent travailler ensemble sur ce point.
Un dernier mot ?
Le football est une union. Nous devons dépasser les clivages, valoriser les anciens internationaux et offrir plus d’opportunités aux jeunes. C’est ainsi que nous ferons encore grandir le football sénégalais.












