C’est hier que la première étape de la mise à mort du Conseil national de régulation de l’audiovisuel a été franchie. Le ministère de la Communication a présenté à cette occasion au Cnra, à la Cap qui regroupe toutes les associations de la presse, et aux autres partenaires, l’avant-projet de création de la nouvelle autorité administrative indépendante chargée de la régulation des médias.
L’avant-projet de loi visant à mettre en place une nouvelle autorité administrative indépendante chargée de la régulation des médias a été présenté hier par le ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, en présence du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) et de la Coordination des associations de la presse (Cap). Une entité qui va être mise en place pour prendre en charge tous les supports et moyens de communication. Une régulation que le CNRA n’a pu faire et n’a pu contrôler à cause de ses limites surtout géographiques. « Je salue l’idée d’élargir les compétences de la future instance de régulation aux plateformes numérique, mais aussi à la presse écrite et la presse en ligne de manière générale qui aujourd’hui, en dehors des périodes électorales, échappent complètement aux contrôle du régulateur. La création d’un nouvel organe est d’autant plus pertinente qu’aucun média y compris les plateformes numériques ne peut et ne doit être hors du champ de la régulation. Si vous allez dans les régions, il y a des radios communautaires qui diffusent et disent n’importe quoi, on n’est pas à même de savoir ce qu’ils disent. Il y a des discours de haine, des discours ethnicistes, religieux à la limite djihadiste qui prospèrent. On n’a aucun moyen de suivre ce qui s’y passe et d’essayer de réguler. C’est dire l’ampleur de la tâche qui nous attend », se réjouit le président du Cnra.
Et pour étayer ses propos, il reconnait les insuffisances du Cnra qui est obsolète et dépassé par l’évolution et les mutations numériques. « Ce qui fait que les régulateurs se penchent sur les stratégies et mécanismes de régulation des plateformes numériques. C’est ça le nouveau challenge. Le gros défi, c’est la régulation des médias numériques. Le Cnra est obsolète et dépassé depuis très longtemps. Nous sommes passés de l’analogie au numérique avec l’explosion des réseaux et autres. On est complètement largués et incapable de faire notre travail de régulation de manière adéquate. Les médias classiques représentent la portion congrue du champ médiatique. Il faut s’adapter et avoir un nouvel organe aux prérogatives renforcées, aux moyens humains renforcés. Le Cnra n’est pas à même de faire de la régulation », reconnait-il. D’où l’urgence de tout corriger avant que le secteur ne puisse être incontrôlable.
Mamadou Oumar Ndiaye a tenu à expliquer l’urgence de la mise en place de cette nouvelle organe pour se mettre à jour par rapport aux pays de la sous-région et aux organismes dont le Sénégal est membre. « Cette rencontre intervient dans un contexte où les régulateurs à travers les différents réseaux constitués sur le continent, notamment le réseau des instances africaines de régulation de la communication, qui a tenu ses assises en décembre dernier à Abidjan, la plateforme de régulateur des pays de l’Uemoa, le Réseau des régulateurs des médias francophone (Refram) qui va tenir ses assises à partir de lundi prochain à Dakar, dont le Sénégal devra prendra la présidence, sont en profonde mutation », souligne le président du Cnra.
Ainsi, il s’agit d’ores et déjà de la création d'une nouvelle autorité de régulation des médias et des réseaux sociaux au Sénégal. Les acteurs de la presse ont longtemps réclamé la création d’une autre structure qui prendra en charge les médias en ligne et les réseaux dans la régulation et le contrôle des informations livrées à la population. Une initiative motivée par l’obsolescence de la loi N°2006-04 du 4 janvier 2006, qui a institué le Cnra. Toutefois, le président du Cnra fait un témoignage à l’endroit du ministre de la Communication. « Depuis que je suis arrivé, on s’entend parfaitement, même si, au début, il y a quelques mésententes qui sont vite évacuées. Depuis lors, on échange beaucoup. Et surtout tout ce qu’il entreprend, il prend le soin de recueillir l’avis du régulateur que je suis et je me félicite de l’excellence du partenariat entre nos deux structures », a-t-il tenu à préciser.
Baye Modou SARR