C’est effectif : Farba Ngom n’est plus couvert par son immunité parlementaire. L’Assemblée nationale a suivi la recommandation de la commission ad hoc. Farba Ngom que le procureur de la Centif soupçonne de blanchiment de capitaux, d’escroquerie sur les deniers publics, de corruption, entre autres, peut désormais aller répondre à la justice. Absent à la plénière, ce dernier a été défendu avec hargne par son avocat Aïssata Tall Sall et Abdou Mbow qui est intervenu comme orateur contre. Par solidarité à leur collègue, certains membres de Takku-Wallu ont quitté la salle avant le vote. Cheikh Oumar Ann, Nafy Kane et Moussa Hamady Sarr ont voté ‘’contre’’. Pour leur part, Amadou Ba, Tafsir Thioye et Mbaye Dionne ont voté abstention.
La XVème législature a procédé hier à sa première levée d’immunité parlementaire. Les parlementaires qui ont reçu les conclusions de la commission ad hoc en plénière ont décidé de les suivre dans leur majorité. En effet, 130 députés ont voté pour la levée de l’immunité parlementaire de Farba Ngom. Amadou Ba, qui se faisait rare à l’hémicycle, est venu assister à la plénière. Et avec Tafsir Thioye et Mbaye Dionne, l’ancien Premier ministre a voté abstention. Cheikh Oumar Ann, Nafy Kane et Moussa Amady Sarr, tous de Podor, ont voté ‘’contre’’.
Me Abdoulaye Tall : «les droits de Farba Ngom ont été respectés tout au long de la procédure»
Auparavant, le président de la commission ad hoc est revenu sur les contours de leur travail. Abdoulaye Tall, a soutenu que les droits de Farba Ngom ont été respectés tout au long de la procédure. «Il n’y a jamais eu de précipitation ou d’accélération de la procédure. L’Assemblee nationale a été saisie le 10 janvier, la plénière est convoquée deux semaines après pour statuer sur la levée ou non de l’immunité parlementaire de notre collègue. Contrairement à ce qui se faisait», martèle Me Tall, qui poursuit : «nous avons vu des procédures accélérées en 72 ou même 48 heures, en fast-track, pour procéder à la levée de l’immunité parlementaire d’un député».
Ousmane Diagne plaide la levée de l’immunité
A la suite de Abdoulaye Tall, c’est Youngar Dione qui a livré sa contribution. Ce dernier de faire noter l’ironie des choses. «Le député concerné fait partie de ceux qui avaient voté l’article 66 de la Constitution qui traite la question du blanchiment de capitaux, le 2 février 2024», révèle M. Dione.
Ousmane Diagne, ministre de la Justice, garde des Sceaux, a lui aussi expliqué les motivations qui l’ont poussé à demander la levée de l’immunité parlementaire de Farba Ngom. «En donnant suite à cette demande, j’ai saisi l’Assemblée nationale», explique le ministre de la Justice. Selon ce dernier, la procédure qui a été initiée se fonde sur l’article 66 de la loi N°2024-08 du 14 février 2024 relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive. A en croire Ousmane Diagne, dans ce cas d’espèce, le procureur ne peut ni apprécier l’opportunité des poursuites ni ordonner l’ouverture d’une enquête, souligne le ministre de la Justice qui réitère sa demande tendant à ordonner la levée de l’immunité parlementaire de Farba Ngom «pour permettre à la justice de faire toute la lumière sur les faits incriminés ».
Aïssata Tall Sall : «l’honorable Farba Ngom a confié son sort à Allah»
Aïssata Tall Sall, en sa qualité de défenseur de Farba Ngom, fait noter d’emblée que l’Assemblee nationale a rendez-vous avec l’histoire, parce qu’il leur est demandé de poser un acte grave et solennel. «Avons-nous été juste avec notre collègue Mouhamadou Ngom lorsqu’il leur a suffi de 10 jours le week end y compris pour statuer dans la précipitation cette demande de levée de l’immunité parlementaire, sans dossier. Avons-nous été juste lorsque nous sommes juge le jour et procureur impitoyable la nuit», affirme Aïssata Tall Sall. Qui affirme : «notre honorable collègue n’a jamais demandé une quelconque protection parce que dans le Fouta lointain d’où nous sommes originaires, il nous est appris une chose : ‘’vivre dans la peur est un échec de la vie’’. Nous n’avons pas peur de la mort et c’est pour cela que nous n’avons pas peur de la vie. Mouhamadou Ngom est prêt à affronter la vie parce qu’il sait qu’il va affronter, un jour, la mort. Ici, dans cette assemblée, l’honorable Farba Ngom a confié son sort à Allah Swt, le Seul et dernier et le Meilleur Juge. C’est le juge qui jugera ceux-là qui ont jugé», clame-t-elle.
Abdou Mbow demande des poursuites contre Pastef
Abdou Mbow a fait office de l’orateur contre, comme le prévoit l’article 52. «Je suis contre cette forfaiture qu’on veut faire, sur la forme d’abord. C’est la première fois dans l’histoire politique qu’on veut lever l’immunité parlementaire d’un député et que tous les membres du bureau de la commission soient d’un seul groupe parlementaire», regrette Abdou Mbow, qui rappelle que lors de la levée de l’immunité parlementaire de Ousmane Sonko, le premier vice-président de la commission ad hoc est l’actuel ministre de l’Education nationale, Moustapha Guirassy. M. Mbow d’interpeller le ministre de la Justice pour démentir les allégations relatives à la disponibilité du dossier. « On nous dit qu’il n’y a jamais eu de dossier dans une procédure de levée d’immunité parlementaire, c’est totalement faux. Vous êtes un magistrat, vous pouvez témoigner qu’à chaque fois qu’il y a eu une demande, ça a été motivé. Pour Ousmane Sonko, on nous a donné 15 documents», assure Abdou Mbow qui les a listés.
L’ancien président du groupe parlementaire Benno est convaincu que celui qu’on doit poursuivre, c’est le Pastef, pour «escroquerie politique portant sur une manipulation à exécuter une commande politique du Premier ministre Ousmane, en utilisant frauduleusement le Règlement intérieur de l’Assemblée nationale».
Les députés de Takku-Wallu boycottent le vote
A la fin de son intervention, Abdou Mbow a demandé à ses collègues de se retirer pour ne pas participer à «cette mascarade». Tous les députés de Takku-Wallu présents ont donc quitté la salle avant le vote.
Une déclaration qui a fait sortir les députés de Pastef de leurs gonds. Certains ont voulu pendre la parole pour répondre à Abdou Mbow, mais le président de l’Assemblée nationale a dit niet, leur demandant de respecter le Règlement intérieur.
Ndèye Khady D. FALL









