Face aux attaques syndicales et aux accusations de mauvaise gouvernance, le Directeur général de la Radiotélévision sénégalaise (Rts), Pape Alé Niang, a décidé de parler sans détour. Dans une sortie musclée, il a levé le voile sur ce qu’il qualifie de gestion calamiteuse héritée de son prédécesseur, Racine Talla, affirmant avoir trouvé une entreprise publique asphyxiée par les dettes, plombée par des engagements financiers incontrôlés et marquée par des investissements opaques, notamment autour de la très controversée Tour de la Rts.
«Quand je suis arrivé à la tête de la Rts, j’ai hérité d’une dette globale de 26 milliards de francs Cfa. C’est vérifiable», assène le Dg. Dans son inventaire, Pape Alé Niang détaille une série d’engagements financiers accumulés bien avant son arrivée. Il évoque notamment un stock d’ordres de mission impayés. «Depuis que je suis là, je paie tous les ordres de mission. Mais ce stock de 50 millions, nous avons été obligés de le gérer par moratoire», précise-t-il.
À cela s’ajoutent les dettes envers la mutuelle, que le Dg dit avoir ordonné de payer intégralement, ainsi que 180 millions dus à la coopérative des agents. Mais le passif le plus lourd reste celui contracté envers l’Ipm. «L’ancienne direction devait plus de 350 millions à l’Ipm. J’ai déjà épongé près de 200 millions», affirme-t-il. Il évoque également un droit au repos non payé, évalué à près de 90 millions de francs Cfa, dont le règlement est «presque achevé», après proposition d’un moratoire accepté.
Face à ce tableau sombre, Pape Alé Niang assume une ligne claire, priorité absolue au redressement financier. «Je leur avais dit clairement qu’en 2025, on ne ferait que de l’assainissement des finances. Pas de promesses démagogiques, pas de nouvelles charges», martèle-t-il. Il insiste sur un point qu’il juge fondamental. «La direction actuelle ne doit aucun franc à aucun agent de la Rts en guise d’avantage». Concernant les avances de Tabaski, il dénonce ce qu’il considère comme une pratique irrégulière. «Ils ne peuvent pas avoir deux avances de Tabaski : une avec la caisse de la Rts et une autre avec l’État. On en a discuté, ils en ont reçue une, et pourtant certains affirment n’avoir rien reçu».
Le Dg rappelle que les fonds communs ont été versés au mois de juin, et que pour honorer certains engagements sociaux, la Rts a dû s’endetter auprès des banques. «En 2024, on a contracté une dette pour payer le 13ᵉ mois. Ce sont des faits», tranche-t-il.
Immeuble loué à 10 millions par mois : «j’ai mis fin à ça»
Pape Alé révèle également un autre symbole de ce qu’il considère comme une gestion dispendieuse. «Mon prédécesseur avait loué un immeuble à côté de la gare pour loger les directeurs. La Rts payait 10 millions de francs Cfa hors taxes par mois». C’est dans ce bâtiment qu’a eu lieu la passation de service. Une situation à laquelle Pape Alé Niang dit avoir mis fin. «J’ai résilié le contrat pour être en contact direct avec les employés, tout en continuant à payer les arriérés de loyers». Il précise travailler aujourd’hui dans un bureau improvisé. «La salle où je vous parle servait à recevoir les candidats à la présidentielle de 2024».
La Tour de la Rts, «une escroquerie intellectuelle»
Mais le dossier le plus explosif reste celui de la Tour de la Rts, toujours fermée et non fonctionnelle. «Je vous promets une autre sortie pour vous expliquer la situation réelle de la Tour, afin que vous jugiez vous-mêmes si les 33,34 milliards annoncés ont réellement été investis», lance-t-il. Il révèle que l’entrepreneur réclame aujourd’hui un avenant de 10 milliards supplémentaires pour achever les travaux. «Il y a une véritable escroquerie intellectuelle dans cette affaire», accuse-t-il. Déterminé à aller jusqu’au bout, le Dg annonce : «je tournerai une vidéo à l’intérieur de la Tour pour que les Sénégalais sachent la vérité». Pape Alé Niang le promet pour après les évènements de la Can et certainement du Mondial 2026.











