Le gouverneur de Dakar a reporté tous les combats de lutte jusqu’à nouvel ordre. Une décision prise hier après-midi à l’issue d’une rencontre entre l’autorité et les promoteurs Gaston Mbengue, Pape Abdou Fall, Pape Thialis. Conséquence : le combat revanche Balla Gaye 2 vs Bombardier de ce premier 31 juillet, comme l’autre choc qui devait aussi opposer Papa Sow à SIteu, est évidemment reporté. Mais aussi le combat entre Boy Niang et Tapha Tine. Les promoteurs acceptent la décision apparemment malgré eux.
Pape Abdou Fall : «c’est la décision des autorités dakaroises d’annuler les combats»
«On est venu voir le gouverneur de Dakar. On lui avait fait des propositions lors de notre première rencontre par rapport aux combats des 31 juillet, 1er aout et les autres qui vont suivre. On lui a proposé d’organiser le reste des combats parce la saison tire à sa fin. Il nous a dit qu’il ne pouvait pas ouvrir les stades parce que les rassemblements sont interdits, ça peut être un vecteur de transmission. On lui a proposé par la suite qu’avec 5000 places, on pouvait s’organiser pour ne pas perdre. Il nous avait donné un rendez-vous aujourd’hui (hier). A notre arrivée, il a mis sur la table deux propositions, à savoir reporter les combats ou organiser dans un huis clos total. On lui a clairement fait comprendre que le huis-clos total ne nous arrange pas. Parce que la lutte, c’est des millions. Il nous a donc dit que si le huis-clos ne nous arrangeait pas, il n’y a que le report qui est possible. On lui a dit de prendre alors ses responsabilités de reporter les combats. A l’impossible nul n’est tenu. C’est la décision des autorités dakaroises d’annuler les combats.»
Gaston Mbengue : «le report ne nous agrée pas, mais à l’impossible nul n’est tenu»
«Il faut d’abord commencer par unir les cœurs. C’est nous qui avons mis notre argent pour faire plaisir aux Sénégalais. Mais à l’impossible nul n’est tenu. Il faut que les gens arrêtent d’être négatifs. Ne brûlons pas ce pays. L’heure est grave, la maladie est là, les gens meurent. C’est vrai que la lutte divertit, on a aussi mis des centaines de millions qu’on n’a surtout pas envie de perdre, mais qu’on nous épargne des commentaires négatifs. Nous tous travaillons pour notre pays. L’Etat est très fort et décide de ce qui doit se faire ou non dans ce pays. On a vu ce qui se passe dans les hôpitaux et les cimetières. Le report ne nous agrée certainement pas, mais à l’impossible nul n’est tenu. Il ne faut pas personnaliser la chose, tous les combats se valent. Il n’est plus question de Balla Gaye, Bombardier, Papa Sow, Boy Niang, Tapha Tine ou Siteu ; tout le monde est dans le même sac. Nous tous, que ce soit nous promoteurs ou les lutteurs, on peut ne pas échapper à cette maladie et en perdre la vie. On ne peut qu’accepter la décision prise par l’Etat. Prions pour que d’ici un ou deux mois la pandémie soit éradiquée pour qu’on puisse enfin organiser sereinement les combats. Que tout le monde suive cet exemple et qu’on pense à ceux qui sont atteints. Que ceux qui ont les moyens offrent aux hôpitaux des concentrateurs d’oxygène qui coutent 1.200.000 F Cfa la pièce. Je l’ai fait et je vais encore en acheter. Le Sénégal a besoin de solidarité.»
Pape Thialis Faye : «il faut apprécier positivement la situation»
«La situation actuelle du pays est catastrophique par rapport à la pandémie. Si l’Etat, par rapport à la situation sanitaire décide d’annuler les combats, on ne peut qu’accepter. Nous sommes tous des citoyens. C’est notre devoir absolu de suivre les recommandations de l’Etat. Maintenant le report dépend uniquement de la pandémie. On reviendra sur l’organisation des combats seulement à la fin de la pandémie. La situation aujourd’hui, nul n’en ignore la gravité, donc il faut apprécier positivement la situation. Il faut se battre aux côtes de l’Etat contre cette maladie et se soutenir».
Gris Bordeaux : «le monde de la lutte ne peut pas magnifier cette décision»
«Je suis sûr qu’après cette décision, il y a des lutteurs qui auront de grosses difficultés. C’est vrai que la santé n’a pas de prix, mais nous aurions voulu dans de pareilles circonstances être avisés un peu plus tôt. Dans les autres pays, les Etats accompagnent les sports, même si c’est parfois difficile. Dans ce cas, l’Etat pouvait prendre les devants La dernière fois, on pouvait comprendre que c’était inévitable. Tout le monde avait accepté. Mais cette fois-ci, ce qui fait mal aux lutteurs, promoteurs et amateurs, c’est qu’il devait y avoir une alerte. On prendra cette décision avec philosophie. C’est très dur, même si on comprend la situation du pays. Mais il devrait avoir une solution venant de l’Etat. Il fallait impliquer les acteurs de la lutte pour trouver une solution. On ne peut pas se réveiller et arrêter la lutte d’un coup. La frustration peut faire des ravages. Le monde de la lutte ne peut pas magnifier cette décision. Il faut qu’on se concerte. Quand on arrête les combats, il faut trouver des solutions. Si la lutte avait des bras longs, ces décisions ne seraient pas prises ainsi. Tout est politisé. Si l’Etat voulait accompagner la lutte, même si c’est juste la fin de la saison, il pouvait nous accompagner. Nous aussi le monde de la lutte ne sommes pas unis sinon on n’aurait pas subi tout ça. C’est parce qu’on est dispersé que les choses sont ainsi. Il n’y aura plus d’état d’urgence ou autre. On va vivre avec cette maladie.»