Lors de son sommet à Abuja, le 15 décembre 2024, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a donné son aval pour la création d’un tribunal spécial en Gambie. Cette décision marque un tournant historique dans la quête de justice pour les crimes graves perpétrés sous le régime de Yahya Jammeh, au pouvoir de 1994 à 2017. L’ancien dictateur, actuellement en exil en Guinée Equatoriale, est accusé d’avoir orchestré des violations massives des droits humains, notamment des meurtres, tortures, disparitions forcées et violences sexuelles. Cette démarche marque une avancée majeure dans la quête de justice pour les victimes des 22 ans de dictature en Gambie et constitue un message fort contre l’impunité en Afrique de l’Ouest, mais aussi un précédent inspirant pour d’autres pays confrontés à des défis similaires.
Après des années d’attente et de démarches inachevées, la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a décidé d’établir un tribunal spécial pour juger les crimes commis sous la dictature de Yahya Jammeh en Gambie, entre 1994 et 2017. Ce régime de 22 ans a été marqué par de graves violations des droits humains, notamment des tortures, des meurtres extrajudiciaires, des disparitions forcées et des violences sexuelles.
Alors que l’ancien dirigeant vit en exil en Guinée Equatoriale, la décision de créer ce tribunal témoigne de la volonté des États de la région d’assurer justice et de mettre fin à l’impunité. Ce tribunal, soutenu par un cadre juridique régional, vise à surmonter les défis politiques et judiciaires qui ont jusqu’ici freiné les poursuites en Gambie, tout en renforçant la crédibilité de la justice transitionnelle dans le pays.
Un tribunal régional pour répondre à des défis locaux
Le tribunal sera doté d’une base juridique régionale, garantissant une certaine indépendance et neutralité. Une telle initiative est cruciale, car les structures judiciaires gambiennes font face à des limites importantes, notamment en termes de ressources et d’indépendance politique. Le Président Adama Barrow, bien qu’ayant initialement soutenu la justice transitionnelle, a fait des concessions politiques aux anciens alliés de Jammeh, ce qui a ralenti les efforts de poursuite des responsables de ces atrocités.
Les victimes et les organisations de défense des droits humains saluent cette décision. Reed Brody, de la Commission internationale des juristes, a qualifié cette avancée de pas décisif pour donner une voix aux victimes. Depuis 2017, des procès ont eu lieu à l’étranger, notamment en Allemagne et en Suisse, mais ce tribunal offrirait une justice plus accessible et symboliquement significative pour les Gambiens.
Le gouvernement gambien doit maintenant travailler en étroite collaboration avec la Cedeao pour finaliser les statuts du tribunal et mobiliser des ressources. Ce tribunal pourrait également servir de modèle pour d’autres pays confrontés à des crimes similaires, renforçant l’idée que l’impunité ne peut pas perdurer dans la région.
La décision de la Cedeao représente un espoir pour les survivants et un rappel que les crimes internationaux, même commis par des dirigeants de haut niveau, ne resteront pas sans réponse. En effet, la création d’un tribunal spécial pour juger les crimes de l’ère Yahya Jammeh marque une avancée majeure dans la quête de justice pour les victimes des 22 ans de dictature en Gambie.
Cette initiative reflète l’engagement croissant de la Cedeao à soutenir non seulement la stabilité régionale, mais aussi les principes de responsabilité et de respect des droits humains. Alors que les efforts nationaux pour poursuivre les responsables se sont heurtés à des obstacles politiques et juridiques, ce tribunal ouvre une nouvelle voie en offrant une alternative crédible et indépendante, capable de traiter des crimes d’une complexité et d’une ampleur internationales.
Cette démarche n’est pas seulement un message fort contre l’impunité en Afrique de l’Ouest, mais aussi un précédent inspirant pour d’autres pays confrontés à des défis similaires. Elle démontre que la coopération régionale peut jouer un rôle déterminant dans l’application de la justice transitionnelle. En établissant une structure capable de dépasser les limitations locales, ce tribunal pourrait devenir un modèle pour d’autres régions, tout en restaurant la confiance des citoyens dans la capacité des États à défendre les droits fondamentaux.
Cependant, le succès de cette initiative dépendra de la mise en œuvre rapide et transparente du tribunal, de l’implication des victimes, et d’un financement adéquat. Il revient désormais à la Gambie et à la Cedeao de transformer cette décision en actions concrètes, garantissant que justice soit rendue non seulement pour les atrocités du passé, mais aussi pour poser les bases d’un avenir où les droits humains sont pleinement respectés.
Sidy Djimby NDAO










