Face aux Sénégalais vivant en Turquie, Ousmane Sonko a tenu un discours sans détour sur l’émigration, la situation de ses compatriotes à l’étranger et les négociations en cours avec Ankara. Entre fermeté diplomatique et encouragements à la diaspora, le Premier ministre a défendu une approche méthodique, axée sur la régularité des séjours et la protection des droits.
Pour Ousmane Sonko, la question migratoire ne peut être comprise qu’en dépassant les réflexes de stigmatisation. «Dans les pays développés, certains accusent les étrangers de tous leurs maux, souvent sous l’impulsion des partis d’extrême droite. Chez nous, au Sénégal, il arrive aussi que l’on marginalise des concitoyens», a-t-il relevé, appelant à une analyse «lucide» prenant en compte la nature humaine, l’esprit communautaire et le conservatisme social.
Le Premier ministre a rappelé que l’émigration régulière devait être la règle. «Chaque pays a ses propres lois. Il faut s’y conformer, surtout ici en Turquie, où les autorités appliquent des règles strictes mais claires», dit-il avant d’ajouter : «après discussion avec l’ambassadeur, j’ai constaté que vous bénéficiez d’un traitement de faveur par rapport à d’autres Africains. Nous devons poursuivre les tractations pour obtenir encore plus». Ousmane Sonko d’indiquer : «ils ont souligné votre respect des lois et de la société turque. En contrepartie, ils ont évoqué leurs propres ressortissants en difficulté au Sénégal. Nous avons été clairs, la justice suit son cours pour tous, Sénégalais comme Turcs. J’ai dit à l’autorité turque que la justice sénégalaise est intransigeante sur le trafic de stupéfiant», dit-il.
Des dossiers sensibles sur la table
Ousmane Sonko n’a pas éludé les cas d’incarcérations. «Ici, les Sénégalais emprisonnés le sont principalement pour séjour irrégulier, pas pour des délits majeurs. Nous restons optimistes pour une libération prochaine de deux de nos compatriotes», informe-t-il. Il a également abordé les perspectives économiques. «Des investisseurs turcs sont prêts à engager des partenariats gagnant-gagnant. Le Président a fixé l’objectif d’augmenter nos échanges commerciaux de 400 millions à 1 milliard de dollars. Mais notre balance commerciale reste déséquilibrée et la Turquie y gagne plus. Cela ne veut pas dire que nous allons nous laisser faire, nous négocions fermement», consigne le Pm.
Pour Ousmane Sonko, le message est clair, « seule une émigration légale, soutenue par une diplomatie active et une diaspora exemplaire, permettra de protéger durablement les droits des Sénégalais à l’étranger», conclut-il.
BMS












