Demain 17 novembre, les Sénégalais vont aller aux urnes pour élire leurs nouveaux représentants au parlement. Cette nouvelle désignation des parlementaires sénégalais est la 13ème du genre depuis la première organisée en 1963. Étant donné le caractère anticipé de ces élections, il n’y a pas eu de révision du fichier électoral, c’est donc le dernier fichier électoral qui sera utilisé. Ce qui veut dire que seuls les 7 millions et quelques Sénégalais inscrits sur le fichier électoral ont la possibilité de participer à la désignation des représentants de tout le peuple pour les 5 ans à venir.
Dimanche, le peuple va choisir ses représentants qui vont exercer sa souveraineté dans les cinq années à venir. Cette souveraineté nationale est évoquée dans l’article 3 de la Constitution sénégalaise : elle «appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants ou par voie du référendum». Il est précisé aussi dans ce même article : «aucune section du peuple, ni aucun individu, ne peut s’attribuer l’exercice de la souveraineté. (…) Tous les nationaux sénégalais des deux sexes, âgés de 18 ans accomplis, jouissant de leurs droits civils et politiques, sont électeurs dans les conditions déterminées par la loi».
Partant de cette disposition, on devrait donc percevoir l’organisation des élections comme étant une solennité où le peuple, à travers les électeurs, s’exprime librement par le vote dont la symbolique relève d’une délégation de la souveraineté nationale. Pour le cas de ces élections législatives qui se tiendront avec le fichier électoral de la dernière présidentielle, les Sénégalais qui ont le droit de voter ne représentent même pas la moitié de la population. En effet, pour plus de 18 millions d’habitants, le Sénégal ne compte qu’environ 7 millions d’inscrits sur les listes électorales. Ainsi donc, les 60,2% de la population constituant le peuple sont exclus de la procédure de choix des représentants exerçant la souveraineté nationale. Ces 39,8%, qui ont les prérogatives de vote, s’arrogent à cet effet le droit d’engager tout le peuple.
La faiblesse de ces chiffres montre une fois encore les limites du système de représentation. Au-delà, elle pose le problème de légitimité et de crédibilité des élus nationaux assurant la délégation de l’exercice de la souveraineté nationale.
Les moyens utilisés pour faire le choix ne traduisent pas l’adhésion massive du peuple et la volonté souveraine. Cette situation pourrait d’ailleurs être une des raisons qui justifient les hostilités ou l’antiparlementarisme, c’est-à-dire le rejet généralement des députés par le peuple.
Ndèye Khady D. FALL