Dans une déclaration ferme publiée ce 4 août, la Convergence pour la défense des valeurs républicaines (Cvr) interpelle directement le président de la République, après la création d’un comité de rédaction chargé d’élaborer les textes issus du Dialogue national. Sans comité de suivi inclusif, prévient la plateforme politique, les conclusions du dialogue risquent de perdre toute légitimité.
La Cvr hausse le ton. En réaction au décret présidentiel n°025556 du 21 juillet dernier, instituant un comité de rédaction pour traduire en textes les résultats du Dialogue national, la Convergence pour la défense des valeurs républicaines (Cvr) alerte sur une dérive inquiétante. Pour la plateforme politique de l’opposition, cette démarche unilatérale contrevient à l’esprit même du dialogue et sape la confiance laborieusement bâtie entre les acteurs.
Dans une déclaration, la Cvr rappelle au chef de l’État ses propres engagements. Elle cite expressément un extrait de son discours du 25 juin, où il insistait sur la nécessité d’un comité de suivi inclusif, censé «faire le lien entre les engagements de principe et leur traduction normative». À ses yeux, la mise en place d’un simple comité technique, sans adossement à un organe pluraliste de suivi, relève d’un grave manquement démocratique.
Des craintes de confiscation
«Toute approche contraire serait de nature à jeter un discrédit sur le processus du Dialogue national», prévient la déclaration. Le risque, selon la Cvr, est double. D’abord celui d’une perte de légitimité des futures réformes, si celles-ci apparaissent comme rédigées en vase clos. Ensuite, celui d’un affaiblissement du Dialogue national, qui pourrait dès lors être perçu comme un simple habillage politique de décisions déjà arrêtées au sommet de l’État.
Un appel à la cohérence
La Cvr ne remet pas en cause le principe même d’un comité de rédaction. Elle reconnaît que «un tel comité peut contribuer à donner une forme concrète aux accords issus du dialogue». Mais elle insiste sur l’impératif d’un ancrage politique fort, via un comité de suivi représentatif, seul capable de garantir la transparence, la cohérence et la légitimité du processus.
Cette position n’est pas nouvelle. Dès le mois de juin, la Cvr avait appelé à ce que la traduction des engagements issus du Dialogue national se fasse dans la concertation, et non par le biais de procédures administratives isolées. Son rappel aujourd’hui prend la forme d’un avertissement : sans cadre de suivi pluraliste, les réformes envisagées risquent d’être rejetées par une partie de la classe politique et de la population.
Préserver l’esprit du Dialogue national
Alors que le président de la République s’était engagé à faire du Dialogue national une «étape structurante de la refondation démocratique", la Cvr l’invite à ne pas trahir cette promesse. Elle met en garde contre toute dérive qui transformerait ce processus en «opération de communication politique», vidée de son contenu participatif.
Baye Modou SARR












