La décision de la Cour Suprême a pris de haut les alliés et avocats du leader de l’ex-Pastef. Entre surprise et déception, ces derniers, impuissants, craignent de ne pouvoir être dans les délais requis pour le dépôt des parrainages avec cette nouvelle procédure.
La Cour de cassation a encore anéanti les espoirs des patriotes. Elle a d’abord cassé ladite décision avant de renvoyer les deux parties devant le tribunal de Dakar. Une nouvelle procédure, qui réduit davantage ses chances d’entrer en possession de ses fiches de parrainage avant le 26 décembre, délai de rigueur pour le dépôt des parrainages, s’impose donc à Ousmane Sonko. Ses avocats, responsables de son parti et alliés se disent sidérés et déçus.
Me Ciré Cledor Ly : «l’État est décidé maintenant à ne pas laisser Ousmane Sonko aller à cette élection»
Selon M. Ly, la Cour suprême a refilé le bébé au tribunal de Dakar. «Cela m’inquiète personnellement parce qu’il n’y a pas de délais et nous savons que les dépôts des parrainages qui vont débuter dans quelques semaines vont être clôturés le 26 décembre prochain. Donc, si Sonko ne reçoit pas ses fiches et sa clé, cela veut dire qu’il ne pourra pas participer à l’élection», fait-il noter avant de poursuivre : «il faut aussi retenir que si le tribunal rend sa décision, nous pourrions nous retrouver à nouveau devant la Cour suprême. Nous sommes visiblement dans un Etat qui joue à cache-cache avec le peuple sénégalais. Nous avons en fait l’impression d’être des otages. Il est clair maintenant que l’État du Sénégal est décidé à ne pas laisser Ousmane Sonko aller à cette élection».
Me Bamba Cissé : «la Cour suprême a rendu sa décision avec une composition irrégulière»
Embouchant la même trompette, Me Cissé relève à son tour une irrégularité. «C’est une décision qui a été rendue par une composition irrégulière. Quand le président a annoncé le retrait de la juge Aissatou Diallo, nous avons perdu espoir. Connaissant sa réputation, nous savions qu’une telle nouvelle n’augurait rien de bon. La Cour suprême a donc rendu sa décision avec quatre juges, une première dans l’histoire», souligne-t-il. Pour lui, cette décision est un sacré coup pour la démocratie sénégalaise. «Nous n’avons pas besoin de cette nouvelle procédure avec laquelle la Cour suprême a peut-être voulu couper la poire en deux», fulmine Me Bamba Cissé.
Déthié Fall : «nous sommes à la fois surpris et déçus»
Du côté des politiques, c’est la désolation totale. «Nous sommes à la fois surpris et déçus. Nous pensions qu’enfin, on allait lui permettre de disposer de ses fiches de parrainages. Nous savons tous le peu de temps qui nous sépare des délais pour pouvoir se faire parrainer. Cette décision qui renvoie tout le monde devant le Tribunal de grande instance de Dakar ne fera que ralentir la décision finale, l’empêchant ainsi de disposer de ses fiches», renseigne le leader de Prp, qui rappelle que le dépôt des parrainages, c’est entre le 11 et le 26 décembre. «C’est une autre procédure qui va s’ouvrir dans un autre tribunal, donc nous ne savons pas jusqu’où cela va nous mener. On nous chante tout le temps que le Sénégal est une grande démocratie, mais cela demande une posture qui veut que tous ceux qui nourrissent des ambitions, tous ceux qui sont porteurs d’espoir puissent se présenter devant le peuple sénégalais souverain pour qu’il choisisse son président», clame-t-il.
Cheikh Tidiane Youm : «l’État cherche à gagner du temps»
Pour Cheikh Tidiane Youm, il ne faut pas chercher midi à quatorze heures, «l’État cherche à gagner du temps parce que nous savons tous qu’il n’y a rien qui impose un délai au tribunal de Dakar. Le tribunal hors classe de Dakar peut prendre le temps qu’il veut. Nous sommes d’ailleurs sûrs qu’il ne va pas statuer sur cette affaire avant la fin du délai imparti aux candidats pour le dépôt des parrainages», affirme le président de la conférence des leaders de Yewwi. Youm de regretter que «tout cela soit fait pour permettre au Président Sall de dérouler son plan. Tous les piliers de notre démocratie se sont affaissés ; la parole des chefs religieux, qui sont les vecteurs et régulateurs, n’a plus le même écho. Il ne nous reste qu’un seul rempart, que le peuple prenne ses responsabilités».
Birame Soulèye Diop : «la Cour suprême a renié et jeté à la poubelle sa propre jurisprudence»
Le numéro 2 de l’ex-Pastef parle de grande déception pour tous ceux qui ont été à l’école du droit. «Nous avons suivi la séance depuis le matin et le premier constat, c’est que les avocats de l’État n’avaient que faire du droit. Ils ont passé leur temps de plaidoirie à insulter Ousmane Sonko», fait-il remarquer avant de saluer la posture de Ousmane Diagne. «Heureusement que le Procureur général ne les a pas suivis, il s’est appuyé sur le droit pour plaider le rejet des requêtes de l’agent judiciaire de l’État. A notre grande surprise, la Cour suprême renié et jeté à la poubelle sa propre jurisprudence, nous nous rappelons de l’affaire Karim Wade. Tout ce qu’il nous reste à faire c’est de dire au peuple de rester debout».
Ndeye Khady DIOUF









