Face à la récente arrestation du chroniqueur Badara Gadiaga, l’ancien candidat à la présidentielle et député nationaliste Tahirou Sarr dénonce une instrumentalisation de la justice, met en garde contre les dérives du pouvoir et interpelle directement le chef de l’État. Dans une déclaration à haute teneur politique, il accuse le régime en place de reproduire les méthodes de ceux qu’il a combattus, de faire taire les voix critiques et d’invoquer en permanence l’héritage de Macky Sall pour masquer ses propres errements.
Lors d’une déclaration de presse samedi dernier, le député nationaliste et ancien candidat à l’élection présidentielle a dénoncé ce qu’il qualifie de «retour aux méthodes du système», pointant directement du doigt l’arrestation controversée du chroniqueur politique Badara Gadiaga. Pour lui, les vieilles pratiques n’ont pas disparu : le système en place, quel que soit le gouvernement, n’aurait qu’un seul mode opératoire – museler les voix discordantes par la répression judiciaire.
Une arrestation «scandaleuse»
Tahirou Sarr ne cache pas son indignation face à la manière dont son ancien camarade de lutte politique a été interpellé. «C’est scandaleux», dit-il. Sarr accuse le procureur de la République, Ibrahima Ndoye, de s’être plié à des injonctions politiques, là où il attendait une démission de principe face à une exigence injuste. «Je ne pouvais pas croire que Ibrahima Ndoye était capable de faire une telle chose.»
Sonko, de victime à persécuteur ?
Tahirou Sarr adresse également un message direct au Premier ministre Ousmane Sonko, dont il estime qu’il est en train de céder aux mêmes travers que ses anciens persécuteurs. «Ousmane Sonko est bien placé pour comprendre que le Sénégalais n’est pas quelqu’un qu’on menace», martèle-t-il, avant de rappeler que c’est précisément parce qu’il a été victime d’une répression injuste que le peuple l’a soutenu.
Le paradoxe est cruel, selon Sarr : «s’il pense qu’en envoyant Badara Gadiaga en prison il n’entendra plus les critiques que celui-ci faisait, il se trompe lourdement.» Il l’invite à ne pas tomber dans une logique revancharde, mais plutôt à endosser pleinement sa fonction de Premier ministre par un discours rassembleur.
Appel au Président Diomaye Faye
Dans sa déclaration, Tahirou Sarr interpelle solennellement le président Diomaye Faye. Il l’invite à exercer son autorité de chef du parquet pour exiger la libération de Badara Gadiaga. «Ils lui ont déjà fait beaucoup de tort», estime-t-il.
Au-delà du cas de Badara Gadiaga, Tahirou Sarr en appelle à une prise de conscience plus large du régime issu de Pastef. «Je voudrais appeler ce régime à la lucidité», affirme-t-il, estimant que l’exercice du pouvoir impose une rigueur morale, même envers les opposants. «Ce n’est pas parce que quelqu’un n’est pas avec toi politiquement qu’à la moindre occasion, tu le fais taire. Faire comme cela, c’est s’enfermer soi-même dans une prison.»
Ce message, il le répète avec insistance : la légitimité ne se construit pas par l’écrasement de l’opposition, mais par la gestion juste et équitable de tous les citoyens, quelle que soit leur obédience.
«Lâchez la chemise de Macky Sall»
Enfin, sur le terrain économique, Tahirou Sarr n’épargne pas le nouveau pouvoir. Alors que le pays traverse une période difficile, il reproche au régime de passer plus de temps à accuser Macky Sall qu’à proposer des solutions concrètes. «Cela est un manque de respect notoire à l’endroit des Sénégalais», assène-t-il. «Vous avez vaincu Macky Sall avec le soutien d’une écrasante majorité, vous ne pouvez pas continuer à vous en prendre à lui pour masquer vos carences.»
Pour lui, gouverner, c’est assumer, dans le passif comme dans l’actif. «Je suis loin d’être un pro Macky Sall, je l’ai combattu, mais aujourd’hui ça suffit.» Il appelle à cesser de rejeter la faute sur le passé et à enclencher les véritables réformes. « Il y a tellement de pistes, notamment dans la politique migratoire, qui pourraient aider à redresser les finances de l’État.»
Sidy Djimby NDAO











