Le document présenté en grande pompe par Ousmane Sonko aux Sénégalais, ce 1er août 2025, est loin d’être un plan de redressement économique et social, selon l’Apr. Il est, d’après les partisans du président Macky Sall, «la traduction concrète des errements et des tâtonnements sans fin, d'un pouvoir sans vision, sans cap et sans horizon clair», au moment où le pays est «asphyxié par une économie atone, ébranlé par la chute du pouvoir d'achat, le chômage massif, les suppressions abusives d'emplois, la hausse de nombreuses denrées et la répression brutale de toutes les forces progressistes en vue d’installer une dictature». Le plan de redressement économique et social est avant tout illégal, si l’on en croit l’Apr.
Une semaine après la présentation du plan de redressement économique et social, le parti de l’ancien président de la République livre ses remarques. Selon l’Apr, ce plan n’est qu’un «ajustement structurel volontaire dont les conséquences seront catastrophiques pour les entreprises, les ménages. Sous prétexte d’atteindre l’objectif de réduire le déficit à 3% en 2027, ce plan va asphyxier les travailleurs, les précaires, les artisans, les paysans, les femmes, les influenceurs… sans offrir aucune perspective en matière de sécurité sociale, d’accès à l’électricité, à l’eau potable, aux routes praticables, au crédit, ou aux formations adaptées».
Selon eux, «le gouvernement espère mobiliser 600 milliards F Cfa à partir du monde rural, sous prétexte de lui délivrer un titre dont la nature reste floue, est non seulement irréaliste, mais surtout profondément injuste. Ce monde rural, qui concentre l’essentiel des terres du domaine national, est pauvre, vulnérable et déjà privé des bourses de sécurité familiale qui assuraient pour beaucoup un filet de survie grâce à la vision sociale du président Macky Sall», déplorent-ils.
«Autrefois, l’État aidait les citoyens. Aujourd’hui, l’État se contente de les pressurer»
On assiste si l’on en croit l’Apr, à une fiscalisation à outrance sans précédent. Car ceux qui seront incapables de payer deviendront des proies faciles pour les prédateurs fonciers. Envoyant des piques au ministre de l’Agriculture, les cadres de l’Apr regrettent que ce dernier soit plus soucieux de vidéos sur TikTok que du sort des paysans. «Le gouvernement du Sénégal choisit également de supprimer les subventions et de remettre en cause certaines exonérations fiscales au lieu de cibler les niches inutiles ou les privilèges injustifiés. Ces mesures risquent de frapper de plein fouet les ménages, à travers la hausse des prix des produits de base et un secteur privé fragilisé, qui manque de visibilité et de liquidités. En clair, on compense l’inaction de l’État par l’effort des plus faibles, pendant que les vrais centres de rationalisation restent intouchés», fait savoir l’Apr ; qui note qu’autrefois, «l’État aidait les citoyens. Aujourd’hui, l’État les pressure. On a connu l’État-providence. Voici venu l’État "Addu Kalpé" un État qui ne donne rien, exige tout, mais n’assume aucune responsabilité».
«Voici venu l’État "Addu Kalpé" un État qui ne donne rien, exige tout, mais n’assume aucune responsabilité»
Poursuivant, l’Apr révèle : «le gouvernement, reprenant la banque Barclays, évoque une dette de 119% sans que ce chiffre ne figure dans un document officiel. Or, pour la Cour des comptes, dans un rapport que nous contestons du reste, la dette est estimée à 99% du Pib. C’est pour maintenir le flou et la confusion que le gouvernement refuse de publier depuis juin 2024 des bulletins statistiques sur la dette. La vérité est que ce régime a emprunté 10.200 milliards en deux ans et a investi pour 2 milliards en 2025».
«Le gouvernement sanctuarise son train de vie pour élaborer le plus grand plan de matraquage fiscal»
Pour l’Apr, le régime Diomaye demande au peuple de relancer seul l’économie pendant que «l’État se contente de commentaires et de promesses, confortablement jaloux de son confort et des privilèges», puisque «dans le volume de financement du Plan, l’effort budgétaire de l’État ne dépasse pas 100 milliards, soit de 2% du total. Le gouvernement sanctuarise son train de vie pour élaborer le plus grand plan de matraquage fiscal à destination des entreprises, des ménages, des agents et fonctionnaires du secteur public ainsi que des travailleurs du secteur privé, des travailleurs du secteur informel et ceux du monde rural».
«C’était une réconciliation publique jusqu’à la prochaine brouille»
Selon l’Apr, le gouvernement est incapable d’apporter au Fmi les preuves de ses accusations infondées au sujet d’un pseudo-maquillage des comptes publics, il lance «un Plan qui obéit à une logique funeste de suppression des subventions et des exonérations, tout en procédant à l’élargissement brutal de l’assiette fiscale. Il ouvre de sombres perspectives pour les populations, les entreprises et le secteur informel. De telles mesures signifient, sans aucun doute possible, une hausse généralisée des prix de toutes les denrées, des services de transport et de téléphonie car toutes les taxes et redevances seront supportées par l’usager ou le consommateur final».
Pour l’Apr, «la présentation de ce Plan relevait d’un exercice de communication (…). Il s’agissait, au moment où les deux têtes de l’Exécutif avaient rendu publique leur scène de ménage, de procéder à une réconciliation publique jusqu’à la prochaine brouille, tant le nommé se considère comme le chef de l’élu», renseigne-t-il.
Me Oumar Youm : «75mn de bavardages du Premier ministre. Il tâtonnait, il était hésitant, il cherchait les mots»
Me Oumar Youm, quant à lui, parle de 75 minutes de bavardages du Premier ministre. «Il tâtonnait, il était hésitant, il cherchait les mots et les power point n’étaient pas disponible. Ce plan est simplement aérien. Ce plan de redressement est tout simplement un plan fiscal».
Nd. Kh. D. F












