L’engouement qui entoure les Sénégalais à Yamoussoukro pour cette Coupe d’Afrique des nations est palpable dans le marché « Habitat ». Ici, les Sénégalais sont bien accueillis, la preuve avec certains d’entre eux qui y sont installés cela fait 40 ans maintenant. Du vendeur d’objets à la restauratrice, sans oublier les inconditionnels du ballon rond, les discussions vont bon train sur la Can.
La communauté sénégalaise est plus que jamais bien ancrée dans la ville de Yakro. Il suffit juste de se promener en centre-ville pour voir des Sénégalais un peu partout. Sur les artères qui mènent vers le marché Habitat qui se trouve à quelques mètres de la Basilique Notre Dame de la Paix, un vieux dénommé Serigne Mbaye Diop Khassida, vendeur d’objets d’art, de livres coraniques et aussi de portraits de Serigne Touba, a ajouté à sa table les drapeaux, vuvuzelas et maillots du Sénégal. « La vie est ainsi faite. Diné ak Diamono, c’est ce que représente mon étal. Du moment que la Can commence, nous sommes obligés de nous adapter », souligne celui qui est en Côte d’ivoire depuis 1985. « Je suis un ancien photographe caméraman, mais avec le développement de la nouvelle technologie, je me consacre à la vente et je fais régulièrement des allers-retours entre Ici et Dakar. Très informé sur les équipes qui doivent compétir pour la Coupe d’Afrique des nations, le vieux entre dans le vif du sujet et explique son optimisme concernant les Lions. « Nous sommes confiants et nous n’avons pas peur des autres équipes. Sur 24 équipes nous devons nous solidariser et nous prions pour la victoire finale », dit-il. A propos des produits qu’il a exposés sur sa table, Serigne Mbaye Diop Khassida soutient que cela s’écoule tout doucement. « Comme la dernière Can, l’activité est au ralenti, mais comme toujours avec les Africains, c’est au dernier moment qu’ils vont se ruer sur les marchés pour se procurer le maillot de leur équipe ». Que dire des bracelets de « Sonko Président » ? Serigne Mbaye Diop estime que chacun a ses choix. « Il y a des gens qui viennent acheter les drapeaux, d’autres les bracelets… », dit-il.
« J’avais décidé de ne plus supporter l’équipe du Sénégal… »
Un autre vieux qui s’est invité à notre discussion prévient l’équipe nationale du Sénégal. « Je suis en Côte d’ivoire depuis 1977, j’ai épousé une Ivoirienne parce que les Sénégalaises gèrent mal le mariage », soutient Amadou Thiam. Qui poursuit : « j’avais décidé de ne pas supporter l’équipe nationale tant qu’elle n’a pas gagné la Can. Chose qui a été faite récemment ; je suis redevenu supporter, mais j’ai toujours aimé les Camerounais avec leur esprit de gagne. Quelle que soit l’équipe avec laquelle les Camerounais jouent, ils font tout pour gagner ; donc je préviens les Sénégalais pour leur dire que ce ne sera pas facile cette année, car nous sommes attendus. Nous serons derrière eux ».
Un autre commerçant qui répond au nom de Alassane Ba déclare qu’il est à Yakro depuis 40 ans. « Nous vivons en communauté ici et nous avons des associations. Je vends des barils et je suis très content d’avoir la possibilité de voir le Sénégal jouer ici », dit celui qui a même une fille journaliste et qui est arrivé en terre ivoirienne à l’âge de 25 ans. Agé aujourd’hui de 65 ans, Ba est à fond derrière l’équipe nationale du Sénégal.
L’alcool et le pain à portée de main…, la restauratrice sénégalaise qui rassemble toutes les nationalités
Dans le marché très mouvementé de Habitat, la première chose qui saute aux yeux, c’est que le pain et l’alcool sont vendus comme le feraient ceux qui tiennent des « par terre de livres » au Sénégal. Aucune explication ne nous est fournie, sinon que tout le monde fait comme tout le monde ici. C’est dans ce décor que la restauratrice Ndeye Diop, qui est à Yamoussoukro depuis 1989, affole les gens par ses plats sénégalais. A l’intérieur de son restaurant, deux Guinéens qui étaient en train de manger nous interpellent. « Nous mangeons les plats sénégalais, c’est pour vous marabouter. Vous avez une équipe très forte, mais cette année, nous allons prendre la coupe », fait savoir Ousmane Baldé. Son compatriote Mamadou Diallo d’ajouter : « on va repartir avec la coupe cette année. Vous êtes nos amis et vous allez nous laisser gagner ». Dans une bonne ambiance, des Ivoiriens qui sont venus spécialement pour manger le Domoda, sorte de ragoût où l'on incorpore de la farine en fin de cuisson, se joignent à la discussion et tressent des lauriers à la restauratrice. Cette dernière nous confie qu’il a des clients ivoiriens, burkinabè et forcément des sénégalais. « J’ai des clients qui viennent de partout en Côte d’Ivoire. Je suis ici depuis 1989. J’ai de la famille ici. Je reste et demeure Sénégalaise », dit-elle. En ce qui concerne la préparation de la Can, elle poursuit en ces termes : « je suis à fond dans la préparation et je ne compte pas augmenter les prix des plats qui sont entre 500 et 1500 francs. C’est accessible à tout le monde ».










