Ndèye Maguette Sané, commerçante de son état, a été condamnée hier, lundi 9 décembre 2024, devant le tribunal d'instance de Dakar pour injures non publiques, violences et voies de fait. À travers son compte Snapchat, elle publiait des vidéos dans lesquelles elle insultait ses amies en les traitant de tous les noms. Conséquence : l’une d’elles a été répudiée, l’autre a vu son commerce péricliter.
Ndèye Maguette Sané alias Magui constitue une véritable menace pour ses amies Adji Maïmouna Ciré Seck, Fatou Marie Diagne et Ndèye Fama Sène. Elle a fait vivre un véritable enfer à ces dernières. Cette commerçante très suivie sur les réseaux sociaux et qui comptabilise 1 million d'abonnés sur Snapchat, se permettait de publier des vidéos dans lesquelles elle les insultait de la pire des manières. Et à chaque fois que ces victimes portaient plainte contre elle, Ndèye Maguette Sané, pour échapper à une sanction pénale, se cachait derrière son supposé état de démence, en brandissant un document dans lequel il est mentionné qu'elle était sous traitement. Malgré cet état de fait, elle récidivait toujours. Cette fois-ci, ses accusations calomnieuses contre ses amies dont les vidéos ont été aussi virales, ont poussé ces dernières à porter l'affaire devant le tribunal.
A la barre hier, Ndèye Maguette Sané, placée sous mandat de dépôt, a reconnu ces faits. Mais pour se dédouaner, elle a encore évoqué un état de démence dans lequel elle se trouvait au moment des faits. "Je suis malade. C'est à cause de ma maladie que j'ai agi de la sorte", a-t-elle indiqué, en précisant qu'elle était prête à faire un post sur Snapchat pour demander pardon aux victimes.
Adji Maïmouna Ciré Seck : «à cause d'elle, j'ai eu des problèmes dans mon ménage jusqu'à divorcer»
Les victimes étant au nombre de 6, seules trois ont comparu au tribunal pour donner leur version. La restauratrice Adji Maïmouna Ciré Seck, dont l'activité commerciale a périclité à cause de cette histoire, déclare : "ça fait 2 ans qu'elle m'insulte sur Snapchat. Elle m'accuse d'être une cannibale. Il m'a dit que je me transformais en chatte. À cause de ça, elle m'a dit que je ne lui vendrais plus de la nourriture. Elle m’a aussi taxée de prostituée, alors qu'elle comptabilise plus d'un million d'abonnés. À cause d'elle, mon commerce a périclité puisque personne ne voulait acheter la nourriture que je vendais". Cette partie civile révèle que c'est à cause de cette affaire que son ménage n'a pas survécu. "Ses agissements m'ont porté préjudice. Quand je me suis mariée, je n'ai pas voulu étaler mon ménage sur internet. C'est à cause d'elle que j'ai eu des problèmes dans mon ménage jusqu'à divorcer. Parce qu'elle m'a accusée d'être enceinte au moment où je me mariais", a-t-elle renseigné.
Fatou Marie Diagne et Ndèye Fama Sène enfoncent le clou
L'autre victime, Fatou Marie Diagne, enchaîne : "c'est une amie et c'est dans le cadre de mes activités commerciales qu'elle faisait du shooting pour moi. Après un long moment sans avoir de ses nouvelles, le 11 octobre dernier, elle m'a envoyé un message en me menaçant. Elle a publié ma photo sur Snapchat en me taxant de prostituée". Pour sa part, Ndèye Fama Sène, divorcée et mère d'un enfant, d'ajouter : "depuis 2018, on ne s'est pas vu. Soudain, elle a refait surface. Elle a fait des vidéos sur moi et ma mère. Elle a cité ma mère dans une affaire de décès en disant que cette dernière connaissait les causes de la mort du défunt".
La parquetière requiert 3 mois de prison ferme
Parmi les plaignants, il y a Abdoulaye Seck, Papis Ménem et Sokhna Thiam qui ne sont pas venus à l'audience. La dernière nommée, qui a été représentée par Me Alioune Badara Fall, a réclamé 500.000 F Cfa de dédommagement. La représentante du parquet, très remontée contre la prévenue, lui dit : « tu n'es pas folle. Tu n'as rien. Le médecin a dit que tu es malade et que tu es sous traitement, mais que tu n'étais nullement pas folle. Tu accuses les gens de cannibalisme. Arrête ! Elles sont vos amies. Mais pourquoi tu ternis leur image sur internet ? Vous ne voulez que des vues sur internet. Pour avoir des vues, vous êtes prête à mentir sur les gens. Et à chaque fois qu'on te convoque, tu brandis un document médical pour attester que tu es atteinte de folie. Il faut penser au jour du jugement dernier parce que chacun répondra de ses actes". La parquetière de souligner que la prévenue n'en est pas à sa première tentative. "Il fallait que ses agissements soient arrêtés. Le certificat médical remis à ses parents le 10 décembre 2024 ne montre pas, selon l'homme de l'art, qu'elle était en état de démence. Elle a voulu nous faire croire qu'elle était sous influence d’une force extérieure. Ce qui n'était pas le cas. Elle était bien portante lorsqu'elle était sur snap en injuriant ces bonnes dames", a-t-elle avancé avant de requérir contre elle 3 mois de prison ferme pour violences et voies de fait et 1 mois ferme pour injures non publiques en sus d'une amende de 20.000 F.
Le tribunal lui ordonne de faire une vidéo avant la fin de cette année et de s'excuser
La défense, assurée par Mes Daff et Ndiogou Ndiaye, a plaidé la clémence. "Ce n'est pas parce qu'un certificat médical n'a pas été versé dans le dossier que cette dame n'est pas souffrante. Sa voix traîne, c'est parce qu'elle prend des médicaments. Et à un moment, ça devient de la drogue. Elle a péché malgré le fait qu'elle soit malade. Tendez-lui la perche", a argué Me Daff. Finalement, Ndèye Maguette Sané a été reconnue coupable puis condamnée à une amende de 20.000 F. Elle est contrainte à payer le montant de 200.000 F à l'une des victimes, Sokhna Thiam pour son préjudice. Par ailleurs, les intérêts civils des autres parties sont réservés. Celles qui sont présentes à la barre n'ont pas réclamé de dédommagement. Cependant, le tribunal lui a ordonné de faire une vidéo sur Snapchat avant la fin de cette année et de s'excuser auprès des victimes.
Fatou D. DIONE
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