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80e ANNIVERSAIRE DU MASSACRE DE THIAROYE : Bassirou Diomaye appelle à lever les zones d’ombre, à situer les responsabilités, avant d’ouvrir la voie à la réconciliation




 
 
 
 
 
Le camp de Thiaroye a accueilli la commémoration du 80e anniversaire du Massacre des tirailleurs sénégalais. Une occasion pour le chef de l’Etat d’opter pour une narration de l'histoire sans trou de mémoire. Aussi, a-t-il invité la France notamment à une collaboration pour lever les zones d’ombre du massacre afin d’avoir une idée sur le nombre de morts, les lieux d’enterrement, l’identification des victimes en vue de situer les responsabilités et d’ouvrir les portes de la réconciliation.
 
 
 
 
 
C’est dans une ambiance de recueillement et de souvenir que le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, a présidé la cérémonie solennelle de la commémoration du 80e anniversaire du Massacre de Thiaroye en présence du Président Mouhamed Ould Cheikh El Ghazouani de la Mauritanie et président en exercice de l’Union africaine, du Président Umaro Sissoko Embalo de la Guinée-Bissau, du Président de la Gambie, Adama Barro, de son homologue des Comores Azali Ansumani, du ministre des Affaires étrangères de la France, Jean-Noël Barrot, ainsi que des délégations de plusieurs pays de la Cedeao et de plusieurs pays africains, en plus des représentants des familles des tirailleurs. Dans son allocution, le Président Bassirou Diomaye a d’emblée conforté la thèse du Massacre de Thiaroye. «Grande est mon émotion en cette date et en ce lieu qui nous parlent, où des héros africains sans défense, armés de courage, de dignité et de fraternité africaine, ont été froidement abattus. Il s’agissait là d’un massacre. 80 ans après ce crime de masse, le silence de Thiaroye est toujours aussi assourdissant. Les murmures venus d’outre-tombe nous interpellent avec fracas, pendant que l’ampleur de ce crime demeure minimisée et souvent même niée par certains milieux des héritiers de ceux qui l’ont commis», s’indigne le chef de l’Etat.
 
Ils ont donné de leur jeunesse, de leur sang …
 
Poursuivant, il est revenu sur cette histoire tragique enveloppée d’un épais voile de mystère. « Il s’agit d’Africains en majorité arrachés à leurs terroirs contre leur gré pour aller combattre au service de l’Empire colonial français d’alors. Ils venaient de presque tous les territoires coloniaux français d’Afrique occidentale, équatoriale et de l’Est devenus au moment des indépendances 17 pays. Longtemps ignorés et banalisés, ces tirailleurs ont pourtant bravé toutes les épreuves pour aller combattre très loin de chez eux […]. Ils ont donné de leur jeunesse, de leur sang et de leur chair pour la liberté et la paix dans le monde», explique Diomaye Faye. A l’en croire, malgré les pertes énormes sous les balles nazies, les faits d’armes du régiment des tirailleurs sénégalais sont incontestables et ont grandement contribué à la victoire des alliés. «Ils méritent tous les honneurs, notre respect et notre admiration», déclare le Président Faye.
 
Le général Dagnan et l’ordre de tirer sur des innocents désarmés
 
Malheureusement, il se désole de constater qu'à la place des éloges et autres considérations, après tant d’efforts consentis, ces tirailleurs ont été froidement abattus. «L’irréparable se produisit le 1er décembre 1944 ici à Thiaroye quand le général Dagnan ordonna de tirer sur des innocents désarmés dont le seul tort a été de réclamer le paiement de leurs indemnités, primes et autres allocations. C’était là un acte prémédité, visant à réprimer des revendications légitimes, à dissuader d’autres et à perpétuer l’ordre colonial. Le crime fut commis et les faits sont incontestables. Voilà le sort qui a été réservé à certains qui ont contribué à écrire dans le sang et la sueur, la glorieuse histoire de la libération», regrette le chef de l’Etat. Par devoir de mémoire, de vérité et de justice, dit-il, nous ne pouvons oublier l’horreur des exécutions sommaires au camp de Thiaroye. Un impératif pour lui de rappeler l’histoire, sans trou de mémoire.
 
 
Ce que nous faisons relève du devoir de mémoire contre l’oubli et …
 
Toutes ces raisons, ajoute le chef de l’Etat, ont poussé le gouvernement à commémorer l’anniversaire du Massacre de Thiaroye pour rendre hommage aux victimes et graver leur mémoire dans notre conscience collective et jeter les bases de la restauration de la vérité historique. «Il ne s’agit pas d’une porte ouverte pour susciter le ressentiment, entretenir la colère ou la haine. Non ! Ce que nous faisons relève du devoir de mémoire contre l’oubli et pour la manifestation de la vérité des faits, pour nous acquitter d’une dette morale vis-à-vis des tirailleurs et de leurs familles. C’est pourquoi, nous avons mis en place un comité international de chercheurs indépendants pour aider à la reconstitution exacte des faits et à une meilleure connaissance de cette séquence de notre histoire partagée avec la France», souligne Bassirou Diomaye Faye. A cet effet, il a sollicité du Président français la mise à disposition de tout document d’archive pouvant contribuer à la manifestation de la vérité, et leur collaboration, le moment venu, dans la localisation des sépultures et d’identification éventuelle des victimes.
 
BDF salue le courage moral de Macron
 
Toujours dans cette de recherche de vérité, le chef de l’Etat a salué l’ouverture des autorités françaises actuelles. Avant cette commémoration, dit-il, des membres du comité international de chercheurs se sont rendus en France et ont eu des séances de travail avec les autorités françaises et les responsables des sites où sont présumées gardées les archives manquantes. Les recherches se poursuivront après la commémoration. En outre, il révèle que la France vient également de franchir un pas important dans la restauration de la vérité grâce au Président Emmanuel Macron qui, dit-il, lui a envoyé une lettre pour assumer que les évènements de Thiaroye en 1944 ont abouti à un massacre. «Je salue son courage moral. Par ce geste, la France accède à une veille et légitime demande de reconnaissance. Il s’agit d’une avancée appréciable dans le processus de réhabilitation de l’honneur et de la dignité des tirailleurs victimes», révèle le Président Faye qui inscrit dans la logique de la déclaration du Président Hollande à Dakar en 2014.
 
Interrogation sur le nombre de morts, les lieux d’enterrement …
 
En dépit de cette collaboration, il persiste encore, selon le président de la République, beaucoup de zones d’ombre de cette histoire. «Deux rapports contradictoires des autorités coloniales parlent de 35 et 70 morts pendant que d’autres témoignages évoquent des centaines de morts et de nombreux blessés. Les archives réclamées permettront d’après les chercheurs de savoir comment on en est véritablement arrivé à la tragédie de Thiaroye ; d’avoir une lecture plus fidèle de l’état d’esprit des tirailleurs rapatriés, de leur nombre exact, de leur identité et leurs origines, des lieux où ils sont enterrés, des épreuves endurées, des frustrations et humiliations subies, ainsi que du montant de ce qui est dû à chacun», déclare le chef de l’Etat qui n'a pas manqué de lancer un appel aux acteurs étatiques et non étatiques de tous les pays concernés, y compris la France, aux historiens et chercheurs de tous bords pour porter un regard lucide sur cet épisode sombre de notre histoire commune. En effet, pour le Président Faye, il est essentiel pour ouvrir la voie à une réconciliation sincère de procéder à l’identification des victimes et de situer les responsabilités.
 
Moussa CISS
 
 
 
 
 
COMMEMORATION 80e ANNIVERSAIRE DU MASSACRE DE THIAROYE
BDF annonce 5 mesures phares pour la réappropriation de l’histoire de Thiaroye
 
 
 
 
 
 
A l’occasion, le président Faye a annoncé cinq mesures fortes pour la réappropriation d’une partie de cette histoire que le Sénégal partage avec 16 autres pays africains. Il s’agit de l’érection d’un mémorial en l’honneur des Tirailleurs à Thiaroye pour servir de lieu de recueillement et de mémoire, ouvert à toutes les nations dont ils étaient originaires, ainsi qu’au public. S’y ajoute l’érection d’un Centre de documentation et de recherche dédié aux Tirailleurs pour conserver la mémoire. Ce centre, ajoute le chef de l’Etat, va recueillir des archives, témoignages et récits, tout en soutenant la recherche et l’éducation autour de cette histoire partagée. Poursuivant, dans ses mesures de reconnaissance, le Président Faye annonce que des rues et des places porteront le nom de cet évènement tragique, de ces soldats, pour inscrire leur sacrifice, dit-il, dans notre quotidien et notre histoire collective. En outre, il annonce que l’histoire de Thiaroye et des Tirailleurs sera enseignée dans les curricula éducatifs. «Ainsi, les générations futures grandiront avec une compréhension approfondie de cette épisode de notre passé», indique-t-il. En dernier lieu, le chef de l’Etat révèle que la Journée du Tirailleur est désormais fixée le 1er décembre de chaque année, jour de la commémoration du Massacre de Thiaroye.
 
 
 
M. CISS
 
 
 
 
 
 
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