la foudre s'abat sur le guide des thiantacounes: Cheikh Béthio risque la prison à vie




 
Le représentant du parquet Youssou Diallo n’a laissé aucune chance à Cheikh Béthio dans ses réquisitions relatives à l’affaire du double meurtre de Madinatoul Salam. Il a sollicité la prison à perpétuité assortie d’un mandat d’arrêt, en plus de la confiscation des biens du guide des Thiantacounes. A l’endroit du chambellan du Cheikh, en l’occurrence Cheikh Faye, il a requis la perpétuité ainsi que pour 14 de ses coaccusés. Mamadou Hann dit Pape (en détention) quant à lui encourt dix ans de travaux forcés. Idem pour Samba Ngom, Serigne Barro et Aziz Mbacké Ndour (en Lp) et qui risquent de retourner en prison, étant donné que le parquet a sollicité à leur encontre le mandat de dépôt à l’audience.
 
Le représentant du ministère public Youssou Diallo n’a pas tremblé dans ses réquisitions, dans ce procès des Thiantacounes en cours au tribunal de grande instance de Mbour, suite au double meurtre de Madinatoul Salam, le 22 avril 2012. En effet, dans sa demande de répression, le représentant du parquet a sollicité les travaux forcés à perpétuité pour le guide des Thiantacounes jugé par contumace, ainsi que son chambellan Cheikh Faye, pour association de malfaiteurs, complicité de meurtre avec actes de torture et de barbarie et non dénonciation de crime. Outre le Cheikh et son chambellan, 14 autres accusés risquent également les travaux forcés à perpétuité. Il s’agit de Demba Kébé, Serigne Khadim Seck, Mame Balla Diouf, Ablaye Diouf, Mamadou Guèye, Pape Ndiaye, Moussa Dièye, Aliou Diallo, Al Demba Diallo, Momar Talla Diop, Samba Fall, Mouhamed Sène, Adama Sow dit Doss et Aly Diouf, poursuivis pour association de malfaiteurs, homicide aggravé, recel de cadavres et inhumation sans autorisation administrative. 
Poursuivant dans cet élan de répression, Youssou Diallo a également sollicité la condamnation des accusés qui ont déjà bénéficié d’une mise en liberté provisoire. Il a ainsi sollicité 10 ans de travaux forcés contre Mamadou Hann dit Pape (en détention), Samba Ngom, Serigne Saliou Barro et Aziz Mbacké Ndour, qui ont tous comparu libres devant la Chambre criminelle, avant d’inviter le juge, à l’image de la demande formulée contre leur guide, un mandat de dépôt à l’audience étant donné, dit-il, que leur séjour carcéral ne couvre pas la peine sollicitée.
 
Le procureur sur l’absence de Béthio : «Le mandat d’arrêt est l’antidote à la soustraction de l’action publique»
 
Poursuivant son réquisitoire, devant des accusés surpris et médusés par cette demande de répression salée, le maitre des poursuites n’en était pas pour autant satisfait, surtout à l’égard du guide des Thiantacounes. Outre la prison à vie requise, l’avocat de la société a invité la Chambre à décerner contre Cheikh Béthio Thioune un mandat d’arrêt. En effet, le maitre des poursuites persiste à croire que le dossier médical qui dit que le Cheikh est malade et interné en France «n’est pas probant». De plus, il rappelle que le guide des Thiantacounes, après un an de détention provisoire, avait bénéficié d’une mise en liberté provisoire assortie d’un contrôle judiciaire, avec certaines restrictions. Or, depuis la clôture de l’instruction de cette affaire, Cheikh Béthio s’est rendu à l’étranger, contre l’avis de la justice. C’est pourquoi il est jugé par contumace, parce qu’il s’est soustrait à l’action publique. «Celui qui prend la fuite est jugé par contumace. Il s’est soustrait à l’action de la justice après avoir reçu les convocations pour comparaitre. Donc, c’est une personne sous contrôle judiciaire qui s’est soustraite de l’action publique sans justificatif légitime. Le mandat d’arrêt est l’antidote à la soustraction de l’action publique», souligne Youssou Diallo. 
 
 
 
Le Procureur demande la confiscation des biens du guide des Thiantacounes et leur placement sous séquestre
 
En plus de cette demande de répression assortie d’un mandat d’arrêt, Béthio Thioune n’est pas au bout de ses peines, puisque le représentant du parquet a porté l’estocade pour demander la confiscation des biens du guide des Thiantacounes et leur placement sous séquestre. Une demande qui risque de ruiner le guide des Thiantacounes, si le juge accède à la demande du parquet. Non sans demander que cette décision soit publiée au journal officiel et affichée devant le Tribunal de grande instance de Mbour. Devant ce réquisitoire salé du ministère public, Cheikh Béthio Thioune, de l’avis du procureur, n’a qu’une issue de sortie : «se constituer prisonnier». A cet effet, les faits seront caducs et seront de nouveau appelés devant cette juridiction criminelle.
 
 
Adéquation parfaite entre ceux qui étaient à la bagarre et ceux qui ont enterré
 
Si le représentant du parquet a été sans pitié contre le guide des Thiantacounes, c’est parce que, à ses yeux, celui-ci est au cœur de l’entreprise criminelle qui a été à l’origine de la mort atroce des victimes. «C’est de lui (Béthio Thioune) que tout est parti. Si ce n’était pas ses propos, il n’y aurait jamais eu de mort à Madinatoul Salam», martèle le représentant du ministère public, qui fait allusion au «ndigël» donné par le guide des Thiantacounes sur le défunt Bara Sow, à qu’il avait sommé de ne plus jamais mettre les pieds à son domicile. Une posture qu’il avait d’ailleurs reconnue devant le juge d’instruction, indique Youssou Diallo, qui en déduit que c’est cette provocation qui a entrainé le meurtre. 
A l’en croire, il ne faut pas s’attendre à ce que ses talibés soient des enfants de chœur à l’endroit de Bara Sow, à la suite de ce «ndigël» répercuté par son chambellan. Ce qui lui fait dire qu’ils sont tous deux complices de ces meurtres atroces. Cependant, pour mettre la main sur ceux qui ont tué Bara Sow et Ababacar Diagne, l’avocat de la société fait état d’une adéquation parfaite entre ceux qui étaient à la bagarre et ceux qui ont tué. «Eux tous reconnaissent au moins avoir pris part à la bagarre. Ce sont ces mêmes personnes qui ont procédé à l’enfouissement en catimini des deux corps. C’est ceux qui ont tué qui ont intérêt à faire disparaitre les corps», relève Youssou Diallo, qui invoque la jurisprudence Abatalib Samb dit Ino. 
 Revenant sur le meurtre avec actes de torture et de barbarie, le substitut Youssou Diallo estime que ce crime est établi et il en veut pour preuve les certificats de genre de mort des victimes, dont l’une a été enterrée vivante. Mieux, il est d’avis que le meurtre avec actes de torture et de barbarie est réprimé au même titre que l’assassinat.
 
 
Moussa CISS (Envoyé spécial à Mbour)
 
 

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