Parties dimanche à la recherche de «madd» (fruit sauvage) très prisé par les femmes, quatre personnes, toutes de Ziguinchor, manquent toujours à l’appel. Dans leurs familles respectives, c’est la consternation et la tristesse.
Dans les familles des dialobés et Konaté de Alwar et Boutoute, on attend toujours le retour de leurs pères absents depuis dimanche matin. En effet, Mamadou Lamarana Diallo, âgé de 27 ans, Mamadou L. Diallo, la cinquantaine bien épanouie, Mamadou Malal Diallo et enfin Fodé Konaté, sont partis dans la forêt de Bousoloum, située dans la commune de Boutoupa Camaracounda, pour chercher le fruit sauvage appelé «madd». Mais, depuis lors, ces derniers n’ont donné aucun signe de vie. Pris de panique, leurs parents ont saisi les autorités et les membres du commandement territorial qui ont mis en branle la machine de la recherche afin de les trouver le plus rapidement possible.
Saisie de cette disparition, l’armée nationale a mené des ratissages dans la zone, mais, jusqu’à présent, selon les informations reçues auprès des familles, les disparus n’ont pas été retrouvés. «Ils sont injoignables. Si on compose leurs numéros, on tombe sur la boite vocale. Et, finalement, leurs téléphones portables ne sonnent même pas», témoigne Alpha Diallo, petit-frère de Lamarana Diallo, habitant à Alwar.
D’ailleurs, dans cette famille des Diallo, la tristesse se lit sur tous les visages. Trouvés sous un manguier, en cette après-midi caniculaire d’hier, parents, épouses et badauds, tous ont l’air inquiet et triste. «Nous sommes vraiment inquiets et tristes. Ces quatre personnes, toutes responsables de famille, n’ont jamais passé la nuit ailleurs. Ils partent le matin pour revenir au plus tard à 18 heures», renseigne Malado Diallo.
Ce sont des démunis qui vivent de la forêt
Moussa Sané, voisin des Diallo, donne sa version des faits. «Ce sont des gens démunis, à l’image de l’écrasante majorité des habitants de ce quartier. Ils ne vivent que de la forêt. Soit, ils fabriquent du charbon, soit ils cueillent des fruits sauvages pour les revendre sur les marchés. Et, par ces temps qui courent, leurs affaires marchent bien. Car le ‘’madd’’ est trop prisé en cette période de vacances», ajoute M. Sané.
En pleurs, la femme de Fodé Konaté est inconsolable. Le regard hagard, tourné vers l’horizon, le foulard bien fixé sur la tête, elle peine à sortir les mots. «Depuis qu’il est parti, le dimanche matin, je n’ai plus de ses nouvelles. En temps normal, même s’il va arriver tardivement, il m’appelait presque toutes les heures pour s’enquérir des nouvelles de ses enfants. Mais depuis dimanche, son téléphone ne sonne même pas», explique Mme Konaté.
Mamadou Dieng, un autre voisin, d’ajouter : «l’argent qu’ils gagnent dans la vente du ‘’madd’’, c’est pour payer leur loyer, la ration alimentaire et l’habillement des enfants. Surtout, avec l’approche de la Tabaski, ils se décarcassent comme des diables pour trouver un mouton et habiller leurs épouses».
Aux dernières nouvelles, selon nos sources, des coups de feu ont été entendus dans la forêt de Bousoloum et Samik, l’endroit où sont disparues ces quatre personnes parties à la recherche du ‘’madd’’.
Ahmet COLY