Incriminé pour des faits de vol, le gardien Boubacar Sow a été jugé hier, vendredi, devant le tribunal des flagrants délits de Dakar. Le prévenu a été disculpé par la victime, Pape Moussa Bèye, qui avait pourtant porté plainte dans cette affaire. Le tribunal l’a relaxé purement et simplement.
Boubacar Sow, gardien dans un immeuble à Dakar, a eu la chance d'être libéré, après avoir été trainé en justice par Pape Moussa Bèye, un occupant d'un appartement, dans ledit immeuble. Ce dernier l'a sauvé puisqu'il l'a disculpé à la barre du tribunal. La victime dit avoir subi un préjudice qu'il n'a pas estimé lors du cambriolage de son appartement. Pape Moussa Bèye a expliqué que le jour des faits, il a quitté son appartement vers 6h du matin pour ne revenir que vers 19h. Lorsqu'il est rentré, il a constaté que la porte était entrouverte et la serrure forcée, l'intérieur était pêle-mêle. Son armoire ainsi que les tiroirs ont été vidés. "Tous mes bijoux en or et en argent ont été volés. Je suis allé porter plainte. Ma voisine m'a dit qu'il y avait un gars qui était venu le jour des faits vers 12h et a sonné à son appartement. Après lui avoir ouvert la porte, il lui a demandé un certain Jean Marie. Mais ma colocataire lui a dit qu'elle ne connaissait pas une personne de ce nom qui habiterait là-bas", a relaté le plaignant devant le tribunal des flagrants délits de Dakar devant qui l'affaire a été jugée hier, vendredi.
Tout de même, Pape Moussa Bèye a disculpé le mis en cause Boubacar Sow. "Ma colocataire m'a aussi fait une description du type, mais cela ne correspondait pas à celle du gardien. Je confie que dans l'appartement, j'ai retrouvé des habits qui correspondent à la description que ma voisine m'a faite de l'individu qui avait sonné à sa porte. En plus, la dame connaît le gardien. Ce dernier assure la sécurité au niveau de l'immeuble où j'habite. J'ai quitté mon appartement à 6h-50mn comme d'habitude avant de revenir à 19h. Je ne sais pas l'heure à laquelle le vol a eu lieu. Le seul élément dont je dispose comme preuve, c'est le témoignage de ma voisine du nom de mère Gaye".
La victime a soutenu que certains bijoux qui sont volés sont ceux de sa femme. Il précise que ce sont des cadeaux qu'elle avait reçus, mais qu'il ne détenait pas par-devers lui les pièces justificatives.
Prévenu pour vol, le vigile Boubacar Sow a déclaré qu'il était de garde de 7h à 19h. "Il y a des livreurs qui viennent tout le temps là-bas. Ce jour-là, il y en a 4 qui sont venus faire des livraisons. Ces derniers, avant d'accéder à l'immeuble, déclinent toujours les noms des personnes qu'ils livrent", a-t-il renseigné. Mais sa relève a dit à la police que Boubacar Sow s'était absenté de son poste de garde au moment où elle est arrivée là-bas pour le suppléer.
Le parquet demande la relaxe
Avocat de Pape Moussa Bèye, Me Ousseynou Gaye a estimé que le prévenu a commis une faute civile qu'il faut retenir. Le conseil a demandé à cet effet au tribunal de réserver les intérêts civils de son client. Le procureur a pour sa part déclaré qu'il n'y a aucun élément objectif montrant que le prévenu est entré dans son appartement pour y soustraire ses biens. Le parquet poursuit en précisant qu'il n'y a pas non plus un témoin qui l'a vu entrer dans l'appartement de la victime pour voler. À la fin de ses observations, il a demandé la relaxe du prévenu parce qu'on leur a déféré une personne autre que celle qui a volé la victime. Abondant dans le même sens que le maître des poursuites, l'avocat de la défense, Me Mansour Ndiongue, a lui aussi infirmé l'existence d'éléments objectifs permettant la condamnation de son client. L'avocat qui a plaidé la relaxe pure de son client a été suivi par le tribunal.
Fatou D. DIONE