En visite dans les usines du secteur agro-alimentaire, le ministre Serigne Guèye Diop a décidé d’accompagner les acteurs pour faire passer la contribution du secteur industriel dz 24% à 35% du Pib dans les 10 prochaines années. Il a aussi annoncé que le gouvernement travaille à alléger les coûts de l’énergie pour les industriels. De leur côté, les acteurs ont fait part de leurs doléances pour mieux contribuer à l’atteinte de la souveraineté alimentaire.
Le ministre de l’Industrie et du Commerce Serigne Guèye Diop a rendu visite aux acteurs de l’industrie agro-alimentaire. Il s’agit de trois entreprises : Senfood, Senico et Sedima. Une occasion pour s’assurer, avec les industriels de la disponibilité de tous les produits alimentaires : de l’huile, du pain, des fruits et des légumes et de tout ce qui touche à l’alimentation ; pas seulement pour le Ramadan, mais pour toute l’année. Cependant, en dépit des efforts consentis par les industriels, il fait remarquer que l'industrie sénégalaise est encore très faible depuis 20 ans. A l’en croire, la contribution du secteur industriel ou encore le secteur secondaire dans le Pib tourne autour de 24%. Or, l’objectif du nouveau régime est de porter ce pourcentage à 35% du Pib dans les 10 ans à venir et à l'horizon 2050, dit-il, avoir un pays industrialisé où l’industrie occupe une part de 50 à 100% à l’image des grands pays. « Le Sénégal n’a pas vraiment soutenu l’industrie pendant ces quatre, cinq et six décennies. Le rôle de notre gouvernement est de soutenir l’industrie. Nous allons bientôt poser la première pierre de la zone industrielle de Touba qui sera le plus grand agropole avec 420 hectares », annonce Serigne Guèye Diop qui précise que l’industrie sera au cœur de la politique du plan Sénégal 2050. A l’en croire, avec l’agriculture et la distribution, le secteur peut générer plus d’un million d’emplois. L’autre secteur à booster, ajoute-t-il, c’est le commerce au sens moderne. A cet effet, il a décidé de travailler avec les industriels pour lancer 2000 boutiques de référence dans les 5 ans à venir. Par ailleurs, le ministre a rassuré les industriels dans la dynamique de souveraineté alimentaire que le gouvernement, avec l’avènement du pétrole et du gaz, travaille à alléger les coûts de l’énergie qui posent plus problèmes aux industriels.
Concurrence déloyale avec les produits importés subventionnés
A l’usine Senico, c’est le Directeur général adjoint, Latgrand Ndiaye qui est revenu sur les chiffres et les doléances de ce géant du privé. Senico, dit-il, c’est plus de 2000 emplois, 50 milliards d’investissements ces six dernières années et 50 milliards de projections d’investissement dans les cinq prochaines années. Poursuivant, il s’est félicité de la vision du gouvernement pour développer le secteur en mettant l’accent sur les acteurs de l’industrie locale et les produits locaux. « Quand on parle de souveraineté alimentaire, c’est produire par nous-mêmes nos produits, les transformer par des industries détenues principalement par des Sénégalais pour que la valeur ajoutée qui a été créée puisse rester au niveau national », s'est félicité le Dga qui précise que l’usine dispose d’assez de capacité en termes de de production d’huile raffinée pour satisfaire 50% des besoins du marché étant donné que la capacité de stockage en termes de d’huile brute dépasse, dit-il, les besoins du Sénégal. S’agissant de l’usine de pâte alimentaire qui, à l'en croire, est l’une des plus modernes au Sénégal créée en 2023 couvre une bonne partie de la production nationale avec des ambitions d’augmenter la capacité de production pour mieux satisfaire les besoins du marché. Il est également revenu sur les difficultés rencontrées dans le domaine de l’huile, dans le domaine des pâtes alimentaires du fait de la concurrence déloyale. A l’en croire, les produits de la concurrence viennent de l’étranger et sont subventionnés. Face à cette doléance du secteur, il rapporte que le ministre s’est engagé à protéger les industries locales en plus de les aider à se développer.
Les décisions visant à encadrer les prix des produits de base notamment la farine doivent être considérées avec une attention particulière
A la Sedima, la seule entreprise présente sur toute la chaîne de valeur est un leader dans la filière avicole et un acteur majeur dans la production de farine au Sénégal. La Sedima, c’est un investissement pour 62 milliards de chiffre d’affaires en 2024, 1500 emplois directs et 5000 emplois indirects, 30 millions de poussins par an, etc. « La disponibilité et l’accessibilité des produits de première nécessité deviennent des préoccupations majeures pour tous les ménages sénégalais. Cette responsabilité incombe à nous acteurs du secteur agro-industriel, mais elle interpelle également l'Etat dans sa mission de régulation et d'orientation stratégique », explique d’emblée Mme Seck, convaincue que le Sénégal peut et doit assurer sa souveraineté alimentaire et que les entreprises nationales ont un rôle fondamental à jouer dans cette ambition. Toutefois, elle ne pouvait taire les défis majeurs dont le secteur fait face et liés notamment aux facteurs exogènes telles que les tensions sur les marchés mondiaux, la volatilité des cours des matières premières, les perturbations logistiques liées aux crises géopolitiques freinent la capacité des professionnels du secteur à garantir un approvisionnement stable et accessible. A l’en croire, ces facteurs viennent grever lourdement les coûts de production et in fine impactent négativement le pouvoir d’achat des consommateurs. « Monsieur le ministre, dans ce contexte, les décisions visant à encadrer les prix des produits de base, notamment la farine, doivent être considérées avec une attention particulière afin de préserver l'équilibre fragile qui soutient toute la chaîne de production. Toute régulation doit s’inscrire dans une démarche équilibrée qui, tout en garantissant l’accessibilité des produits aux consommateurs, préserve également la visibilité et la viabilité des entreprises qui en assurent la production. Le monde évolue et avec lui, les attentes des consommateurs. Il nous faut anticiper, innover, moderniser nos infrastructures et améliorer nos rendements. La Sédima s’inscrit dans cette dynamique. Mais nous sommes conscients que pour aller plus loin, nous avons besoin d’un cadre réglementaire et fiscal incitatif qui soutient l’investissement productif et encourage la transformation locale. L’Etat du Sénégal et le secteur privé doivent travailler main dans la main », plaide Mme Seck. Ce qui permettra aux acteurs d’être des piliers solides de l’autosuffisance alimentaire.
Senfood, c’est 50 milliards d’investissement et 2000 emplois
Pour Cheikh Tidiane Sy Al Amin, Senfood, c’est un investissement de plus de 50 milliards pour 2000 emplois dont 500 emplois directs. L’usine est implantée sur trois sites et s’active dans le domaine de l’emballage plastique et de transformation de la tomate, de lait et des produits dérivés.
M. CISS