VIOLATIONS DES DROITS ET LIBERTES AU SENEGAL: Les partenaires expriment leurs inquiétudes, Amadou Ba dément et rassure




 
 
 
Sur les accusations portées contre le système de protection et de garantie des droits et libertés au Sénégal, à moins d’une année de l’élection présidentielle, le Premier ministre a balayé d’un revers de main ces allégations. De son côté, l’ambassadeur Jean Marc Pisani, pour le G50 et les partenaires, a appelé à maintenir un climat apaisé, propice au dialogue et à une participation politique pacifique et inclusive.
 
 
 
La rencontre avec le G50 et les partenaires techniques et financiers a été une occasion pour le Premier ministre Amadou Ba de faire une mise au point sur la situation politique dans notre pays. Et c’est pour recadrer le débat portant sur les accusations proférées à l’endroit du système de protection et de garantie des droits et libertés au Sénégal. « Très attaché aux valeurs de protection des droits de l’homme et de l’Etat de droit et œuvrant pour la promotion des droits et libertés tels que la liberté d’expression et la liberté de manifestation, notre pays veille quotidiennement à leur respect dans le cadre de l’application des lois et règlements en vigueur. Le cadre de protection autorise une intervention des autorités administratives, dans certaines circonstances, notamment dans les cas de risques de troubles à l’ordre public et d’insuffisance des effectifs des forces de défense et de sécurité pour encadrer les manifestations», fait d’emblée remarquer Amadou Ba, qui en veut pour preuve les statistiques relatives à l’exercice des libertés publiques. «En 2022, sur 4633 demandes de manifestation sur l’ensemble du territoire national, seules 136 ont été interdites, soit un taux de 2,98%», précise le chef du gouvernement.
 
 
Les cas d’arrestations sont liés à des délits de droit commun
 
 
Poursuivant, il révèle que les mesures d’interdiction ont toujours été motivées notamment par la nécessité de prévenir les risques de troubles à l’ordre public, de garantir la libre circulation des personnes et des biens sur les axes routiers stratégiques, et par l’exigence de garantir la sécurité des personnes et des biens. Pour mieux protéger les droits et libertés des citoyens, l’Etat du Sénégal, ajoute-t-il, a adopté la loi organique n°2017-09 du 17 janvier 2017 (…) modifiée par la loi organique n° 2022-16 du 23 mai 2022 qui a institué un juge des référés en matière administrative, juge de l’urgence, qui assure la protection des libertés fondamentales des citoyens. «Cela permet ainsi, concrètement, au requérant, quand par exemple l’autorité administrative compétente interdit une manifestation ou une réunion, de saisir dans les meilleurs délais le juge qui a l’obligation de se prononcer dans les quarante-huit-heures», explique le Premier ministre qui rappelle, dans la foulée, que les cas d’arrestations enregistrés sont liés à des délits de droit commun.
 
 
Jean Marc Pisani : «veiller à maintenir un climat un climat apaisé, propice au dialogue…»
 
Cependant, en dépit des gages données par le Premier ministre sur l’actualité politique, Jean Marc Pisani, qui a parlé au nom du G50 et des partenaires techniques et financiers, reste préoccupé par la situation politique au Sénégal. «Je ne saurais terminer sans vous faire part de l’attention avec laquelle les partenaires du Sénégal suivent les développements politiques et la montée des tensions à moins d’un an de la tenue des élections présidentielles. Le contexte est particulier et ces développements pourraient impacter la mise en œuvre effective des priorités économiques et sociales du gouvernement. Il nous paraît essentiel de veiller à maintenir un climat apaisé, propice au dialogue et à une participation politique pacifique et inclusive, qui soit à même de préserver les fondements de la stabilité et de la démocratie au Sénégal», indique l’ambassadeur de la Délégation de l’Union Européenne. Toutefois, il révèle que les partenaires sont engagés à poursuivre et à approfondir cette coopération afin de contribuer ensemble à la consolidation de la paix et au développement durable du Sénégal.
 
Moussa CISS
 
 
 
GREVE DES TRAVAILLEURS DE LA SANTE
Le G50 et les Ptf préoccupés par la transmission des données sanitaires
 
 
 
Dans son intervention, Jean Marc Pisani qui a porté la parole du G50 et des partenaires techniques et financiers (Ptf), s’est dit préoccupé par la grève des travailleurs de la santé qui, dit-il, est un domaine majeur de collaboration entre le gouvernement du Sénégal et beaucoup de partenaires au développement. «Nous aimerions faire part de notre préoccupation par rapport à la grève actuelle des travailleurs de la santé relative à la transmission de données sanitaires, qui pourrait impacter la surveillance adéquate de la situation sanitaire globale et des progrès réalisés dans le cadre de nos investissements conjoints dans ce secteur. Le manque de données pourrait en effet limiter la mesure des résultats de nos programmes et compromettre les investissements futurs dans ce secteur», déclare M. Pisani qui appelle au traitement diligent de cette situation pour un retour à la transmission active des données sanitaires.
Sur un autre registre, il invite le gouvernement à finaliser la politique migratoire du Sénégal. «Une proposition de Politique nationale de la migration existe depuis 2018, mais celle-ci reste, depuis lors, en attente de finalisation et d’adoption. Cette stratégie nationale devrait permettre, entre autres, de clarifier les rôles, moyens et responsabilités des différents acteurs sénégalais dans le domaine migratoire, et faciliterait la gestion et la gouvernance de la migration non seulement au niveau interne, mais aussi en termes de coopération internationale. Nous restons engagés à vous accompagner dans l’adoption de cette politique, ainsi que son plan d’action tel que planifié», rappelle l’ambassadeur de l’Union Européenne.
 
M. CISS
 
 
 
 
 
 
 
AMADOU BA DEFIE LE PRESEDENT DE PASTEF
«Le gouvernement ne tolérera pas l’apologie de la violence, de la désobéissance civile et de l’anarchie comme fondement d’un projet politique»
 
 
 
Malgré les craintes des partenaires techniques et financiers du Sénégal, le chef du gouvernement est resté droit dans ses bottes sur la situation politique au Sénégal. «Sur le plan politique, je puis vous assurer que le gouvernement assumera pleinement sa responsabilité à tout mettre en œuvre pour surmonter les différences, afin de cultiver le vivre ensemble et de préserver les périls qui font le malheur des peuples, le tout dans le respect de l’Etat de droit et des Institutions nationales», indique le Premier ministre qui rappelle la position tranchée de Macky Sall sur cette question. «Nul ne doit s’imaginer plus grand ou plus fort que cette nation qui nous abrite tous. Nous sommes parce que le Sénégal est», dit-il, avant de poursuivre : «si le Sénégal est resté un Etat fort, avec un seul peuple, un seul but, et une seule foi, rassemblé en tant que nation, c’est bien parce que nos anciens l’ont couvé et porté sur leurs épaules. Notre honneur, c’est d’en faire autant pour nos enfants, en consolidant chaque jour le pacte de bienséance, de solidarité et de fraternité humaine qui lie cette nation, génération après génération. Cette tâche incombe à tous les Sénégalais ; le gouvernement au premier chef. Nous continuerons donc d’y veiller de toutes nos forces, pour un Sénégal toujours uni, paisible, stable et prospère», précise Amadou Ba, avant de solder ses comptes avec le président de Pastef. «Le gouvernement ne tolérera pas l’apologie de la violence, de la désobéissance civile et de l’anarchie comme fondement d’un projet politique appelant ouvertement à défier l’autorité publique et à contester la légitimité d’un régime démocratiquement élu. Ces actes graves ne sauraient restés impunis», tranche Amadou Ba. S’agissant du volet économique, le chef du gouvernement s’est réjoui des excellents résultats économiques enregistrés par le Sénégal, malgré les crises multiformes auxquelles il fait face et n’a pas également manqué de remercier les partenaires au développement sur l’accompagnement d’un certain nombre de projets et programmes d’investissement tels que le Pudc, Brt, le Ter, etc.
 
M. CISS
 
 
 
AMADOU BA LORS DE LA RENCONTRE AVEC LE G50 ET LES PTF
«Les inquiétudes demeurent sur le démarrage effectif de la production des hydrocarbures en fin d’année 2023»
 
 
 
Le Sénégal devrait-il revoir ses projections de croissance économique pour l’année 2023 ? Tout porte à le croire. En effet, le Premier ministre, lors de la rencontre avec le G50 et les partenaires techniques et financiers, a fait part de son inquiétude sur le démarrage de l’exploitation pétrolière et gazière en fin 2023.
 
 
 
Lors de la rencontre avec le G50 et les partenaires techniques et financiers, le Premier ministre s’est félicité des avancées significatives enregistrées par notre pays sur le plan économique ces dernières années, grâce aux partenaires au développement à travers divers projets, programmes et appuis budgétaires. «Les chiffres en témoignent éloquemment avec plus de 6500 milliards de francs mobilisés durant la phase II du Plan Sénégal Emergent et 3000 milliards de francs qui sont en cours de mobilisation», lance Amadou Ba, persuadé qu’il reste beaucoup de défis à relever. «Nous sommes conscients que le développement durable ne peut être atteint qu'à travers une approche globale et inclusive. C'est pourquoi nous souhaitons renforcer notre partenariat avec vous en travaillant ensemble pour promouvoir la croissance économique, la création d'emplois, l'autonomisation des jeunes et des femmes, la protection de l’environnement, la gouvernance démocratique, la justice et la paix sociale. Je suis convaincu que, grâce à notre coopération renforcée, nous pourrons atteindre nos objectifs communs et assurer un avenir meilleur pour les générations présentes et futures», ajoute le Premier ministre. Poursuivant, il rappelle qu’en dépit d’une conjoncture économique marquée par des crises multiformes, notre pays continue à préserver les bases d’un cadre macroéconomique sain, comme en témoigne la dernière revue du Fmi au titre de l’Icpe, qui a permis de constater la résilience de l’économie sénégalaise. «En 2023, l’économie nationale devrait bénéficier du démarrage de l’exploitation pétrolière et gazière. Ainsi, elle devrait s’inscrire à la hausse avec une croissance projetée à 8,8% contre une estimation de 4,2% en 2022. Ce regain est en phase avec le dynamisme attendu dans le secteur secondaire, qui afficherait une progression record de 16,4% en liaison avec la performance du sous-secteur des extractives (+116,1%). Ce regain d’activités du sous-secteur extractif est essentiellement expliqué par l’intégration des productions de pétrole et gaz attendues respectivement à 10 millions de barils et 7 Tbtu. Toutefois, les inquiétudes demeurent sur le démarrage effectif de la production des hydrocarbures en fin d’année 2023. Les prévisions de croissance pourraient également faire l’objet d’une révision à la fin du premier semestre 2023 pour tenir compte de l’environnement international ; l’observation des six premiers mois de l’année ; et une meilleure appréciation de l’exploitation des hydrocarbures», explique le chef du gouvernement.
 
 
 
 
 
 
 
LES ECHOS

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