L’industriel et homme d’affaires français Vincent Bolloré est dans de sales draps. Le milliardaire, qui a fêté ses 66 ans en début de ce mois, est, en effet, entendu dans une enquête sur des soupçons de corruption autour de l’attribution de concessions portuaires à son groupe, au Togo et en Guinée. Au Sénégal, cette affaire sonne comme une victoire de Me Wade sur l’industriel et homme d’affaires français, qu’il avait «chassé» du pays en 2007.
L’affaire est d’une gravité extrême. En cela qu’il s’agit de l’histoire d’un particulier, quoique milliardaire qui, à travers une agence de communication qui lui est propre, est parvenu à faire accéder des chefs d’État à leurs postes actuels. Et ce sont les panafricanistes et autres organisations de lutte pour l’émancipation économique du continent qui vont sans doute se réjouir de la nouvelle. Ces militants de «l’Afrique aux Africains» qui ont toujours décrié la «mainmise» du puissant homme d’affaires français sur l’économie, notamment portuaire, de plusieurs pays d’Afrique francophone, semblent tenir leur revanche face à Vincent Bolloré. Et pour cause, l'industriel français a été placé en garde-à-vue, ce mardi 24 avril. Il est entendu dans le cadre d'une information judiciaire pour corruption.
Selon les médias français, Vincent Bolloré est interrogé par les policiers sur les conditions dans lesquelles son groupe a obtenu des concessions portuaires au Togo et en Guinée. Deux concessions qui auraient bien pu être attribuées par l'intermédiaire de son agence de communication Havas. Les magistrats soupçonnent les dirigeants du groupe d’avoir utilisé leur filiale de communication Havas pour faciliter l’arrivée au pouvoir de dirigeants africains, en assurant des missions de conseil et de communication sous-facturées. Et ce, dans un seul objectif : obtenir les concessions portuaires des lucratifs terminaux à conteneurs. Ils établissent en effet un parallèle entre la gestion des campagnes présidentielles en 2010 des Présidents guinéen Alpha Condé et togolais Faure Gnassingbé, à des prix dérisoires par Havas, et l’acquisition des droits portuaires par Bolloré Africa Logistics.
2 cadres de sa société gardés à vue
Aussi, plusieurs autres cadres du groupe étaient eux aussi en garde à vue ce mardi : le Directeur général du groupe Bolloré, Gilles Alix, et Jean-Philippe Dorent, responsable du pôle international de l’agence de communication Havas. Selon Challenges, Francis Perez, dirigeant du groupe Pefaco, a lui aussi été placé en garde-à-vue. Proche de Jean-Philippe Dorent, il est à la tête d’une entreprise qui développe des casinos et des hôtels en Afrique, notamment à Lomé. Les enquêteurs cherchent à savoir pour quelle raison, il a versé plusieurs centaines de milliers d’euros à M. Dorent.
Selon le journal Le Monde, de nombreux documents ont été saisis lors de perquisitions réalisées en avril 2016 au siège du groupe Bolloré à Puteaux (Hauts-de-Seine). Ils contiendraient des morceaux communs avec la thèse de la justice française sur la sous-facturation des campagnes présidentielles menées par Havas. Ceux-ci laissent apparaître les pratiques du groupe Bolloré au Togo et en Guinée et corroborent l’hypothèse d’une sous-facturation des prestations d’Havas au bénéfice des dirigeants de ces deux pays.
Le groupe dément, ses actions baissent de 8%
Il faut noter que cette garde-à-vue de M. Bolloré intervient une semaine à peine après que l’industriel breton a créé la surprise en cédant la présidence du conseil de surveillance de Vivendi à son fils Yannick, patron du groupe de publicité Havas.
Dans un communiqué publié en fin de matinée, le groupe Bolloré «dément formellement que sa filiale de l’époque SDV Afrique ait commis des irrégularités. Les prestations relatives à ces facturations ont été réalisées en toute transparence». Un démenti du puissant empire qui n’a pourtant pas pu limiter les dégâts. Puisque l’annonce de la garde-à-vue de Vincent Bolloré a fait plonger l’action du groupe à la Bourse de Paris : le titre perdait près de 8% peu après midi.
Chassé par Wade, Macky lui donne le terminal roulier 20 mois après son élection
Vue depuis le Sénégal, «ce début de déchéance» du puissant homme d’affaires français apparaît comme une «belle victoire» de l’ancien Président Abdoulaye Wade. Le prédécesseur de Macky Sall avait, en effet, «chassé» le groupe français du Sénégal en 2007, suite à l’octroi du terminal à conteneurs du Port autonome de Dakar à la société émiratie Dubaï Port World. En effet, c’est en novembre 2013, soit un an et six mois après l’élection de Macky Sall, que le groupe Bolloré a fait son retour au Sénégal, à travers une concession portuaire de 25 ans pour le terminal roulier (terminal dédié aux véhicules roulants) pour la somme de 64 milliards de francs Cfa, la durée de la concession.
Sidy Djimby NDAO
L’affaire est d’une gravité extrême. En cela qu’il s’agit de l’histoire d’un particulier, quoique milliardaire qui, à travers une agence de communication qui lui est propre, est parvenu à faire accéder des chefs d’État à leurs postes actuels. Et ce sont les panafricanistes et autres organisations de lutte pour l’émancipation économique du continent qui vont sans doute se réjouir de la nouvelle. Ces militants de «l’Afrique aux Africains» qui ont toujours décrié la «mainmise» du puissant homme d’affaires français sur l’économie, notamment portuaire, de plusieurs pays d’Afrique francophone, semblent tenir leur revanche face à Vincent Bolloré. Et pour cause, l'industriel français a été placé en garde-à-vue, ce mardi 24 avril. Il est entendu dans le cadre d'une information judiciaire pour corruption.
Selon les médias français, Vincent Bolloré est interrogé par les policiers sur les conditions dans lesquelles son groupe a obtenu des concessions portuaires au Togo et en Guinée. Deux concessions qui auraient bien pu être attribuées par l'intermédiaire de son agence de communication Havas. Les magistrats soupçonnent les dirigeants du groupe d’avoir utilisé leur filiale de communication Havas pour faciliter l’arrivée au pouvoir de dirigeants africains, en assurant des missions de conseil et de communication sous-facturées. Et ce, dans un seul objectif : obtenir les concessions portuaires des lucratifs terminaux à conteneurs. Ils établissent en effet un parallèle entre la gestion des campagnes présidentielles en 2010 des Présidents guinéen Alpha Condé et togolais Faure Gnassingbé, à des prix dérisoires par Havas, et l’acquisition des droits portuaires par Bolloré Africa Logistics.
2 cadres de sa société gardés à vue
Aussi, plusieurs autres cadres du groupe étaient eux aussi en garde à vue ce mardi : le Directeur général du groupe Bolloré, Gilles Alix, et Jean-Philippe Dorent, responsable du pôle international de l’agence de communication Havas. Selon Challenges, Francis Perez, dirigeant du groupe Pefaco, a lui aussi été placé en garde-à-vue. Proche de Jean-Philippe Dorent, il est à la tête d’une entreprise qui développe des casinos et des hôtels en Afrique, notamment à Lomé. Les enquêteurs cherchent à savoir pour quelle raison, il a versé plusieurs centaines de milliers d’euros à M. Dorent.
Selon le journal Le Monde, de nombreux documents ont été saisis lors de perquisitions réalisées en avril 2016 au siège du groupe Bolloré à Puteaux (Hauts-de-Seine). Ils contiendraient des morceaux communs avec la thèse de la justice française sur la sous-facturation des campagnes présidentielles menées par Havas. Ceux-ci laissent apparaître les pratiques du groupe Bolloré au Togo et en Guinée et corroborent l’hypothèse d’une sous-facturation des prestations d’Havas au bénéfice des dirigeants de ces deux pays.
Le groupe dément, ses actions baissent de 8%
Il faut noter que cette garde-à-vue de M. Bolloré intervient une semaine à peine après que l’industriel breton a créé la surprise en cédant la présidence du conseil de surveillance de Vivendi à son fils Yannick, patron du groupe de publicité Havas.
Dans un communiqué publié en fin de matinée, le groupe Bolloré «dément formellement que sa filiale de l’époque SDV Afrique ait commis des irrégularités. Les prestations relatives à ces facturations ont été réalisées en toute transparence». Un démenti du puissant empire qui n’a pourtant pas pu limiter les dégâts. Puisque l’annonce de la garde-à-vue de Vincent Bolloré a fait plonger l’action du groupe à la Bourse de Paris : le titre perdait près de 8% peu après midi.
Chassé par Wade, Macky lui donne le terminal roulier 20 mois après son élection
Vue depuis le Sénégal, «ce début de déchéance» du puissant homme d’affaires français apparaît comme une «belle victoire» de l’ancien Président Abdoulaye Wade. Le prédécesseur de Macky Sall avait, en effet, «chassé» le groupe français du Sénégal en 2007, suite à l’octroi du terminal à conteneurs du Port autonome de Dakar à la société émiratie Dubaï Port World. En effet, c’est en novembre 2013, soit un an et six mois après l’élection de Macky Sall, que le groupe Bolloré a fait son retour au Sénégal, à travers une concession portuaire de 25 ans pour le terminal roulier (terminal dédié aux véhicules roulants) pour la somme de 64 milliards de francs Cfa, la durée de la concession.
Sidy Djimby NDAO