VIE EN SOCIETE, POLITIQUE, RELATIONS ENTRE CONFRERIES, MONDE MUSULMAN: le sermon historique de Serigne Mountakha Mbacké



 
La cérémonie officielle du grand Magal a été hier l’occasion, pour le Khalife général des Mourides, de tenir un langage de vérité à la classe politique, qui excelle dans le langage guerrier, le culte de la division et de l’animosité. Serigne Mountakha Mbacké, qui a aussi invité à l’abandon des mondanités et de la déperdition des valeurs et mœurs, a, en outre, demandé aux musulmans de ne plus mettre en épingle leurs petites différences, mais de toujours privilégier leurs points communs.
 
 
 
 
 
Il les a appelés à éviter de s’engager dans tout ce qui crée la division, l’adversité et l’animosité entre les populations. «A vous qui vous activez dans la politique, je vous rappelle qu’il faut éviter toute forme de politique qui divise les gens, qui crée de l’adversité et l’animosité entre eux», a déclaré Serigne Mountakha, par la voix de son porte-parole. Soulignant que «celui qui aspire à diriger un pays doit d’abord veiller à ce que sa quête (du pouvoir) se fasse de la plus belle des manières», le guide de la communauté mouride d’ajouter : «que chacun évite de dire, de faire, ou regarder quelqu’un d’autre faire ou dire tout ce qui peut créer des tensions, des heurts. Car, les conséquences ne se limiteront pas seulement à celui qui crée des tensions ou des heurts, mais pourront affecter tout le monde».
 
 
 
«Le plus grave dans une société, c‘est de voir de gros gaillards qui n’ont aucun métier, pas de travail, et qui vivent en parasites»
 
 
 
Serigne Mountakha a également demandé aux autorités, et à la classe politique de manière générale, d’éviter de verser dans les jouissances futiles et la corruption des mœurs, dans la gestion des affaires de l’Etat. «Si on pervertit les valeurs, on égare les gens et on compromet leur avenir. (…). Qu’on évite les mondanités et la déperdition des valeurs», soutient le Khalife. Qui est d’autant plus insistant dans sa recommandation que, note-t-il, «un pays ne se construit pas dans la mondanité, la déperdition des valeurs, mais dans l’éducation, la formation et le travail». En ce sens, il rappelle que Serigne Touba, Cheikh Ahmadou Bamba disait toujours que «le plus grave dans une société, c‘est de voir de gros gaillards qui n’ont aucun métier, pas de travail, et qui vivent en parasites».
 
 
 
«Celui qui n’est pas droit ne peut rectifier personne ; celui qui s’est égaré ne peut ramener personne sur le droit chemin»
 
 
Rappelant que Dieu à choisi l’être humain pour être son représentant sur terre, la Khalife affirme que «chacun, quel que soit son niveau de responsabilité, doit se mobiliser pour ce qui fait avancer son pays». Mais, pour lui, il y a des préalables à cela : être juste, droit, éduqué, formé et avoir le sens du travail. «Celui qui n’est pas droit ne peut rectifier personne ; celui qui s’est égaré ne peut ramener personne sur le droit chemin ; celui qui ne travaille pas, ne pourra rien faire pour lui-même, à plus forte raison participer au développement de son pays», dit-il.
 
 
«Qu’on mette en avant les choses qui nous unissent, en tant que musulmans, et qui sont de loin plus nombreux que celles qui nous divisent…»
 
Les piques qu’on se lance entre membres de tarikhas ou d’obédiences religieuses ne sont pas du goût de Serigne Mountakha Mbacké. Le marabout a invité à l’unité autour de l’essentiel et au respect par chacun des convictions particulières de l’autre. «Nous avons en commun l’Islam, nous devons nous mobiliser tous pour le protéger contre toutes les menaces. Qu’on évite tout ce qui peut nous diviser entre musulmans. Qu’on mette en avant les choses qui nous unissent, en tant que musulmans, et qui sont de loin plus nombreux que celles qui nous divisent. Que chacun croit en ce qu’il croit et laisse aussi à son prochain le droit et la liberté de croire en ce qu’il pense être meilleur pour lui», a prêché le patriarche de Touba. Qui est convaincu que si tous les musulmans s’unissent «autour de l’essentiel qui est l’Islam», ses détracteurs n’oseront plus l’attaquer.
 
 
Mbaye THIANDOUM

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