VICTIMES DES EMEUTES DE MARS DERNIER Les gérants des stations-service dénoncent le mutisme de l’Etat et déballent contre la tutelle



Ibrahima Fall et ses camarades de l’Association des gérants de station-service du Sénégal, victimes des évènements de mars dernier, ne sont pas du tout contents et ils n’ont pas fait la fine bouche pour le faire savoir. En conférence de presse, après plusieurs mois d’attente de voir l’Etat leur venir en aide, le secrétaire général de l’association, en présence de ses autres camarades, dit que rien de ce qui leur a été annoncé n’a été respecté. Ils ont été patriotes jusqu’au bout, en maintenant le personnel de ces stations-service saccagées et pillées afin qu’il ne soit pas en chômage, mais ça commence à être difficile et «l’assurance ne prend pas en charge les émeutes».
 
L’Association des gérants de stations-service du Sénégal, en conférence de presse, hier, a dit toute son indignation, par rapport à la situation que vivent ses membres face au mutisme des autorités étatiques depuis les évènements de mars dernier. Que ce soit leur ministre de tutelle, Mme Sophie Gladima, ministre du Pétrole et des Energies, et celui du Commerce ou un autre du gouvernement, personne ne s’émeut de leur situation, ont-ils indiqué.
Ils dénoncent en effet les lenteurs notées dans le traitement de leur dossier après avoir été victimes du saccage et du pillage de leurs biens. Certains menacent même de fermer boutique si les autorités étatiques ne se bougent pas. Selon eux, depuis le semblant de réunion qui a été tenu avec les autorités, rien n’a bougé dans ce dossier. «Des constats d’huissier ont été déposés, l’évaluation des stocks a été faite. Tout a été remis au ministère du Commerce. Nous ne comprenons pas pourquoi, depuis lors, il n’y a pas eu de réaction par rapport à cette situation. C’est inadmissible que des Sénégalais bon teint puissent mettre leur argent dans des stations et qu’elles soient saccagées par des Sénégalais et qu’on ne puisse pas faire un geste», ont-ils pesté.
Ils ajoutent qu’ils ont été reçus par le ministre du Pétrole avec l’ensemble des compagnies pétrolières. Que le ministre du Commerce aussi les a reçus avec son équipe et leur a même demandé de produire des dossiers de constat d’huissier et d’évaluation des dégâts. Mais depuis, rien n’a bougé. Ibrahima Fall signale que l’Etat du Sénégal est garant des personnes et des biens. Et l’assurance ne prend pas en charge les émeutes. Ils demandent aide et soutien à l’Etat.«Nous sommes des Sénégalais. Nous sommes des citoyens et on nous doit cela. Nous avons été patriotes jusqu’au bout, en maintenant le personnel de ces stations-service saccagées et pillées afin qu’il ne soit pas en chômage», a-t-il laissé entendre.
 
 
 
55 stations-service saccagées et pillées pour des pertes évaluées à environ 1 milliard 100 millions de francs Cfa
 
 
A ses dires, ce sont 45 stations Total, huit stations Vivo, une station Ola et une station Puma qui ont été saccagées et pillées par les manifestants lors des évènements de mars dernier ; et les pertes sont estimées à 1 milliard 100 millions de francs Cfa. Et tous les gérants de ces stations-service sont presque au chômage, sans compter le personnel qui tourne autour de 454 agents.
 
Baye Modou SARR
 
 
LES ECHOS

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