VENT D’APAISEMENT A L’HEMICYCLE POUR CLOTURER LA SESSION BUDGETAIRE: Quand députés de la majorité et de l’opposition s’élèvent au-dessus des considérations partisanes



 
Les rideaux sont tombés sur la session budgétaire avec l’adoption du budget du ministère des Finances et du Budget. Contrairement aux autres ministères, un vent d’apaisement a soufflé à l’hémicycle et les invectives et autres attaques verbales violentes ont cédé la place aux remerciements et aux hommages. Une façon de s’ériger contre toute posture partisane pour l’intérêt du Sénégal.
 
 
 
Si les débats ont été houleux entre députés de la majorité et de l’opposition durant toute la session parlementaire, le dernier jour de ce marathon budgétaire, coïncidant au vote du budget du ministère des Finances et du Budget, a été une exception. En effet, les ardeurs des députés ont été adoucies lors de ce clap de fin qui coïncide d’ailleurs à la dernière session parlementaire de cette XIIIe législature. Et, ce fut une profusion de remerciements et d’hommages à l’endroit du président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, de son secrétaire général, du ministre des Finances et du Budget, mais aussi à l’endroit du Directeur du Budget. Mame Diarra Fam a montré la voie et la majorité des intervenants s’est inscrite dans cette logique. C’est le cas de Aïda Mbodj qui a salué l’endurance du ministre des Finances et du Budget, avant de rendre hommage au Directeur général du Budget pour la fidélité dans la restitution. Poursuivant, elle a décidé de voter le budget du ministre eu égard à la satisfaction des performances réalisées post-crise Covid-19. «On ne pensait pas atteindre un taux de croissance de 5% en 2021», admet Aïda Mbodj. Toutefois, elle a décidé d’opposer son véto à l’adoption du budget des dépenses communes. Une position qu’elle justifie par la gestion clanique de la Der dont fait montre son administrateur dans le département de Bambey. Elle est également revenue sur la sommation interpellative servie au patron de la Der qui, dit-elle, n’a toujours pas répondu après avoir annoncé le financement des femmes (1000 femmes) du parti de la lionne du Baol.  1000 femmes dans ce département. Une affaire qu’elle a décidée de tirer au clair.
 
Vent d’apaisement à l’hémicycle
 
Le député de la diaspora, Nango Seck inscrit ces interventions parfois musclées sur le compte de l’amour qu’il porte pour son pays. Souvent accusé d’être un policier radié, il a fièrement arboré cette casquette. Mieux, il a rappelé que sa radiation a été votée à l’Assemblée, une institution qu’il dit intégrer par la grande porte. «Durant la session, il y a eu beaucoup d’interpellations parfois de façon dure, mais on devra retenir une seule chose, ces positions se justifient par l’amour que nous avons pour le Sénégal, aussi bien pour le pouvoir que l’opposition», a indiqué Toussaint Manga, avant d’inviter le gouvernement à faire de la Santé et l’Education ses priorités ; en renforçant les investissements en infrastructures pour la santé, mais aussi de revoir les conditions de travail du personnel de santé, notamment en ce qui concerne la revalorisation salariale. S’agissant de l’éducation, il invite le gouvernement à apporter des solutions aux revendications des syndicats pour une année scolaire apaisée. «L’atmosphère qui a prévalu prouve à suffisance, même si on n’est pas capable d’avoir des consensus, que nous avons pu montrer à la face du monde que nous sommes capables de dessiner un consensus fort pour le Sénégal qui nous est cher», a révélé Pape Sagna Mbaye. Les frères Abdou Mbacké et Cheikh Abdou Bara Mbacké, jadis très virulents, se sont également inscrits dans cette dynamique d’apaisement à quelques mois de la fin de cette législature. Le président du Groupe Liberté et Démocratie n’a cependant pas manqué de faire remarquer : «M. le Ministre, dites au Président que le peuple est fatigué, que les paysans n’arrivent pas à écouler leurs récoltes d’arachide, qu’il doit soutenir les jeunes au chômage, qu’il doit revoir les licences de pêche … ». Idem pour Mamadou Diop Decroix qui a magnifié la posture de Abdoulaye Daouda Diallo qui, dit-il, ne polémique pas avec les députés. Il a aussi annoncé qu’il ne fera pas partie de la prochaine législature.
 
Le budget augmente, la dette aussi ; c’est certainement proche de 70% du Pib
 
Cependant, même si le député de Tekki, Mamadou Lamine Diallo, s’est confondu en remerciements à l’entame de son discours pour les efforts consentis par le ministre des Finances pour solder la dette des ex-travailleurs d’Air Afrique, il annonce qu’il ne peut pas voter le budget du fait des irrégularités relevées. Il en veut pour preuve le budget de l’Assemblée nationale qui, dit-il, doit être examiné en commission. «Ce n’est pas le cas et je vais continuer à le dénoncer jusqu’à ce qu’on respecte le règlement intérieur de l’Assemblée nationale», explique-t-il, avant de dénoncer le comportement de la Commission comptabilité et contrôle qui, de l’avis du député, n’a pas jusqu’ici regardé les dépenses, encore moins fait de rapport au président de l’Assemblée nationale. «Vous nous dites, à chaque fois, qu’on a battu des records de budget. Ce qui est normal puisque le budget augmente, mais la dette augmente aussi. Si on prend l’endettement du Sénégal, plus les arriérés que vous cachez, c’est certainement proche de 70% du Pib, beaucoup plus que les recettes budgétaires», fait noter Mamadou Lamine Diallo. Poursuivant, Le leader de Tekki demande à Abdoulaye Daouda Diallo de «prier et de sortir des bœufs pour que le prix du pétrole n’augmente pas, parce que ça risque d’être très difficile pour les Sénégalais», dit-il. En outre, il s’est en phase avec le ministre des Finances qui a reconnu que l’Economie du Sénégal est extravertie. Ce qui lui fait dire que le Sénégal ne pourra s’en sortir qu’à travers l’industrialisation planifiée. «Cela nous permettra de sortir du chômage massif. Ces petits financements de Der ne nous mène nulle part. Ils ne font qu’accumuler des dettes auprès des populations», ajoute le député.
 
M. CISS
 
 
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