Les universités sénégalaises vont bientôt renouer avec les perturbations. Le Syndicat autonome de l'enseignement supérieur (Saes) a décrété, hier, un mot d’ordre de grève 48h à compter du lundi 3 décembre 2018. Le Saes l’a fait à travers une déclaration rendue publique sous le titre «Situation dans les universités publiques du Sénégal» et axée sur cinq points.
Le Syndicat autonome de l'enseignement supérieur est très amer. Au banc des accusés : la Primature, le ministère de l’Économie, des Finances et du Plan (Mefp) et le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (Mesri).
Dans un communiqué, le syndicat d’enseignants constate avec regret la fermeture ou les menaces de fermeture de la quasi-totalité des restaurants universitaires. Face à cette situation, le Saes met la Primature, le Mefp et le Mesri devant leurs responsabilités.
S’il en est ainsi, c’est que, estiment les syndicalistes, «le Mesri n’a pas fait preuve d’anticipation» et que le Mefp, de son côté, continue de poser des actes qui finiront par anéantir tous les efforts consentis pour un espace universitaire apaisé. «La Primature n’a pas organisé de Conseil interministériel préparatif de la rentrée universitaire, ce qui aurait permis de mettre toutes ces questions à plat et trouver une solution dans le cadre de la solidarité gouvernementale», ajoutent-ils. Avant de s’attaquer à leurs revendications syndicales.
Sabotage de l’enseignement supérieur par le Ministère des Finances
À ce propos, ils dénoncent le non-respect du protocole d’accord Saes-gouvernement du 15 mars 2018. Sur ce point, ils notent le refus par le Trésor Public de respecter les engagements du gouvernement dans le protocole d’accord. «Le Saes condamne ce sabotage continu de l’enseignement supérieur par le Mefp et tient le gouvernement pour responsable des perturbations de l’espace universitaire qui découleront du sabordage du protocole d’accord conclu avec le Saes en mars 2018».
Le Saes assure prêt à répondre «énergiquement» à «l’appel au combat»
Poursuivant, les syndicalistes de l’enseignement supérieur dénoncent la violation de l’autonomie financière des universités. En effet, selon eux, l’application aveugle, par le Mefp, des clauses du programme «Sica-star», conclu avec le Fmi, constitue une violation de l’autonomie financière des universités publiques. «L’Université Assane Seck de Ziguinchor (Uasz) étant le laboratoire d’essai en souffre terriblement», révèlent-ils. Et d’expliquer que par cette mesure, tous les fonds destinés à l’Uasz sont centralisés sur le compte unique du Trésor public et l’intégralité des dépenses de l’Uasz soumise à l’arbitrage du Mefp, dont ils dénoncent l’ignorance à situer les priorités des universités. Alors qu’à Thiès, relèvent-ils, le refus de l’Agent comptable particulier (Acp) de remettre des documents comptables au Recteur soulève la colère des syndicalistes.
Aussi, le Saes assure qu’il répondra «énergiquement» à «l’appel au combat… enclenché contre le bon fonctionnement des universités du Sénégal». Ainsi, décrète-t-il, «après plusieurs alertes depuis juillet 2018» un mot d’ordre de grève de 48 heures les lundi 3 et mardi 4 décembre 2018.
Sidy Djimby NDAO