UNE MAGISTRATE A LA RETRAITE TRADUIT "SA FILLE" DEVANT LA BARRE : Fatimatou Ba l'accuse d'avoir volé près de 46 millions et 5 kg d'or, le fruit de son travail de 40 ans




 
 
Pour des faits d'abus de confiance, l’ancienne magistrate Fatimatou Ba a traduit sa fille Farma Bigué Ndao devant le tribunal des flagrants délits de Dakar où elle a été jugée hier, lundi. Elle l'accuse de lui avoir volé près de 46 millions et 5 kg d'or qu'elle lui avait confiés depuis 2017 quand elle allait au Canada.
 
 
Pour quelqu'un qui a travaillé pendant 40 ans pour amasser cette fortune et des kilos d'or, Fatimatou Ba n'arrive toujours pas à se faire à l'idée que le fruit de son dur labeur s'est banalement volatilisé. Magistrate à la retraite, elle a perdu la somme de 70.000 euros, (près de 46 millions) et 5kg d'or. C'est Farma Bigué Ndao, fille de son amie et qu’elle considérait elle-même comme sa fille, qu'elle accuse de lui avoir volé tous ses biens. L’ancienne magistrate, en se rendant en 2017 au Canada où elle réside, lui a confié deux sacs contenant des devises à hauteur de 70.000 euros et un seau contenant des bijoux.
Et chaque fois qu’elle lui demandait ses biens, Farma Bigué Ndao n'a pas été capable de les rendre à sa propriétaire. Pire, un jour, la demoiselle lui rétorque n’avoir jamais reçu une telle valeur de ses mains. Surprise, la magistrate porte plainte contre elle pour des faits d'abus de confiance.
Devant le tribunal des flagrants délits de Dakar hier, elle a encore contesté. Elle reconnaît avoir juste reçu des mains de la victime deux sacs dont l’un de marque Louis Vuitton, un autre en pagne tissé et un seau scotché dont elle dit ignorer le contenu. Toujours pour se disculper, la prévenue a déclaré avoir perdu ces sacs au cours de ses déménagements puisqu'elle a changé de lieu d’habitation à deux reprises entre 2018 et 2021.
 
 
La partie civile réclame 300 millions F Cfa de dommages et intérêts
 
 
Des explications qui n’ont pas convaincu les conseils de la partie civile qui ont déclaré que la prévenue n’ignorait pas les contenus des sacs et du seau. Selon eux, Farma Bigué Ndao avait promis à leur cliente de garder soigneusement ses biens dans le coffre de sa défunte mère. Me Papa Leyti Ndiaye trouve que c’est une histoire d’amour qui se termine mal. "Si ma cliente avait le mauvais rôle dans cette affaire, elle n’aurait pas choisi de saisir la justice. Quand vous faites 40 ans dans la magistrature et êtes l’épouse d’un homme qui a dirigé une multinationale pendant 20 ans, vous avez le droit de vous offrir des bijoux de cette valeur. Cet argent, ces bijoux, sont le fruit de son dur labeur. Elle a choisi de confier ses biens à cette dame parce qu’elle avait confiance en elle", a-t-il révélé. Me Arona Basse renchérit : "c’est 40 ans de vie qui ont été consignés dans ces objets de valeur dilapidés par la prévenue". Me Pascal Gomis qui réclame pour le compte de sa cliente la somme de 300 millions F Cfa de dommages et intérêts d'ajouter : "elle reconnaît avoir reçu ces objets. Même si elle déclare ne pas savoir ce que contenaient ces sacs. Elle soutient qu’elle ne détient pas de coffre en croyant que l’inexistence de ce coffre pourrait la disculper. Ma cliente croit qu’elle a gardé ses biens dans ce coffre. Elle l’a dit, car elle n’ignore pas l’existence de ce coffre".
 
Les avocats de la défense démontent la partie civile
 
 
Dans sa réquisition, le parquet a requis l’application de la loi contre Farma Bigué Ndao. Les avocats de la défense, quant à eux, ont remis en cause l'origine de la fortune de cette magistrate qui a servi pendant 40 ans. Ces robes noires ont aussi soutenu qu’elle est l’épouse d’un homme qui a dirigé une multinationale pendant près de 20 ans. Sur ce, la défense a plaidé la relaxe pure et simple de leur cliente Farma Bigué Ndao et à titre subsidiaire sa relaxe au bénéfice du doute. "Rien n’empêchait ma cliente de nier les remises car il n’y a pas de décharge encore moins de témoin. Elle a avoué avoir reçu deux sacs et un seau. Elle dit qu’elle ne connaît pas le contenu car n’étant pas révélé", dira Me Souleymane Soumaré. Me Dionwar Soumaré, pour disculper la mise en cause, a indiqué que la famille de la prévenue est cent fois plus aisée que celle de la magistrate. Mes Moussa Sarr et El Hadji Amadou Sall, de leur côté, ont demandé pourquoi la plaignante qui était magistrate, donc très avisée, n’a pas déposé ses richesses à la banque. "Elle savait que garder des devises d’une telle valeur chez elle est réprimé par la loi. En plus, elle a fait de ma cliente sa complice dans ce délit", a plaidé Me Sall. Délibéré au 27 mai 2024.
 
Fatou D. DIONE
 
 
 
LES ECHOS

Dans la même rubrique :