UN PRO-SONKO INCITAIT LES JEUNES À NEUTRALISER LES JUGES AMATH SY ET YAKHAM KEITA LORS DU PROCÈS DE OUSMANE SONKO ET MAME MBAYE NIANG:Bécaye Diouf regrette son acte à la barre, présente des excuses et demande la liberté provisoire, le juge et le proc




 
 
 
Interpellé lors du procès entre Mame Mbaye Niang et de Ousmane Sonko, au moment où il appelait les jeunes à travers les réseaux sociaux à neutraliser les juges Amath Sy et Yakham Keita, le pro-Sonko, Bécaye Diouf a passé 9 mois de détention préventive. Ce commerçant qui a été jugé hier jeudi 15 février 2024 pour collecte illicite et diffusion d’images à caractère personnel, actes et manœuvres de nature à compromettre la sécurité publique, a présenté ses excuses au tribunal qui l'a sévèrement rabroué.
 
 
 
"Si on m'accorde la liberté provisoire, je vais tout arrêter", tels sont les propos de Bécaye Diouf qui a été jugé hier devant le tribunal correctionnel de Dakar, après avoir passé 9 mois en détention préventive. Commerçant de son état, Bécaye Diouf est poursuivi pour des faits de collecte illicite et diffusion d’images à caractère personnel, actes et manœuvres de nature à compromettre la sécurité publique. Ce jeune, lors du procès pour diffamation qui opposait Ousmane Sonko à Mame Mbaye Niang en mai 2023, avait collecté les photos des juges Yakham Keita et Amath Sy qu'il a par la suite publiées. Hélas, il ne s'est pas arrêté là, car il a incité les jeunes à attenter à la vie de ces magistrats dans cette période où le pays était plongé dans un chaos total. Arrêté, un téléphone de marque Samsung A S2 a été saisi par-devers Bécaye Diouf. Toutefois, les photos de ces juges et d'autres écrits incriminés ont été retrouvés dans ledit portable. Ce jeune, après avoir été placé sous mandat de dépôt pendant 9 mois, a fait face au juge hier.
Interrogé, il a depuis l'enquête jusqu'à la barre reconnu avoir collecté puis diffusé les photos. Et dans les messages d'incitation à la jeunesse à s'attaquer à ces gens-là, Bécaye Diouf disait : "le juge Yakham Keita est un individu dangereux. C'est un bandit. Il faut aller le neutraliser". À la lecture de ces écrits, le juge lui demande s'il connaissait ces magistrats. Bécaye Diouf lui rétorque : "j'avoue que ce ne sont pas mes écrits. J'ai juste partagé une information que j’ai reçue". Le tribunal lui demande s'il connaissait ces magistrats. Il soutient : "je connais ces juges à travers la presse. Ces écritures proviennent d'un autre groupe où j'ai adhéré et non de moi. J'ai juste partagé la photo du juge que j'ai vue dans Le groupe "patriote debout" de Rufisque et dans lequel je suis membre pour la montrer aux autres. C'était pour montrer aux autres le juge qui a jugé Ousmane Sonko. J'étais juste animé par la curiosité et c'est pour cela que j'ai partagé cette photo. Et je regrette cela parce que ça fait 9 mois que je suis en prison", a confessé ce prévenu qui s'est amendé et qui a présenté ses plates excuses au tribunal.
Le président de l'audience poursuit toujours en ce qui concerne les publications incriminées de Bécaye Diouf qu'il avait faites dans le groupe "Pastef Debout" de Rufisque Nord. Niant tout en bloc à la barre, il avait dit : "Sonko ou la mort de tous les membres du gouvernement. Le combat c’est aller bruler la maison des leaders. Si on réussit cette étape, le problème sera réglé. (Daniou wara dëgël sunu bopp). Tocc Auchan ak station yi, naan boissons yi. Les Français vont demander à Macky Sall de dégager". Le juge lui a fait savoir s'il trouvait cela normal de rester cloîtré chez lui muni de son téléphone et inciter les gens à sortir manifester. Le prévenu ajoute : "je n'ai incité personne à sortir manifester. Si on m'accorde la liberté provisoire, je vais tout arrêter. Je regrette ce qui s'est passé puisque c'est une erreur". Mais les excuses de Bécaye Diouf n'ont pas empêché le juge de lui tenir un langage de vérité. Ainsi en lui remontant les bretelles, il lui dit : "tu ne connais rien. Vous ne connaissez pas le contenu des termes que vous utilisez. C'est de l'anarchie ce que vous faites et non de la politique. Pour faire de la politique, il faut être intelligent. Il faut te limiter à tes activités de commerçant. Tu as tes enfants chez toi et tu partages les photos des autres. Depuis tout à l'heure, je te laisse parler, mais tu ne mesures pas la gravité des faits. Tu ne connais pas les juges Amath Sy et Yakham Keita. Tu appelles pour qu'on les attaque. Ils sont mieux que toi".
Le procureur aussi après l'avoir sermonné a requis contre lui 2 ans de prison dont 6 mois ferme. "Pour le contexte de l'époque, les faits étaient graves parce qu'il a exposé autrui. Ces personnes étaient ciblées. C'est des choses à bannir. Il est commerçant et il ne connaît rien de la politique. Ce qu'il faisait, c'était de la propagande. Les juges n'ont pas peur. C'est de la lâcheté en se cachant derrière son clavier et dire que cette personne est un individu dangereux et qu'il faudra la neutraliser", a relevé le parquet. Le conseil de la défense, Me Babacar Ndiaye, a plaidé la clémence à l'endroit de son client avant que le tribunal ne fixe le délibéré pour le 21 mars prochain.
 
Fatou D. DIONE
 
 
 
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